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RAPPORT CLUB DU SAHEL - DEFICIT CEREALIER DE 187 000 TONNES : LE SENEGAL VERS L’INSECURITE ALIMENTAIRE

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RAPPORT CLUB DU SAHEL - DEFICIT CEREALIER DE 187 000 TONNES : LE SENEGAL VERS L’INSECURITE ALIMENTAIRE

ALIMENTATION - Note d’information sur la sécurité alimentaire de l’Ocde : Le mil et le maïs vont manquer

La production du mil, du sorgho et du maïs a été bien plus faible que prévue au Sénégal. Les consommateurs urbains pourraient peut-être les payer plus chers, mais pour les populations rurales, un manque pourrait être synonyme de famine, si des mesures ne sont pas prises.

Dans cette conjoncture d’augmentation des prix de produits de consommation courante (voir Le Quotidien N°s 1250 et 1258 des mercredi 28 février et vendredi 9 mars 2007), les consommateurs de thiakry, de fondé et autres ngourbane ne devraient pas trop s’étonner devoir que leur thieré habituel a augmenté de prix. Cela ne serait pas le seul fait de la tendance actuelle à la hausse des prix, mais surtout aussi, du déficit de production enregistré cette saison par les producteurs sénégalais, comme le note le rapport du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, de l’Ocde (Csao/Ocde) sur la sécurité alimentaire.

Le document révèle que contrairement au Sénégal et à la Mauritanie, l’ensemble des pays du Sahel ont connu l’année dernière une très bonne saison pour la production de céréales. Il précise que les déficits pour le Sénégal sont de 187 100 tonnes, et pour la Mauritanie, de 83 000 tonnes de céréales. Le même rapport indique que «dans la plupart des pays, il est à craindre une installation précoce (2 à 3 mois avant) de la période de soudure dans ces zones à risques». Pour y faire face, ajoute la Note d’information sur la sécurité alimentaire, du Club du Sahel, «Une recommandation a été faite lors de la 22e réunion annuelle du Réseau de prévention des crises alimentaires (Rpca) afin qu’un travail approfondi soit fait par les systèmes d’alerte précoce pour un meilleur ciblage de ces populations à risque et une évaluation des besoins».

Les populations à risques sont cependant plus situées dans des pays comme le Tchad, le Niger ou le Burkina Faso. C’est pourtant ce dernier pays qui a enregistré le plus fort taux de production céréalière dans la région du Sahel, suivi par le Tchad. Il faut souligner que ces pays ont leur principale nourriture à base de céréales locales, bien plus que le Sénégal.

Néanmoins, le déficit de céréales au Sénégal, ne peut manquer d’avoir des conséquences pour les populations rurales. Les ruptures de stock vont demander que le Commissariat à la sécurité alimentaire prenne rapidement des initiatives pour assurer une soudure normale aux populations rurales qui n’auront pas pu assurer leurs provisions jusqu’à la prochaine récolte. Cela, d’autant que les chiffres du Club du Sahel ne sont pas une surprise pour les autorités du pays.

Le bulletin trimestriel des statistiques, publié par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Asnd), et portant sur le 3ème trimestre de 2006, signalait déjà le déficit de la production céréalière de la campagne agricole 2005-2006. Il est vrai que le document situait l’écart entre la production réelle et les prévisions à 79 728 tonnes, toutes céréales confondues. Ces chiffres, qui ont été certainement corrigés par les statistiques exploitées par le document du Club du Sahel, qui date lui, de février dernier, ne signalent pas que les prévisions de production du riz ont été dépassées, grâce aux efforts des producteurs de la vallée du fleuve. Il en est de même de la production de fonio, qui a très légèrement dépassé les chiffres projetés.

LES FOYERS URBAINS FAVORISES

Cependant, pour ce qui est du mil, qui reste la céréale la plus consommée, notamment dans le monde rural, et qui connaît un engouement fort en milieu urbain, le déficit est notable. Le sorgho, une céréale très voisine du mil, ainsi que le maïs, vital pour les aviculteurs, sont également en situation de déficit. Le maïs, malgré les campagnes de promotion qu’il a connus ces dernières années, a baissé.

Cette situation peut s’expliquer paradoxalement, par la primauté accordée par les pouvoirs publics à l’alimentation des zones urbaines en riz importé. En favorisant l’entrée massive et les subventions du riz pour garantir la consommation des populations urbaines, les autorités mettent quelque part en danger les productions locales.

Il est évident que l’on peut difficilement encourager la production locale de mil en imposant un prix d’achat au producteur de moins de 150 francs Cfa, pour pouvoir vendre au consommateur à 200 francs Cfa au maximum. Au moment où tous les autres produits sont en hausse, on peut comprendre que les producteurs cultivent juste pour leur consommation familiale. Or, les foyers sénégalais ne sont pas en mesure de se passer du mil et de ses nombreux dérivés pour leur consommation. D’où le besoin de garantir la régularité de la production de ce produit.

Pour cela, l’Unité transformation du monde rural et développement durable du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest recommande «des actions vigoureuses». Il s’agit notamment, d’«assurer la reconstitution des stocks, mais surtout garantir la disponibilité du produit sur les marchés locaux pour une meilleure accessibilité, notamment pour les populations démunies», ainsi que de «jouer un rôle de régulation pour éviter une aggravation de la chute des prix des céréales aux producteurs dans les zones de forte production. Cette baisse des prix risquerait d’entraîner des effets pervers de réduction des superficies emblavées et par conséquent de la production céréalière pour la campagne agricole 2007/2008.».

Au Sénégal, le ministère de l’Agriculture a également en charge la sécurité alimentaire. Il lui reviendra donc, avant les autres, d’assurer que les producteurs locaux auront toujours le goût, les années à venir, à produire du mil et les autres céréales. Que ce produit ne devienne pas comme le fonio. Les bons chiffres de la production de cette céréale cachent le fait qu’elle est très localisée dans la région de Kolda, où elle est plus cultivée pour les besoins de la consommation domestique. 



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