Vendredi 26 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

[ C O N T R I B U T I O N ] : REFLEXION SUR LA MODERNISATION DE L’ECONOMIE SENEGALAISE

Single Post
[ C O N T R I B U T I O N ] : REFLEXION SUR LA MODERNISATION DE L’ECONOMIE SENEGALAISE

Le concept de Globalisation, a rendu obsolète les théories économiques de l’après seconde guerre mondiale. Les règles et méthodes de gestion de l’économie d’un Pays, sont devenues similaires à celles de la gestion des grandes entreprises multinationales, avec les mêmes contraintes et préoccupations de résultats.

Les trois facteurs paralysants qui handicapent le développement économique du Sénégal ainsi que des pays de la sous-région sont les suivants:

  1. Notre appartenance a une zone monétaire rigide, avec un Franc CFA artificiellement arrimé à l’Euro. Ce qui constitue un handicape majeur pour nos exportations, et contribue pour une très grande partie au déséquilibre de notre balance commerciale.  
  2. Nos rapports avec des institutions telles que le FMI ou la Banque Mondiale, qui le plus souvent s’avèrent être plus paralysants, qu’ils ne constituent des aides réelles pour stimuler nos économies.  
  3. L’Europe que beaucoup d’Africains s’entêtent à considérer comme un Partenaire, et qui dans les faits ne l’a jamais réellement été. Elle vient de prouver une fois de plus avec les APE, que sa seule vraie préoccupation c’est d’élargir encore plus son emprise sur le marche Africain, et non de créer les conditions d’un réelle partenariat économique avec les Pays Africains.

Essayons d’analyser un peu plus en détail l’impact négatif sur notre économie des trois problèmes cités en amont. 

Appartenance à la zone  Franc CFA

Un des effets pervers de l’arrimage du Franc CFA à l’Euro, c’est qu’un CFA artificiellement gonflé, accroit le déficit de la Balance Commercial en favorisant l’importation des produits libellées en monnaies faibles, précisément les produits en provenance des pays d’Asie, en même temps cela pénalise l’exportation de nos produits locaux, avec des coûts de production libellés dans une monnaie indexé sur l’euro.

Il ne faut pas perdre de vue que dans ces conditions, nos soi-disant Partenaires Européens vont préférer s’approvisionner en matières premières et autres intrants de leurs productions industrielles dans des pays à faible coûts de production, favorisés par des monnaies aux cours maintenus artificiellement  bas, ceci tout naturellement pour des raisons  de compétitivité favorable à leurs exportations.

Ce phénomène va donc à contre courant des stratégies de croissance que nos pays tentent de mettre en place, pour éradiquer la pauvreté, et stimuler la création de millions d’emplois dont l’Afrique à tant besoin.

Serge Michaïlof, un des experts de la Banque mondiale confirme Je le cite : « Le franc CFA est géré à Francfort, en fonction de critères n’ayant aucun rapport avec les préoccupations des économies africaines ».

Le Sénégal ainsi que les autres pays de la sous-région se doivent donc de trouver une autre alternative, qui pourrait être de sortir purement et simplement de la zone Franc, et créer une zone monétaire affranchie des contraintes qui nous sont imposées par la Banque centrale Européenne. Cela va surement nécessiter un certain nombre d’ajustements structurels, ainsi que des reformes en profondeur pour mettre en place de nouvelles politiques economiques concertées, capables de générer une croissance suffisante pour assurer le développement du Sénégal et de la sous-région. Les Européens l’ont réussi avec la création de la CEE et d’une monnaie unique qui est l’Euro. Il n’ya pas de raisons que les Africains n’y parviennent pas, si nous en avons la volonté politique.  

Nos rapports avec le FMI et la Banque Mondiale

Le problème dans nos rapports avec le FMI et la Banque Mondiale, ne réside pas dans le rôle que jouent ces organisations, mais plutôt dans la manière avec laquelle elles s’immiscent dans la gestion de nos Etats. Avec une vision le plus souvent standardisée, et qui le plus souvent ne tient pas compte des réalités intrinsèques de nos pays.

Le problème est que les experts de ces organisations sont le plus souvent des occidentaux, agissants en fonction de standard guidelines, et qui n’ont qu’une très faible connaissance des problèmes auxquelles nos pays sont confrontés.

Certaines recommandations du FMI et de la Banque mondiale, ont conduit à des émeutes dans certains pays, voir même créer une instabilité permanente qui en fin de compte a été plus désastreuse qu’elle n’a apporté de solutions.

Si on prend le cas des pays asiatiques par exemple, on se rend compte, qu’ils font beaucoup moins recours à l’assistance de ces organismes, et ce entre autres pour les raisons que j’ai évoquées précédemment.  

Une coopération tronquée avec l’Europe (les APE)

Prenons l’exemple des APE – (que je traduirai humoristiquement  par Astuces Préparant à l’Echec)

L’erreur de beaucoup de gouvernants Africains, c’est de continuer à compter sur une coopération illusoire avec l’Europe, ainsi que sur une aide extérieure le plus souvent assortie de conditions désastreuses pour nos pays, plutôt que de rechercher des solutions alternatives,  similaires a celles que les pays du Sud Est Asiatique ont su trouver.

Les soi-disant Accords de Partenariat Economiques, ne tiennent compte en aucune manière, des réalités économiques actuelles  de nos pays respectifs. Certains ténors de l’opposition politique Sénégalaise que je ne nommerai pas, reprochent au Président Wade de ne considérer que l’aspect Budgétaire, plutôt que de considérer les effets immédiats sur le porte-monnaie des Ménages, d’une baisse artificielle du cout de la vie, qui découlera de l’abaissement de nos tarifs douaniers sur certains produits importés d’Europe.

