Dimanche 28 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

HAMATH SALL, MINISTRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ELEVAGE : « La soudure va intervenir plus tôt, sera plus longue et plus dure »

Single Post
HAMATH SALL, MINISTRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ELEVAGE : « La soudure va intervenir plus tôt, sera plus longue et plus dure »

Avec une campagne agricole 2007- 2008 qui a connu une baisse des rendements « en dessous de 500.000 tonnes avec un déficit de la production céréalière de l’ordre de 12 % comparé à 2006 », Hamath Sall, ministre de l’Agriculture et de l’Elevage a accepté de se confier à « Sud Quotidien » pour un tour d’horizon de la situation du monde rural. Dans ce premier jet de son interview que nous vous livrons, M. Sall revient sur des sujets comme la situation pluviométrique, la maîtrise de l’eau, les perspectives de récoltes, les productions agricoles et l’organisation des filières de production céréalières et végétales, entre autres. Entretien.

Monsieur le Ministre, avec le déficit vivrier de 12 % de la campagne agricole 2007-2008, la pluie a encore été pointée du doigt. Est-ce qu’il existe au Sénégal une politique de maîtrise de l’eau ?

Je crois qu’il est clair qu’on ne peut pas arriver à la sécurité alimentaire encore moins à la modernisation, la compétitivité d’une agriculture plus rémunératrice pour les producteurs en se basant uniquement sur la pluviométrie. C’est un impératif catégorique d’aller vers la maîtrise de l’eau et l’on s’y est engagé. Le Président Wade a donné le ton depuis un certain nombre d’années déjà à travers les bassins de rétention. Nous avons des eaux de ruissellement qu’il convient de collecter, de conserver et d’utiliser au mieux. Autour de chaque bassin de rétention, il y a le potentiel d’irrigation, de production agricole, notamment horticole. Ensuite, il y a les pluies provoquées qui ont fait leurs preuves ailleurs et qui, depuis qu’elles ont été introduites au Sénégal, ont montré leur utilité. Il s’agit d’aller plus loin, de généraliser le dispositif permettant de provoquer les pluies par une densification des générateurs au sol et nous doter des moyens aériens pour pouvoir intervenir sur les nuages.

Il y a aussi la valorisation de nos ressources en eau souterraine car le Sénégal dispose au niveau du Maestrichien, d’une nappe extrêmement importante estimée à 400 milliards de mètres cubes. Certains nous disent qu’on peut pomper jusqu’à hauteur de 100 mille mètres cubes par jour pendant soixante-dix (70) ans et la nappe ne va pas bouger parce qu’on est près des zones de recharge. Tout le quadrilatère délimité par Ranérou, Linguère, Kaffrine et Tambacounda constitue une zone à haut potentiel où le Maestrichien est très dynamique et où il n’y a pas de substrat salé. Par conséquent, nous allons vers la valorisation de tout ce potentiel d’eau douce à travers le développement de forages qui vont nous permettre de maîtriser l’eau et de développer l’irrigation.

Enfin, nous avons réfléchi sur les systèmes d’irrigation d’appoint. Compte tenu de ce qui s’est passé en 2007, où l’on a subi un gap de deux pluies qui s’est traduit par un effondrement des rendements en ce sens que les cultures n`’ont pas pu boucler leur cycle végétatif, les informations dont nous disposons et les réflexions approfondies qui ont été faites au niveau du ministère ont abouti à l’identification des systèmes d’irrigation d’appoint.

En résumé, je dirai que nous allons vers le développement de l’irrigation, seule à même de fiabiliser le développement agricole et les revenus des producteurs. Tous les pays qui ont émergé au plan agricole et économique ont emprunté cette voie. Aussi, je pense qu’il n’y a pas de raison que nous autres sénégalais, nous pensions que nous pourrions prendre un chemin différent.

Pourtant au niveau de la vallée, on s’étonne que seul le 1/5e des terres est irrigué ?

Je pense que cela peut s’expliquer par le problème du coût de l’investissement qui constitue une sorte de barrière à l’entrée. En effet, les aménagements hydrocharidacées au niveau de la vallée coûtent très cher et cela ralentit la mise en valeur de ces terres potentiellement irrigables. Mais je crois que cette perspective est maintenant derrière nous en ce sens que pour aller vers l’autosuffisance des productions aussi bien de riz que de céréales (mil, mais…), Il nous faut valoriser le potentiel des terres irrigables. Le président de la République au premier chef a pris la décision d’engager l’ensemble du gouvernement dans cette voie. Et naturellement, le ministère de l’Agriculture se fait fort d’être le bras armé de cette nouvelle démarche. Dans cette optique, dans le cadre du « Team nine », un matériel d’irrigation d’une valeur de 13 milliards FCfa acquis auprès de l’Inde a été mis gracieusement à la disposition des riziculteurs. Nous allons continuer cet effort en augmentant les surfaces aménagées à un rythme extrêmement soutenu qui, je pense, n’aura pas de précédent dans l’histoire de l’aménagement au niveau la vallée du fleuve Sénégal de ces dernières années.

Dans ce dessein, est-ce que vous vous inscrivez dans le court terme ?

On s’inscrit pour ce qui est de l’augmentation des surfaces aménagées dans le court terme. À partir de cette année, nous allons faire des progrès assez substantiels pour accroître les superficies emblavées durant les trois prochaines années, de booster le coefficient de culture qui permet de valoriser de façon plus intensive le capital foncier de rythmer notre marche irréversible vers l’autosuffisance en riz. En effet, si nous voulons être autosuffisant en riz à l’horizon 2015, il est indispensable, incontournable qu’on augmente les superficies emblavées. Ceci est donc une démarche immédiate mais, qui va se prolonger dans le moyen terme pour nous permettre d’atteindre l’objectif de l’autosuffisance.

La qualité des semences d’arachides a été décriée durant cette campagne et pourtant depuis 2003, il est question de reconstituer le capital semencier arachide. Pourquoi on n’a pas encore de bonnes semences ?

Je pense que les prévisions qui ont été faites indiquent qu’il y a un fléchissement de la production agricole qui se situe en dessous de 500 mille tonnes par rapport à l’année dernière. Cette contre - performance n’est pas essentiellement due à la qualité des semences. Même si celle-ci est un facteur qui a son importance, le facteur déterminant en ce qui concerne l’arachide, c’est la pluviométrie. Vous avez les meilleures semences, les engrais, si la pluie est insuffisante et-ou mal répartie, vous aurez de mauvaises récoltes. Les semences, même si elles ne sont pas certifiées comme c’est le cas, car ce sont des semences écrémées que nous avons pour l’essentiel, pourraient donner des récoltes plus substantielles si la pluviométrie avait suivi et était bien répartie. Aussi, elle constitue le facteur essentiel qui détermine la production arachidière.

Toutefois, les semences ont leur rôle à jouer et c’est pour cela que nous nous sommes engagés à reconstituer le capital. Sa reconstitution et sa pérennisation demande de la persévérance, de la rigueur et de la constance dans l’exécution des différentes opérations qui entrent dans le cadre du développement et de la maintenance de ce capital semencier. Il y a un facteur de délai incompressible et nous pensons qu’à l’horizon 2011-2012, on aura intégralement reconstitué le capital semencier. Entre temps, dans la phase intermédiaire, nous ne restons pas les bras croisés car nous continuons ce que nous avons déjà comme semences certifiées et nous cherchons à le compléter au mieux avec des semences qui, soit, vont être importées cette année pour être multipliées en contre-saison chaude pour être disponible durant la prochaine saison agricole, soit en continuant l’écrémage comme on le fait jusqu’à présent.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email