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Economie

Privatisation de la société française Dagris : Le chef de l'Etat parraine un ami de son fils

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Privatisation de la société française Dagris : Le chef de l'Etat parraine un ami de son fils

Rfi a vendu, hier, la mèche en annonçant le nom d’Abbas Jaber, le Pdg de Suneor (ex-Sonacos), pour le rachat de Dagris. Ce Franco-Sénégalais d’origine libanaise très lié à Karim Wade, expert financier, conseiller spécial du président Wade, par ailleurs président du Conseil de surveillance de l’Anoci.

L'Etat français va-t-il remettre en cause la privatisation du groupe Dagris (Développement agricole et industriel du Sud), ou du moins revoir sa copie ? C'est en tout cas ce que semblait suggérer le chef de l'Etat français lors de sa visite en fin de semaine à Dakar. ‘Nous avons discuté avec le président Wade de cette importante question. Comme à l’accoutumée, la France est très attentive à la demande du Sénégal. Certes, je n’ai pas observé que le président Wade m’ait indiqué qu’il y avait une urgence. Mais, j’ai noté avec beaucoup d’intérêt la volonté du Sénégal, du Mali et du Burkina de prendre une participation dans le capital de Dagris. Un appel d’offres a été lancé et puisque nous avons du temps, nous allons y travailler ensemble. Il n’y a pas de blocage du côté de la France (…)’, soutenait, le 26 juillet dernier, le président français, en visite au Sénégal.

Le président sénégalais ira plus loin et révèlera l'existence d'une nouvelle offre pour le rachat de Dagris, a rapporté, hier, Rfi. ‘Je voudrais ajouter que le Sénégal est un petit pays producteur de coton. J’ai été mandaté par les autres chefs d’Etat pour régler cette question ; c’est-à-dire nous porter acquéreur des parts de l’Etat français dans Dagris. Il y a deux événements qui sont survenus depuis ; je dirais même trois. Le premier, c’est la position des travailleurs de Dagris qui m’ont écrit pour me demander d’essayer de sauver la situation puisqu’ils avaient perdu les procès devant les tribunaux et qu’il ne restait que les voies politiques. Le deuxième élément, c’est qu’un autre preneur s’est présenté et a offert trois fois plus que le prix de l’action française : 21 millions d’euros. Alors, est-ce qu’on va ré-ouvrir les appels d’offres pour apprécier cette nouvelle proposition’, soulignait le président Wade, lors de la conférence de presse conjointe animée avec son homologue français.

Un pas est vite franchi par Dalila Berritane. La présentatrice de l’émission économique de Rfi a vendu, hier, la mèche en annonçant le nom d’Abbas Jaber, le Pdg de Suneor (ex-Sonacos). Ce Franco-Sénégalais d’origine libanaise est très lié Karim Wade, expert financier, conseiller spécial du président Wade, par ailleurs président du Conseil de surveillance de l’Anoci. Abbas Jaber est donc intéressé par le rachat de Dagris alors que le groupe français est déjà actionnaire minoritaire de Suneor. En effet, pour présenter son offre pour la reprise de la défunte Sonacos, Jaber s’était lié à trois partenaires. Il s’agit de l'entreprise belge De Smet, premier constructeur mondial de raffineries d'huile de table, de la Sodefitex, filiale sénégalaise du groupe Dagris, et de la Société de participation industrielle (Spi), qui regroupe plus de 95 % du personnel de la Sonacos. Tel est le consortium constitué autour d'Advens, une entreprise créée en 1988 par Abbas Jaber et spécialisée dans le négoce de riz, de farine, de sucre, d'huile et de céréales avec l'Afrique de l'Ouest et du Centre. Jaber a-t-il le profil idéal pour acquérir la holding agro-industrielle, numéro un français du coton, un petit empire françafricain ?

Dans le cadre de la reprise de la Sonacos, pour reprendre une fable de La Fontaine, Jaber serait à l’image de la grenouille qui voulait devenir plus grosse que le bœuf, voire l’éléphant. C’est pourquoi, explique-t-on, il s’est allié avec Gilles Peltier. ‘C’est le Pdg de Dagris, Gilles Peltier, qui avait accepté d’amener Dagris aux côtés d’Abbas Jaber qui n’avait pas de capacité financière pour reprendre la Sonacos. Si Jaber pense pouvoir reprendre Dagris au franc symbolique, avec l’aide du président Wade et de son fils, il se met le doigt dans l’œil. Tout le monde sait les relations très étroites qui existent entre Karim Wade, Me Razek Bourgi et Bibo Bourgi. Dagris ne sera jamais cédé à Abbas Jaber’, croit savoir une source bien introduite dans le milieu diplomatique franco-sénégalais.

Ami d’Abbas Jaber, Gilles Peltier est un homme qui connaît l'Afrique sur le bout des doigts. Ancien de l'Agence française de développement, où il a grimpé les échelons pour finir directeur général de la Proparco (filiale de l’Afd), en 1997, M. Peltier est nommé à la tête de Dagris en 2003, peu avant la privatisation de la Sonacos. Une privatisation qui a vu leur consortium formé autour d’Advens d’Abbas Jaber, devenir adjudicataire provisoire des 66,9 % du capital de la société d’huilerie le 22 décembre 2004. Survient ensuite l’adjudication définitive le 25 mars 2005, moyennant 8 milliards de francs Cfa pour l'acquisition des actions et une promesse d'investir 16,9 milliards pour la relance de l'entreprise. Une privatisation qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Le principal concurrent du Consortium Advens, Guerté Sénégal, avait protesté. Son président Kibily Touré dénonçait des ‘magouilles de certains affairistes dans l'entourage de Wade’.

Autre fait troublant, malgré la privatisation, la Sonacos continuait de bénéficier d’une protection de l’Etat. La Banque mondiale n’avait d’ailleurs pas manqué de dénoncer ce privilège. La Sonacos était contrainte de se plier à la suppression en juin 2004 de la taxe conjoncturelle à l'importation. Une taxe communautaire de 15 % qui permettait de protéger la société de Jaber contre la concurrence étrangère.

Pour le rachat de Dagris, sollicité par les travailleurs de l’ex-Compagnie française pour le développement textile, produit colonial de la coopération entre la France et l’Afrique, le président Wade a souligné, à travers toujours les ondes de Rfi : ‘Il y a des perspectives dans ces nouvelles conditions et le nouvel acquéreur est prêt à ouvrir le capital aux sociétés africaines. Le troisième élément, c’est que l’acquéreur actuel a fait le tour des Etats pour dire que si le dossier lui est adjugé, il ouvrirait le capital aux sociétés africaines. Donc, il y a là, un certain nombre de possibilités. Nous allons continuer la discussion pour trouver la meilleure solution. Car il n’y a pas une extrême urgence. Quoi qu’il en soit, le président Sarkozy a pris une position très claire qu’il avait déjà exposée au G8 en défendant les coton-culteurs africains.’

Le président Wade ne serait-il pas en train de filer du drôle de coton, puisque mandaté aussi par ses pairs africains, notamment du Mali et du Burkina Faso, principaux producteurs de la sous-région ?

 



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