La guerre des ordures à Dakar relatée dans notre édition d'hier a délié les langues autour de ce juteux marché de 10 milliards. Collecte hors zones cibles, rachat d'ordures auprès des charretiers ou encore rajout fictif de tonnages au pesage aux portes de Mbeubeuss; sont autant de stratégies de magouille révélées aux autorités publiques suite à un déballage «inter-concessionnaires».
Une véritable vache laitière. C'est ce que le juteux marché de 10 milliards de francs Cfa que l'Etat contracte dans la collecte et l'évacuation des ordures ménagères de Dakar représente pour les concessionnaires. Il se dégage du procès-verbal de la réunion que le maire Khalifa Sall a eue avec eux, et qui a été une véritable tribune de déballage et de contre-déballage, que les milliards dégagés par l'Etat pour assainir la capitale sont jusqu'ici captés de manière peu orthodoxe. Certains d'entre eux ont révélé aux autorités publiques que «des concessionnaires, dont la mission se limitait à une zone géographique peu crasseuse bien déterminée, ne se gênaient pas à aller faire un tour dans d'autres quartiers populaires de Dakar plus sales pour gonfler leur tonnage». Etant entendu que «les concessionnaires individuels collectent et évacuent la tonne d'ordures ménagères vers Mbeubeuss moyennant 7500 francs Cfa là où Veolia est gâtée avec un tarif de 37 500 francs Cfa la tonne».
Dans la même logique de maximiser leurs profits par le biais d'une augmentation de la quantité d'ordures ramassées, «d'autres concessionnaires déroulent une stratégie sous-tendue par le rachat des ordures auprès des charretiers et autres stockeurs qui proposent leurs services dans des quartiers difficiles d'accès pour les camions bennes». Ce qui fait que les charretiers gagnent doublement en se faisant payer par les ménages représentant leur clientèle et par les concessionnaires véreux qui leur reprennent la «marchandise» au niveau de points de rendez-vous insoupçonnés et à des heures de crime.
Le troisième modus operandi qui n'est pas des moindres, avant d'être, en partie, neutralisé, était déroulé au niveau même du site de dépôt de Mbeubeuss. Le pont-bascule qui est tombé en panne pendant une longue période, avant d'être réparé, faisait l'affaire de certains concessionnaires. Avec une certaine complicité sur le site de débarquement, expliquent des sources au fait de cette affaire. «Quand le pont-bascule est tombé en panne, les préposés au pesage procédaient à une évaluation parfois spectaculaire du chargement des camions de collecte». Une manière pour eux de maximiser la marge bénéficiaire de ces concessionnaires. Il s'y ajoute; indiquent nos interlocuteurs, une autre pratique difficile à prouver et par le biais de laquelle des concessionnaires flouent les autorités publiques. «Il s'agit de la facturation à l'Etat des prestations de services privés effectuées dans des hôtels de luxe de la place, par exemple. Ces facturations sont ensuite mis sur le compte de l'Etat qui paie à la place de privés».
Abdoul Aziz SECK
Source Le Populaire
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