FACTURE LAITIÈRE DE 35 MILLIARDS - La poudre explose la balance

En constante évolution depuis la fin des années 1970, les importations de lait au Sénégal ont coûté 35 milliards de FCfa en 2005. Mais cumulées avec les produits laitiers, ces importations ont atteint une valeur de 43,5 milliards de FCfa en 2005 contre 36,7 milliards de FCfa en 2004, avec une part dominante du lait en poudre.

Déjà alourdie par les produits pétroliers, la balance commerciale du Sénégal penche davantage sous le poids et la valeur des importations de lait et dérivés. 35 milliards de FCfa, rien que pour le lait importé au Sénégal. Ce sont les chiffres de la Direction de l'Elevage. Les chiffres de l'Agence nationale de la statistique et de la prévision mettent une charge supplémentaire des importations de produits laitiers qui, avec celles du lait, portent la valeur à 43,5 milliards de FCfa en 2005 soit 296 millions de litres de lait contre 36,7 milliards de FCfa en 2004. Selon une note de la Mission économique française (Dpe), les importations de lait et de produits laitiers sont en constante évolution depuis la fin des années 1970.

Historiquement, c'est le lait en poudre qui a toujours dominé dans ces importations, représentant ainsi 75% de la valeur. Le constat est que, si, pour le lait, la tendance est demeurée à la hausse, ce n'est pas tout à fait le cas pour ces dérivés comme le yaoûrt qui, depuis les années 1994, affiche cependant une baisse des importations concurrencées par une production locale en plein essor.

C’est tout de même le fromage qui, désormais, arrive en seconde position des produits laitiers les plus importés avec 10% de la valeur totale des importations en 2005 suivi par le lait liquide (8%) et le beurre (5%).

Si l'on en croit la note de la Dpe, l’Union européenne est le principal fournisseur de lait en poudre (80%) et plus particulièrement la France puisqu’elle représente 42% du marché pour un tonnage de 12 000 tonnes environ. La France domine également le segment du lait liquide dans une situation de quasi-monopole (90%) avec près de 4 500 tonnes par an.

La combinaison de l’insuffisance de production locale et de croissance de la demande fait du Sénégal un marché très convoité, mais au niveau de la collecte et de la transformation, les difficultés sont encore tenaces malgré de nombreuses initiatives.

Pour illustrer la mauvaise organisation de la collecte, on évoque la dispersion géographique des éleveurs, l’irrégularité de la production ainsi que l’impraticabilité de certaines routes qui sont autant de facteurs qui perturbent le circuit. Les quelques initiatives mises en place pour le moment se seraient soldées par des échecs, comme le démontre l’exemple de l’UPRAL (Union des Producteurs et préposés au rayon laitier).

En octobre 2003, Nestlé a décidé de rétrocéder, à la faveur d’un partenariat entre le Ministère de l’Emploi et du Travail, le Directoire Régional des Femmes en Elevage (DIRFEL), le PAPEL et des transformateurs privés, tout un dispositif d’unités de refroidissement pour une valeur de 200 millions FCfa dont la gestion a été transférée à l’UPRAL en juillet 2004. Depuis lors
les quantités de lait collecté n’ont cessé de diminuer, selon la note de la Dpe.

Quant à la transformation du lait qui est essentiellement une activité des femmes (transformatrices urbaines et femmes d’éleveurs), les principaux produits proposés s’articulent autour du lait caillé, du beurre et de l’huile de beurre.

Si on remarque ça et là des mini-laiteries caractérisées par un aménagement sur le lieu de production et des volumes de transformation plus conséquents, même s’ils demeurent modestes (jusqu’à 700 litres/jour), ainsi que une augmentation du nombre de fromageries, cette production traditionnellement absente du paysage industriel du Sénégal, reste de type artisanal et se limite aux fromages de chèvre (région de Thiès) et fromages de vache (région de Kolda).

Deuxième poste de consommation au Sénégal, le lait caillé est essentiellement préparé à partir de lait en poudre. Ceci, explique cela.