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Economie

FILIGRANE - Eau, électricité, riz

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FILIGRANE - Eau, électricité, riz

Les coûts de l’électricité flambent alors que la Senelec, impitoyable dans le recouvrement des créances sur les citoyens abonnés, offre une qualité de service détestable. Le riz disparaît des étals et des marchés mais les prix atteignent des sommets faramineux, en déphasage complet avec le pouvoir d’achat réel des pauvres gens. Le gaz est introuvable qui jette des milliers de personnes sous le soleil, dans des rues cahoteuses, en quête d’une bouteille hypothétique. Quant aux transporteurs, ils augmentent, avec toute l’autorité des décideurs qu’ils ne sont pas, les prix sur certains tronçons. Ne parlons même pas des automobilistes inconsolables devant la fuite en avant des prix à la pompe. Et hier matin, ce sont les populations de Nord Foire, écœurées par la rupture de la consommation en eau, qui ont organisé une petite intifada pour dénoncer un droit fondamental à l’alimentation.

Il y a trois mois, les populations de Khar Yalla, dégoûtées par la vie chère, affrontaient la police en pleine rue. Quatre mois avant, ce sont les marchands ambulants qui revendiquaient, avec une rare violence, le «droit de vendre» en toute liberté face à des autorités incapables de trouver une solution durable à leurs préoccupations. Lentement mais sûrement, le pouvoir crée les conditions sectorielles d’une défiance généralisée à son encontre. Simplement, les populations n’en peuvent plus de devoir supporter les ratiocinations officielles infinies, qui tendent à expliquer les ruptures de stocks, les hausses de prix intempestives, les pénuries vraies ou artificielles, l’immobilisme face à la délinquance commerçante. En toute légitimité, elles sont en droit d’attendre du gouvernement, la satisfaction de besoins primaires indissociables de leur dignité.

Mais sur ces questions vitales au développement incertain, le gouvernement semble paralysé, brouillon. Il est difficile aujourd’hui de percevoir en clair, une politique publique pertinente en mesure de remédier aux difficultés des citoyens dont la moindre n’est pas le train de vie particulièrement grossier du Président Abdoulaye Wade, de sa cour, de ses obligés éparpillés dans l’appareil d’Etat et dans les interstices de la République. Les autorités n’en ont cure car le président de la République continue, lui, de tournoyer aux quatre coins de la planète à coup de centaines de millions de francs Cfa dépensées dans les locations d’avions privés. Les députés de la majorité libérale perçoivent leurs salaires et leurs privilèges en toute rigueur, pour un travail dont l’essentiel consiste à légaliser la totalité des projets politiques de l’Exécutif dans une Assemblée nationale mortelle.

Le gouvernement doit faire attention car la formation, dans les quartiers populaires et dans les zones suburbaines, de cercles concentriques de résistance aux pénuries, à des augmentations de prix injustifiées, prépare le lit des grandes révoltes. L’exaspération contre tous les déficits est devenue une réalité populaire, indiscutable. Cela, les thuriféraires hâbleurs du régime libéral le savent, mais n’osent certainement pas le clamer à qui de droit. C’est leur problème ! Les populations, elles, ont sans doute en tête des solutions pour y mettre fin, si rien ne change.

Aujourd’hui, comme le reconnaissent les experts du Fmi et de la Banque mondiale, le Sénégal est l’une des premières puissances mondiales en matière de collecte d’impôts. Mais nos autorités étalent chaque jour leur incompétence dans l’approvisionnement normal du marché en denrées de première nécessité. Ils sont gestionnaires, donc ils sont responsables. Contre le discours officiel, la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) a démontré en quoi l’inflation permanente sur le prix du pétrole n’exerce qu’un effet marginal sur la hausse des prix, alors qu’elle constitue le prétexte principal sur lequel s’appuie le gouvernement pour justifier tout et rien à la fois. L’eau qui disparaît des robinets pendant deux jours, l’électricité qui fait faux bond au milieu des repas de nuit pour ne revenir qu’à une heure…inconnue le lendemain, le sac de riz de 50 kilos qui s’échange à plus de 20 000 francs… Il y en a déjà assez pour un été chaud. Mais ils sont si impitoyables pour le peuple ! A moins que le premier des Sénégalais n’ait une claire conscience de ce qui se passe dans le pays qu’il gouverne. Ce qui serait encore plus grave !



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