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Economie

PRODUCTION LAITIÈRE : Une politique nationale pour réduire les importations

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PRODUCTION LAITIÈRE : Une politique nationale pour réduire les importations

Depuis la grande sécheresse des années 70 qui a décimé le cheptel de beaucoup de pays sahéliens, le Sénégal est obligé d’importer chaque année d’importantes quantités de lait et de produits laitiers en provenance des pays de l’Union Européenne et de la Nouvelle Zélande en vue de pallier le déficit de la production intérieure.

Cependant, le sous secteur de l’élevage constitue une des composantes essentielles de l’économie sénégalaise et occupe une place prépondérante dans les stratégies de réduction de la pauvreté et de recherche de l’autosuffisance alimentaire. Le pays dispose d’un important cheptel bovin estimé à plus de 3 millions de têtes (DIREL 2004). Le secteur de l’élevage a contribué en 2002, à 35% du PIB, 4,8% du PIB total (MEF/DPS, 2002). Avec environ 30.0000 vaches laitières, le disponible national en lait et produits laitiers, estimé à 364,2 millions d’EqL de lait en 2004 (DIREL, 2004) n’est satisfaite qu’à concurrence de 31% par la production nationale, d’où le recours à des importations massives (250 millions EqL) pour combler ce déficit) dont 88% sont représentées par la poudre de lait. Ces importations représentaient en valeur monétaire 36,7 milliards de francs CFA en 2004 (DIREL, 2004). Le déficit entre l’offre et la demande est devenu structurel. Le niveau de consommation per-capita en équivalent-lait était de 40 litres en 1993, d’environ 1/3 de la norme recommandée par l’Institut scientifique d’hygiène (91 litres / habitant / an) en 1994 et de 27 litres de 1995 à nos jours DIREL, 2000). En 1995, la France, grande productrice, consommait 255 litres / habitant /an (FAO, 1995). Le bas niveau de production peut s’expliquer par la non maîtrise des paramètres sanitaires et zootechniques ainsi que par la suspicion de l’existence d’un faible potentiel génétique laitier chez nos vaches locales qui produisent exceptionnellement 1,5 litres/ jour dans les conditions villageoises. Face aux fortes hémorragies de devises engendrées par les importations de lait et produits dérivés, qui sont passées de 15 milliards de FCFA en 1990 à 33 milliards en 1994, et 37 milliards en 2004, les pouvoirs publics se sont résolument engagés dans une politique de réduction du déficit, à travers des mesures visant une intensification de la production laitière nationale et un relèvement de la consommation par tête d’habitant.

L’Etat du Sénégal a, depuis les années 1960, déployé plusieurs stratégies promotrices de la production laitière par des actions d’amélioration des conditions d’élevage, par la levée des contraintes sanitaires et nutritionnelles ainsi que par le relèvement du niveau génétique des animaux. La réponse institutionnelle actuelle est la mise en place du Programme des Services Agricoles et d’Appui aux Organisations de Producteurs P.S.AO.P. I et II) et le vote de la Loi d’Orientation Agro-Sylvo- pastorale (LOASP). La loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP) offre également des perspectives notamment dans sa phase opérationnelle portant sur l’élaboration de Programme national de développement de l’élevage (PNDE) et la définition de stratégies pour son financement. Par ailleurs, les évolutions récentes prises au niveau du ministère en charge de l’Elevage, marquées par l’élaboration de la Nouvelle Initiative Sectorielle pour le Développement de l’Elevage (NISDEL), centrées sur des stratégies d’intensification des filières, a pour ambition, pour ce qui concerne le lait, d’accroître la production annuellement de 145 millions de litres et de porter la consommation per capita de 27 à 40 litres. Les stratégies prévues dans le cadre de la NISDEL concernent également la mise en place de Centres d’Impulsion pour la Modernisation de l’Elevage (CIMEL). Ces CIMEL vont polariser des fermes modernes, privées, comprenant des unités de production laitière bovine dont le financement se fera à travers le fonds de stabulation (FONSTAB) comprenant un fonds de soutien à l’investissement, un fonds de garantie spécial et un fonds d’incitation à la production. Ces CIMELS interviendront dans plusieurs domaines comme l’amélioration génétique, la protection zoo sanitaire, la sécurité alimentaire du cheptel et la diversification des productions entre autres.

VALORISATION DES PRODUITS ANIMAUX : L’expérience des ceintures laitières de la zone cotonnière

L’expérience de la Sodéfitex en matière de production laitière est étroitement liée à l’évolution de la stabulation dite fumière qu’elle a initiée dans la zone cotonnière du Sénégal qui inclut la région de Kolda. A l’origine, les motivations étaient de promouvoir l’intégration Agriculture / Elevage par la production de fumier, la traction animale, la valorisation des résidus de récoltes et des sous produits agro-industriels.

Devant les difficultés émergentes face à l’adoption du paquet technologique, la collaboration avec la recherche a permis de montrer que les étables doivent également être des ateliers de productions de viande (embouche) et/ou de lait. Le choix de la SODEFITEX fut de vulgariser la stabulation des femelles pour produire du lait à côté du fumier et de la force de travail. Ainsi, toutes les étables situées sur un rayon de 15 km autour des centres urbains comme la ville de Kolda, furent encouragées à produire du lait pour ravitailler des mini laiteries implantées dans les villes (on dénombre 9 mini laiteries à Kolda) ; l’ensemble de ces étables centrées sur les unités de transformation et les acteurs qui se déploient dans ce cercle, constituent les ceintures laitières. A ce jour, il existe sept (7) ceintures laitières dans la zone cotonnière (Kolda, Kounkané, Vélingara, Tambacounda, Kédougou, Koungheul et Nioro). Dans un souci d’obtenir une plus grande production dans le futur, la SODEFITEX a initié un programme d’insémination artificielle. L’objectif de la société est de développer son propre service de proximité pour promouvoir cette activité mais seulement avec des vaches stabulées, contrôlées. Le dynamisme de ces ceintures laitières en termes de production, d’utilisation de main-d’œuvre et de création d’emplois, a convaincu les autorités étatiques et d’autres partenaires à nouer plusieurs partenariats spécifiques avec la société en termes de production et de transformation laitière. Grâce à la stabulation, il est facile de se procurer du lait en toute saison dans la ville de Kolda, notamment avec la ceinture des producteurs de lait, à 20 kilomètres à la ronde, qui approvisionnent les laiteries. Mieux, informe Massirin Savané, le Projet Bassin Laitier du Tiers Sud(PBL/TS) qui intervient de Kaolack à Kolda, a permis depuis 2004, de donner une chance aux producteurs de lait enclavés d’écouler leur production. Des tanks de lait d’un volume de 500 litres ont été placés pour refroidir le lait jusqu’à 3°, ce qui permet de stocker le lait pendant trois jours et de le livrer aux zones où il y a un manque de lait (Ziguinchor, Sédhiou, Dakar,...). Dans l’ancien département de Kolda, 7 centres de collecte ont été installés à Ngoudourou, Pata, Tankounfara, Guiré Yoro Bocar, Dabo, Badion et Kolda. De ces centres, les éleveurs viennent livrer le lait au niveau des tanks. L’ambition de la Sodéfitex, à en croire Massirin Savané, est d’implanter ces tanks de Kolda à Kaolack afin de favoriser l’apparition d’usines de transformation de lait dans la zone cotonnière pour réduire la facture laitière qui dépasse les 50 milliards de nos francs par an. La filière laitière a fait aujourd’hui de l’éleveur, un acteur qui travaille 12 mois sur 12 par an et qui a des revenus durant toute la durée de l’année.



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