Des revenus «en deçà du seuil de pauvreté régional» caractérisent le monde rural sénégalais, selon une étude sur le sujet. L’enquête incrimine notamment la libéralisation de l’économie agricole à partir des années 1979-1980 (désengagement de l’Etat, libéralisation des marchés agricoles et privatisation des institutions intervenant dans les filières agricoles).
Le monde rural sénégalais est caractérisé par «une grande pauvreté». C’est ce que souligne l’étude sur les «Evolutions des économies rurales et impacts des politiques de libéralisation sur l’agriculture et le monde rural au Sénégal : 1950-2010». Présentée hier à Dakar par l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar), l’étude a été menée dans le cadre du programme «RuralStruc», initiée conjointement par la Banque mondiale, la coopération française (Afd) et le Fonds international pour le développement agricole (Fida).
Selon l’enquête, la quasi-totalité des ménages du pays vit encore de l’agriculture, mais celle-ci génère des revenus très faibles pour un grand nombre d’entre eux. Les experts précisent que les revenus moyens des ménages ruraux de l’échantillon étudié durant la campagne 2008/2009 sont faibles et varient entre 311 FCfa par équivalent adulte et par jour (0,47 euros) en Haute et Moyenne Casamance et 719 FCfa (1,1€) dans le Delta (nord du pays), soit 24 et 54% du Pib par personne (estimée à 1285 FCfa par personne et par jour en 2008). L’étude a ciblé les zones du Delta du fleuve Sénégal, la Haute et Moyenne Casamance ainsi que le nord et le sud-est du Bassin arachidier (centre du pays). «Ces revenus sont partout en deçà du seuil de pauvreté régional, sauf dans la région du Delta».
Il ressort de l’étude que l’alignement du prix de l’arachide sur les cours mondiaux à partir de 1968, les grandes sécheresses de la fin des années 1960 puis au début des années 1970, ajoutés à la libéralisation de l’économie agricole à partir des années 1979-1980 (désengagement de l’Etat, libéralisation des marchés agricoles et privatisation des institutions intervenant dans les filières agricoles), ont accentué cette crise dans le monde rural.
Cependant, malgré ces difficultés récurrentes de ce secteur, «l’agriculture joue encore un rôle central dans les économies rurales du Sénégal», convient l’enquête. «Ces résultats vont nous servir à améliorer notre plan d’investissement», a d’ailleurs laissé entendre le représentant du ministère de l’Agriculture.
En effet, l’étude fait noter que la population sénégalaise, estimée à 12,9 millions en 2010, devrait atteindre les 20 millions en 2030, d’après les prévisions de Nations Unies. Et si l’on en croit l’étude, l’économie sénégalaises devra créer 5,1 millions d’emplois dans les 15 prochaines années, dont 2,6 millions en milieu rural
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