Consciente que le Sénégal a réalisé beaucoup de progrès dans la mise en place d’un environnement des affaires de classe internationale, la patronne de l’Apix veut être comparée à des économies développées des pays de l’Ocde, et non pas à celles de la sous-région ouest-africaine. Elle dénonce à ce titre, le caractère biaisé du classement de la Banque mondiale, même si elle dit s’en inspirer malgré tout.
Mme Aminata Niane, la patronne de l’Agence pour la promotion de l’investissement et des grands travaux (Apix) garde une forte dent contre les auteurs du Doing Business, ce classement annuel de la banque mondiale qui classe les pays selon leurs capacités à installer un environnement des affaires incitatif pour les investisseurs. Hier, face au Vice-président de la Banque mondiale, elle et son équipe n’ont pas manqué d’étaler leur frustration de voir que les efforts du Sénégal ne sont pas, véritablement, pris en compte dans ce document.
«Les auteurs utilisent un expert au Sénégal qui n’est pas au courant de tous les efforts que nous faisons, et en plus, c’est au téléphone qu’ils lui demandent les informations… Ce n’est pas sérieux !» Néanmoins, Mme Niane ne veut pas pleurer sur le lait répandu, tout au contraire : «L’intérêt du Doing Business est de faire un benchmarking très large, sur la base des critères extrêmement importants de l’environnement des affaires, qui est une préoccupation de tous les pays. Il faut aussi la comparaison entre tous les pays sur la même base. Donc, si l’on est objectif, on doit reconnaître si on est bien ou mal classé. Et à partir de là, de faire les réformes nécessaires pour nous améliorer. C’est en ce sens que nous avons apprécié positivement, et accepté d’utiliser le Doing Business comme benchmark.»
Ne voulant, toutefois, pas en démordre, elle ajoute : «Cependant, nous savons que c’est une méthodologie qui a des limites. Nous-mêmes, nous poussons l’équipe du Doing Business pour qu’elle améliore son système. Nous ne manquons pas de les critiquer s’ils ne tiennent pas compte des efforts du Sénégal. Parce que, les rapports qu’ils produisent ont souvent deux ans de retards, par rapport à la réalité de la photographie de l’environnement, et nous portent préjudice.»
Dans le dernier rapport Doing Business, publié en 2006, le Sénégal est placé au 146e rang, par rapport aux dix critères pris en compte. Lesdits critères portent sur la facilité de faire des affaires, la création d’entreprise, l’octroi de licence, l’embauche des travailleurs, le transfert de propriété, l’obtention de prêts, la protection des investisseurs, le paiement des impôts, l’exécution des contrats, le commerce transfrontalier et la fermeture d’entreprises.
Cette année, sur la création d’entreprise, l’Apix, à travers son Centre de facilitation des procédures administratives, qui loge le Bureau d’appui à la création d’entreprises (Bace), a pu réduire le nombre de jours nécessaires pour monter une entreprise, de 58 à 2. Ce qui, avait signalé Mme Niane, lorsqu’elle annonçait la nouvelle, devrait permettre au Sénégal de gagner de nombreuses places sur le prochain classement de Doing Business. Car, le directeur de l’Apix l’a dit et redit, elle veut mesurer les performances du Sénégal avec les économies de l’Ocde, et non avec celles des économies de la sous-région.
Bien qu’elle ait reconnu, avec beaucoup de dépit, que le Ghana est en train de faire beaucoup mieux sur beaucoup de plans, en termes d’attraction de l’investissement étranger. Sinon en termes d’accélération de la croissance...
LES AXES DE LA CROISSANCE
C’était, d’ailleurs, ce point de l’accélération de la croissance qui a été au centre des discussions d’hier entre le directeur de l’Apix et M. François Bourguigon. Aminata Niane a montré au fonctionnaire international et à son équipe les ambitions du Sénégal, qui veut, par ce biais, devenir un pays émergent d’ici 2015.
La Stratégie de croissance accélérée, a indiqué la coordonnatrice de la Task force, a cinq axes, qui sont, l’accélération des réformes pour la création d’un environnement des affaires, l’identification et la promotion des grappes à haut potentiel économique et social, l’accélération de la mise à niveau des entreprises, la consolidation des acquis et la veille stratégique, ainsi que la mobilisation des acteurs et la communication. Car, il y a eu beaucoup de travail pédagogique, envers tous les acteurs. «Pendant deux ans, en interne, nous avons dû expliquer à tous les acteurs, et à tous les membres de l’administration, qu’ils sont partie intégrante de la Stratégie de croissance accélérée», indique Aminata Niane. Il y a eu, également, les partenaires au développement, à qui il fallait faire comprendre que leur appui était souhaité, mais pas leur ingérence dans l’élaboration.
Mohamed GUEYE
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