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RECRUTÉS A GUET-NDAR PAR LES BATEAUX CORÉENS : Le drame des pêcheurs ouvriers de la mer

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RECRUTÉS A GUET-NDAR PAR LES BATEAUX CORÉENS : Le drame des pêcheurs ouvriers de la mer

Si le secteur de la pêche s’est modernisé et avec l’intervention des bateaux de ramassage, c’est aussi une nouvelle forme de pêche qui est née. Ces navires, bien équipés, aident les pêcheurs devenus ouvriers de la mer à sortir de la crise. C’est une solution pour la réduction du chômage des pêcheurs. Mais, les difficultés subsistent parfois avec l’arraisonnement de bateaux pour violation des eaux territoriales et non-respect de la réglementation biologique.

L’histoire : les gardes-côtes bissau-guinéens ont arraisonné début septembre, deux navires de pêche industrielle à bord desquels, se trouvaient 467 pêcheurs Sénégalais. Et selon Sada Fall, secrétaire général du Collectif des Pêcheurs Artisanaux, « ces navires qui détenaient une licence de pêche, mouillaient dans les eaux territoriales de la Guinée-Conakry au moment de leur arraisonnement ». A l’en croire, les observateurs l’ont même confirmé, mais cela est loin d’avoir convaincu les autorités bissau-guinéennes qui ne démordent pas dans leur logique que les pêcheurs sénégalais ont pêché dans leurs eaux sans licences de pêche, et ont réclamé aux armateurs, une amende fixée à 125 millions de francs Cfa pour chaque embarcation. « Les deux bateaux doivent payer plus de cent millions, ce qui est exorbitant si l’on sait que ce sont des bateaux neufs qui en sont à leur première campagne », a-t-il indiqué tout en précisant que les pirogues ainsi que les moteurs font plus de 200 millions de franc CFA. Même si les pêcheurs ont regagné Saint-Louis, après le déplacement du ministre sénégalais Khoureïchy Thiam et l’affrètement d’un bateau pour leur rapatriement, le problème est loin d’être résolu.

Une rentabilité annuelle d’un milliard FCfa par bateau

Aujourd’hui, la pêche s’est modernisée avec les « bateaux ramasseurs » qui sont installés aux larges de nos côtes depuis des années. Les espagnols et les portugais ont été les pionniers de cette activité très fructueuse mais, vers les années 1986-87, les Coréens ont pris la relève avec leurs bateaux « sophistiqués » et bien « équipés ». Cependant, il faut préciser qu’avec la rareté du poisson, les prises ont lourdement chuté, passant de 600 tonnes à 250 voire 150 tonnes par campagne. Cela a poussé les pêcheurs qui descendaient vers la Casamance et la Guinée Bissau à changer de cap pour surfer dans les eaux sud-africaines, angolaises, sierra léonaises et gabonaises. « Il y a quelques années, on n’effectuait que 45 jours de campagne pour avoir de très bonnes prises mais aujourd’hui, force est de constater que la mer n’est plus poissonneuse et le problème est réel partout », a indiqué Maguette Diagne, un autre mareyeur également propriétaire d’un bateau, qui indique que pour plus de rentabilité et de gains, les pêcheurs sont obligés de faire des campagnes de deux à trois mois de marées. Si ces bateaux coréens étaient au nombre de 18 vers 1993, ils ne sont aujourd’hui que 8. Et selon Maguette Diagne, la rentabilité annuelle d’un bateau est de l’ordre d’un milliard de franc. « Tout cet argent est dépensé au Sénégal car, les pêcheurs qui reviennent de marées, l’utilisent pour acheter des vivres, des vêtements et aussi des maisons », a-t-il indiqué. Mais, pour Maguette Diagne et l’ensemble des mareyeurs, l’Etat doit savoir que la pêche fournit aux populations de Guet Ndar des emplois, atténuent leur pauvreté et les aident à renforcer leur sécurité alimentaire. « Sans ces bateaux, nous n’en serons pas là aujourd’hui. Et aujourd’hui, si nous disposions d’une vingtaine de bateaux supplémentaires, il n’y aurait plus de chômage à Guet Ndar. Il faut donc que l’Etat nous aide à multiplier ces flottes de pêche », a dit M. Diagne.

