La hausse sur les salaires du secteur privé et la baisse sur la fiscalité n’enchante pas trop l’économiste Moubarack Lô. Selon lui, cette décision n’intervient pas à point nommé et qui plus est insignifiante.
«C’est trop tard, parce que les ménages ont vraiment souffert en 2007 et même en 2008. La hausse aurait dû intervenir en 2007. On parle de 4 à 8 % alors que si on regarde l’inflation ces deux dernières années, c’est autour de 12%. Si on fait la moyenne entre 4 et 8, cela fait 6%.» C’est l’analyse que fait l’économiste Moubarack Lô après la signature mardi du protocole d’accord pour l’augmentation des salaires dans le privé. De l’avis de l’économiste, les salaires réels ont en réalité baissé de 6%. «Maintenant, ajoute-t-il, il y a l’illusion qui fait que, souvent, les syndicats négocient sur les salaires nets, alors que le bon taux de négociation, c’est le salaire déflateur de l’inflation qui doit être la cible plutôt que l’évolution du salaire lui-même.» Si les prix augmentent plus que les salaires, poursuit Moubarack Lô, c’est une perte en pouvoir d’achat. Pour lui, il faut distinguer deux choses : le pouvoir d’achat et l’évolution économique. «En termes de pouvoir d’achat, les salariés n’ont pas gagné, ils ont plutôt perdu 10% », note-il. Concernant l’évolution de l’économie, il concède que cela peut constituer «une petite relance pour la consommation». A en croire l’économiste, il y a des activités de service (télécommunications, transport local, etc.) qui pourraient en bénéficier quelque peu, parce que ces activités sont peu exposées par rapport à la concurrence internationale. Cependant, il tempère en relevant que «la relance de la consommation ne veut pas dire forcément que l’économie va faire des bénéfices. On a une économie tournée vers l’importation. Ce qui risque de se passer, c’est que les importations en profiteront plus que le secteur productif local». «Le tissu industriel ne va pas forcément gagner avec la hausse, parce que l’industrie est concurrencée par les produits qui proviennent de l’étranger», déplore M. Lô.
RAMATOULAYE DIA DIALLO (Stagiaire),
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