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Economie

FRANC CFA - Projet de dévaluation : Les gouverneurs des banques écartent l’idée

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FRANC CFA - Projet de dévaluation : Les gouverneurs des banques écartent l’idée

Il faudra sans doute attendre encore pour assister à une nouvelle dévaluation de la monnaie commune de l’Afrique francophone, treize ans après la première. Hier, lors d’une réunion entre les ministres de l’Economie et des Finances de la zone franc et leur homologue français, ainsi que les gouverneurs des Banques centrales africaines, la question n’a même pas été abordée, à en croire les participants. Ils ont botté en touche toutes les rumeurs qui circulaient dans ce sens, ces derniers jours.

Les économistes les plus chevronnés du continent en ont fait une religion : le franc Cfa est «trop rigide», il va falloir le fluidifier pour faire décoller la croissance. C’est-à-dire qu’une seconde dévaluation s’impose. Sous ce rapport, mais aussi à la lumière de l’actualité de ces derniers jours, l’opinion africaine avait tendu son oreille hier vers Paris où se réunissaient, au côté des gouverneurs centraux africains, l’ensemble des ministres de l’Economie et des Finances de la zone franc Cfa et leur homologue français. On s’attendait à l’officialisation de la dévaluation annoncée imminente. C’est pourquoi, toute la presse panafricaine et une partie de la presse française ont pris la direction de Bercy pour décrocher «l’info» du jour. Mais peine perdue, car la question n’aurait même pas été abordée par les participants. Du moins, officiellement.

N’empêche, à la conférence de presse qui a suivi la rencontre, les journalistes ont orienté toutes leurs questions sur ce «tabou» de la dévaluation. Mais, en retour, ils auront la même et unique réponse : «Nous vous assurons que nous n’en avons pas parlé au cours de notre réunion.» Et ce n’est pas l’insistance des journalistes, reposant les questions sous plusieurs formes, qui fera craquer les animateurs de la conférence. Résultat : ils ont eu droit à une pluie de dénégations de la part des gouverneurs, et à un brin de machiavélisme de la part de leur homologue de la Banque de France et des techniciens du ministère français des Finances.

Pourtant, à la veille de la première dévaluation en 1994, les chefs d’Etat africains, le Sénégalais Abdou Diouf en tête, avaient fait croire aux populations qu’il n’y aurait pas de dévaluation. On connaît la suite. «C’est vrai qu’en 1993, on vous avait dit la même chose, on vous avait dit qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter», reconnaît le gouverneur général de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), Damo Justin Barro. «Mais, la situation n’est pas pareille. A l’époque, tous les fondamentaux de l’économie africaine étaient au rouge. Il fallait absolument donner un nouveau souffle à la croissance. Mais aujourd’hui, la croissance est là, même si on n’a pas atteint les objectifs du millénaire pour le développement.» Et le gouverneur de la Becao de s’interroger, après une énième insistance des journalistes : «Imaginez- vous que, malgré les bons termes de notre économie, on procède à une quelconque manipulation de la valeur monétaire ?»

Son homologue de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique Centrale (Bceac), Philibert Andzembe, est plus catégorique quand il nie l’existence d’un projet de dévaluation. «La zone franc se porte bien. La question de la dévaluation du Cfa n’existe que dans la tête de ceux qui le pensent». Pour lui, l’urgence se trouve ailleurs. A savoir, l’«amélioration de climat des affaires».

De son côté, la partie française a fait mine de ne pas être concernée par ce débat. «Le franc Cfa est une monnaie africaine. Donc c’est aux Africains de décider ce qu’ils veulent en faire», martèle Xavier Musca, directeur général du Trésor et de la Politique économique au ministère de l’Economie. «Je ne comprends pas pourquoi cette question revient sans arrêt alors qu’il n’y a pas de raisons fondamentales», renchérit Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France. Qui ajoute : «Le choix du régime monétaire est un choix politique. Et ça c’est une responsabilité politique qui est celle des Africains. La France ne dicte pas sa politique de change à l’Afrique.»

Bref, ceux qui s’attendaient à une seconde dévaluation du Cfa doivent encore prendre leur mal en patience. Mais, il faudra sans doute une autre chanson pour rassurer les populations de la zone Cfa. Hier à Bercy, on s’est, en tous cas, rendu compte combien la question est tabou dans la sphère des décideurs africains. Un signe : à la fin de la conférence de presse, les deux gouverneurs, se doutant que les journalistes allaient revenir à la charge, ont vite vidé les lieux en renvoyant la presse à leurs «directeurs de communication». Evidemment, on ne verra jamais ces derniers. Quand aux ministres de l’Economie et des Finances de la zone franc, personne n’a pu poser un œil sur eux.



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