La seule source de revenus pour des milliers de jeunes

La pêche garantit l’existence économique de centaine de milliers de personnes, directement ou indirectement. Avec son potentiel de développement important mais inexploité, ce secteur a un poids extrêmement élevé dans notre économie. A Saint-Louis, particulièrement dans la Langue de Barbarie, elle représente l’un des premiers secteurs économiques et entretient un marché prospère, confirmant ainsi son rôle moteur dans le développement économique de cette localité. Avec la modernisation survenue, la crise de la pêche est omniprésente. Et à Guet Ndar, quartier de pêcheurs situé dans la Langue de Barbarie, où les familles sont très nombreuses, elle se fait de plus en plus sentir. Mais, avec les bateaux de ramassage, les populations qui s’activent autour du secteur de la pêche commencent à voir le bout du tunnel. Un grand nombre d’entre elles est employé par ces navires qui vont en marée à la quête du poisson qui a déguerpi les eaux sénégalaises pour migrer vers d’autres zones. Selon Mbaye Guèye Diagne, un mareyeur possédant un bateau, la donne a complètement changé. « Aujourd’hui, les bateaux permettent à beaucoup de familles de survivre puisqu’ils emploient beaucoup de jeunes qui gagnent beaucoup d’argent », a-t-il dit. Prenant son relais, le vieux Ndiaye Dieng, un pêcheur à la retraite, a magnifié l’arrivée de ces navires. « Guet Ndar est un village de pêcheurs et nous n’avons d’autres activités que la pêche. Aujourd’hui, nous sommes à la retraite et ce sont nos enfants qui assurent la relève, mais les choses ont vraiment changé et si ce n’étaient pas ces bateaux de ramassage qui emploient les jeunes et les emmènent en mer, ce serait la catastrophe », a-t-il dit. A ce jour, on dénombre plus d’une dizaine de ces bateaux à Saint-Louis, mais le seul hic, selon Mbaye Guèye Diagne, est la capacité par bateau qui est de seulement 230 personnes, soit 200 pêcheurs, 20 marins et 10 infirmiers et 40 pirogues.

« Avec tous les pêcheurs que compte Guet Ndar, on ne peut pas amener tout le monde, vu que nous n’avons que quelques bateaux. Il y a donc des limites », a-t-il indiqué, précisant que « l’Etat doit savoir que la pêche fournit aux populations de Guet Ndar, des emplois, atténue leur pauvreté et les aide à renforcer leur sécurité alimentaire. L’Etat avait promis des bateaux pour résorber le chômage, mais jusqu’à présent, rien n’a été fait. »

Ce mareyeur reconnaît, malgré tout, que ce travail est très garanti. « Ces bateaux nous ont beaucoup aidé. Les coréens nous font confiance et nous accordent beaucoup de crédit pour qu’on achète de la nourriture, du matériel de pêche », a-t-il indiqué. Tous les pêcheurs travaillent sous contrat et pêchent jusqu’à la fin de ce contrat avant de revenir. Une fois en mer, les pêcheurs engagés travaillent à plein temps pour avoir des gains.

Cependant, le mareyeur a tenu à préciser que le gain ne dépend que de la quantité de poisson obtenu. « Aussitôt arrivés, ils sont aussitôt payés », a indiqué le mareyeur qui ajoute que « plus on a du poisson, plus on gagne de l’argent. » Il a par ailleurs précisé que la majorité de leurs captures va directement à l’étranger, en l’Europe, en l’Asie et en l’Afrique du Nord, et certaines espèces revendues au Sénégal et dans certain pays de l’Afrique de l’Ouest.



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