Les politiciens sont les plus prompts à égrener les difficultés qui assaillent le monde rural. Cette fois, ce sont les paysans, eux-mêmes, qui portent leur propre deuil. Tout en crachant du feu sur le ministre de l’Agriculture.
La situation qui caractérise le monde rural, n’augure pas un bel avenir pour les producteurs. Le tableau dépeint hier par les paysans est sombre. Il fait suite au rapport pondu par le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), après une tournée de 18 jours dans 33 départements du pays. Dans ce rapport, les paysans étalent leurs mille misères, qui ont pour noms : inexistence d’une campagne de commercialisation, retard dans la mise en place des intrants de la campagne 2005/2006, mauvaise qualité, retard et insuffisance des graines mises à la disposition des producteurs, insuffisance et inaccessibilité des engrais et du matériel agricole, et une situation alimentaire préoccupante. «La campagne 2005 a été une catastrophe et les producteurs ne se reconnaissent plus dans la politique agricole menée par les autorités. Pour la campagne 2005/2006, il n’y a pas eu d’installations de points d’achat de graines. Par conséquent, on ne peut pas parler de campagne de commercialisation», relève-t-on dans le rapport. «A Guéoul, pour 1 616 carrés, il a été déposé 700 sacs de 50 kg d’arachides décortiquées, soit 21 kg par carré, dans la communauté rurale de Kelle Guèye, 106 tonnes de coques pour 8 834 personnes, soit 12 kg de coques par personne, dans la communauté rurale de Keur Momar Sarr, 40 tonnes pour 84 villages, soit 476 par village, à Ngueune Sarr, 1 kg d’arachide graine par tête d’habitant, à Darou Mousty, 50 kg de graines par carré». Autant d’exemples extraits du rapport et qui illustrent les problèmes liés à la qualité et à la quantité des semences distribuées. A cela s’ajoutent la mévente, la désorganisation, les bons impayés, le manque de financement, le comportement vicieux des Opérateurs privés stockeurs (Ops), se désolent les producteurs.
Dans ce même rapport, les paysans soulignent que jusqu’à présent, l’engrais est introuvable dans la plupart des régions. «Là où il (l’engrais), est disponible, les quantités sont très en deçà des besoins. La région de Tamba qui a reçu l’année dernière 3 000 tonnes en est cette année à 350 tonnes. Pour ce qui est du matériel agricole, 5 charrettes, 5 ou 6 houes, 2 ou 3 semoirs par communauté rurale comptabilisant une cinquantaine de villages en moyenne. Les femmes qui en réclament sont souvent écartées des ventes compte tenu de leur faible pouvoir d’achat. Les conditions d’accès aux tracteurs écartent les petits producteurs ruraux». Sur leur situation sociale, les paysans posent sur la table la question des vivres de soudure. Et sur ce registre, les producteurs, selon le rapport du Cncr, ont exprimé leur peine en entendant le ministre de l’Agriculture dire que «les gens ne doivent pas exprimer leurs besoins en vivres de soudure». «Soit ce ministre (Farba Senghor) méconnaît ce que le président de la République lui a confié ou alors il nargue les producteurs». Le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux rencontre la presse ce mardi pour tirer le bilan de sa tournée du 18 juin au 5 juillet 2006 dans 33 départements du Sénégal.
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