Promesse de 6 millions de tonnes pour cimenter le marché

Le ciment sera bientôt disponible à suffisance sur les marchés sénégalais et des pays voisins, ont annoncé les dirigeants des deux usines de cimenterie du Sénégal. Pour ce faire, ils promettent d’injecter 6 millions de tonnes de cet intrant essentiel en Bâtiment et travaux publics (Bpt). 
 
Pour faire face à une demande de ciment en croissance continue, les sociétés de cimenterie du Sénégal ont décidé d’augmenter leurs capacités de production. Ainsi, à partir de 2011, «Les Ciments du Sahel» et la «Sococim» entendent produire 6 millions de tonnes de ciment.
«Avec la croissance annuelle de 5% que nous considérons, y compris la sous-région, nous irons au-delà de 2020 en couverture de la consommation en ciment en Afrique de l’Ouest», a déclaré le Président-directeur général des Ciments du Sahel (Cds), Latfallah Layousse, hier, à l’ouverture de la deuxième réunion sur les industries cimentières (Africa Cemen Trade, en anglais). A en croire, les responsables des cimenteries sénégalaises, 200 milliards de FCfa seront investis pour réaliser cette ambition. Les deux cimenteries ont dû procéder à des extensions dans leurs installations. A ce tonnage prévu par les usines sénégalaises, viendraient s’ajouter, dès 2012, 1 200 000 tonnes de ciment que devrait produire la cimenterie Wacem implantée au Mali.
«Face à cette situation de surproduction, des initiatives doivent être prises pour améliorer la compétitivité de notre secteur, gros consommateur d’énergie et supportant des coûts d’énergie électrique et calorifique exorbitants», a plaidé M. Layousse. Il a également fait état des obstacles d’ordre infrastructurel rencontrés par les industries cimentières. «Aujourd’hui, pour exporter une tonne de ciment à partir du Port de Dakar, nous ne sommes pas compétitifs. Nous ne pouvons exporter que dans la sous-région et par camion. Et malgré ça, nous avons des difficultés parce que toutes les infrastructures n’existent pas, les routes ne sont pas bitumées. Ce qui fait que ça pose un problème pour l’avenir», a-t-il déploré.
Le patron des Cds a dénoncé le fait que leurs usines sont obligées de produire elles-mêmes l’énergie dont elles ont besoin. Les coûts de revient augmentent ainsi à «plus 40%», a-t-il noté. «Ce n’est pas notre métier de produire de l’énergie, mais nous n’avons pas le choix, sinon nos cimenteries arrêteraient», a estimé M. Layousse. Aussi a-t-il demandé l’allégement du prix des combustibles qui renchérit fortement le prix de revient. 

Dangote Cement, indésirable ?
Quelle place pour le groupe «Dangote Cement» pressenti comme investisseur dans le secteur du ciment sénégalais, avec une unité de production de 1,5 million de tonnes ? Même si ses devanciers semblent accepter la concurrence, ils n’en émettent pas moins des réserves. «Ce groupe n’a pas sa raison d’être au Sénégal», a soutenu M. Layousse. «Puisque nous couvrirons les besoins en ciment du Sénégal et des pays limitrophes jusqu’en 2020, on n’a pas besoin de réaliser d’autres cimenteries d’ici là», a-t-il argué. Le Pdg des Ciments du Sahel invite l’Etat à aider plutôt à la structuration des investissements pour ne pas laisser le secteur du ciment «déraper comme cela est en train d’arriver au Mali et à notre pays».