Si cela ne tenait qu’à Yacine les travaux d’embellissement de la corniche ouest effectués dans le cadre du 11-éme Sommet de l’OCI ne finiraient jamais. Et pour cause, la gargotière installée sur l’un des chantiers, fait des affaires en or en régalant chaque jour les nombreux ouvriers employés sur le site.
’’Je souhaite qu’il y ait d’autres chantiers du même genre juste après la fin de celui-ci, afin que mes congénères et moi puissions travailler plus décemment et faire nourrir nos familles’’, souligne Yacine Ndiaye, dont le restaurant se trouve à l’intérieur d’un hangar abritant le matériel de construction des ouvrages.
Yacine confie que soustraction faite de ses dépenses estimées à 30.000 FCFA par journée, elle rentre chaque soir à la maison avec un bénéfice journalier d’au moins 25 000 FCFA. Ainsi, il est loin le temps où elle exerçait à proximité du Port autonome de Dakar et devait compter avec la concurrence de beaucoup d’autres gargotes. Les difficultés furent telles que de guerre lasse elle légua son restaurant à sa sœur.
’’Ce que je gagne ici fait plus que le triple de ce que je gagnais au Port’’, confie Yacine qui raconte avoir sauté sur l’occasion dés qu’elle a eu vent que des aménagements et embellissements allaient se faire sur la corniche.
Le temps de localiser l’endroit stratégique et voilà qu’elle y dépose ses baluchons. Pourtant, souligne-t-elle, c’était ’’sans grand espoir’’. ’’Les premiers temps, il n’y avait pas plus d’une dizaine de personnes qui venaient prendre le petit-déjeuner et le déjeuner’’, renseigne-t-elle.
Mais, animée d’une grande foi elle a continué de préparer à manger pour sa maigre clientèle en se faisant aider seulement par sa fille et une petite bonne. Le travail se faisait presque à perte, révèle Yacine qui raconte ainsi ses laborieux débuts : ’’lorsque je suis venue m’installer ici, je préparais seulement un bol moyen et j’avais le premier mois de la peine à le terminer, tellement les clients étaient rares’’.
A présent, cela reste un lointain souvenir dans la mesure où la gargotière souligne qu’elle a du mal à faire face à la demande exponentielle des clients, malgré les quatre ’’mbanna’’ (grands bols) qu’elle utilise pour pouvoir contenir les mets qu’elle prépare. Aux ouvriers, elle sert les deux repas du jour : le petit déjeuner et le déjeuner.
Le petit déjeuner est constitué, soit de sanglé (’’laax’’) ou de bouillie de mil (’’fondé’’) ou (’’lakh’’) vendus 100 FCFA le bol, de sauce à base de niébé (’’ndambé’’) ou de la friture de poisson cédées 200 FCFA l’assiette. Sans compter le café Touba ou le café classique au lait, style ’’tangana’’ qui est très prisé par les manœuvres.
Entre 10 heures et 13 heures, Yacine a le temps de retourner chez elle pour terminer la cuisson du ’’déjeuner des ouvriers’’ dont l’entame de la préparation est quotidiennement laissé aux bons soins de sa fille.
Pour le déjeuner, elle fait également preuve de diversité en préparant deux grands bols de riz au poisson ou à la viande et deux autres récipients contenant du riz blanc et de la sauce. Ce dernier plat vaut 400 FCFA car plus prisé par les clients, là où l’autre recette coûte 300 FCFA le plat.
Les modalités de paiement vont du cash au prêt hebdomadaire, renseigne Yacine qui n’est pas du tout dérangée par l’attente dans la mesure où elle sait qu’elle a affaire à des gens qui n’ont souvent pas de quoi payer.
En tous les cas, prévient-elle d’un ton ferme, ’’ma fille tient à jour un carnet où elle répertorie tous les créanciers. Et les mauvais payeurs n’osent pas remettre les pieds sous mon toit tant qu’ils n’auront pas payé leur dû’’.
Puis, retrouvant le sourire, elle lâche : ’’OCI bi warna fi am at bou jot’’ (l’OCI devrait se réunir tous les ans au Sénégal).
0 Commentaires
Participer à la Discussion