Ce que ces politiciens ont oublier d’intégrer dans leur analyse, c’est que la réduction des tarifs douaniers sur un certain nombre de produits importés d’Europe, va dans l’immédiat non seulement avoir un impact considérable sur le Budget national, mais surtout comme l’ai souligné plus haut, cela va considérablement pénaliser notre Industrie, qui sera dans l’incapacité totale de concurrencer ces produits qui viendront d’Europe, mais qui en fait seront fabriqués dans les pays d’Europe de l’Est ou d’Asie.

Ce qu’il ne faut pas aussi oublier, c’est qu’avec la Globalisation les entreprises Européennes ont déjà délocalisé une très grande partie de leur productions vers des pays à très faibles couts de production, où la fiscalité sur les revenus d’investissements privés est très souvent nulle ou alors minimale.

Demander aux pays africains de permettre l’introduction libre de certains produits manufacturés, ou de produits qui ne nécessiteraient pas l’apport de valeur ajoutée locale, c’est tout simplement demander à ces pays déjà pauvres de subventionner des entreprises européennes, au détriment de leurs industries locales, c’est surtout accroître le chômage et la pauvreté dans ces pays.

Si les européens nous disent qu’ils vont éliminer les tarifs douaniers qui s’appliquent sur certaines des matières premières importées d’Afrique, c’es que justement ces matières premières sont en grande partie des intrants pour leur production industrielle, qui pour une grande partie va être réexportée vers nos pays.

La bonne question étant la suivante: Devons nous continuer à subventionner l’Industrie européenne par le jeu de la détérioration des termes de l’échange ? 

Il serait totalement irresponsable de ne pas s’inquiéter entre autres, de l’impact immédiat d’une réduction des revenus budgétaires dû à une baisse de nos tarifs douaniers, sans autres formes de substitution de ces revenus par d’autres ressources. La conséquence étant la création d’un déficit dont les répercussions vont affecter certains postes budgétaires incompressibles tels que : La Santé Public, l’Education Nationale, le traitement de Fonctionnaires etc.

Nous devrons certainement réduire les tarifs douaniers sur certains produits que nous importons, mais il faudra le faire dans l’optique d’aider notre industrie locale, dans le même esprit que les européens le font pour supporter leur propre économie

L’Europe a besoin de traiter l’Afrique en Partenaire responsable. Un accord de Partenariat comme son nom l’indique doit tenir compte des réalités ainsi que des besoins à court et moyen terme des pays Africains. L’Afrique à besoin de croissance économique, pour endiguer le chômage endémique qui frustre nos populations et pour éliminer la pauvreté. Pour cela l’Afrique a besoin d’une économie forte capable de créer des richesses, et non d’aggraver la détérioration des termes de l’échange comme cela a été le cas pendant plusieurs décennies, et continuera d’être le cas avec les APE dans la version actuelle.  

La prise de conscience de ces phénomènes doit nous responsabiliser encore plus, et nous obliger à faire preuve de plus de créativité quant á nos choix stratégiques ainsi qu’á nos alliances, en matière de politiques économiques. 

Le Sénégal dispose des ressources tant sur le plan naturel que humain, pour être capable de conduire les reformes nécessaires a son développement économique.

Mais il faudra pour cela que tous les Sénégalais ensemble, au delà des clivages partisans, aient la volonté politique d’y parvenir.

La modernisation de l’économie Sénégalaise passe inéluctablement par les quatre axes suivants:

  1. Le développement de nos Infrastructures de base et le désenclavement de nos villes et villages les plus reculés  

    Il ne peut y avoir de développement économique significatif et durable, si les Infrastructures de base sont inexistantes ou précaires dans notre pays.

    Le Président Abdoulaye Wade l’a si bien compris en lançant l’initiative, de moderniser nos infrastructures Routières, Ferroviaires, Aéroportuaires et Technologiques (Télécommunications, Informatique).

    Le Sénégal fait partie des pays les plus en pointe en Afrique, sur le plan des infrastructures Informatiques et des Télécommunications. Cependant il nous reste encore beaucoup à faire, pour rattraper notre retard par apport aux pays d’Europe, d’Asie, ou d’Amérique du Sud.

    Comme j’en ai fait référence plus haut, la Globalisation est notre principal concurrent.

    De nos jours les compagnies multinationales peuvent acheter ou faire produire n’importe ou dans le Monde.  La seule condition déterminante étant les coûts de production, et la rapidité d’exécution.

    Les Actions du Président Wade dans le sens de développer le plus rapidement possible nos infrastructures sont très louables, et elles doivent être maintenues en priorité, si nous voulons attirer les grandes entreprises multinationales ainsi que des investisseurs privés dans notre pays. 

  1. La modernisation de notre Agriculture

    Durant les années qui ont précédé l’alternance, des centaines de milliers d’hectares de terres arables ont été laissées à l’abandon, faute d’une politique agricole cohérente. La remise en valeur de ces terres avec l’introduction de techniques agricoles modernes, combiné avec une politique de diversification des cultures, incitera nos paysans aujourd’hui refugiés dans les villes à vouloir retourner travailler la terre.

    Un peuple qui a faim est un peuple incapable de penser - L’autosuffisance alimentaire est la condition indispensable à notre indépendance économique et à notre développement.

    Beaucoup des denrées de premières nécessite qui sont actuellement importées d’Europe et d’Asie sont cultivables dans notre pays. La qualité des terres ainsi que les conditions climatiques sont favorables, pour nous permettre de produire de façon compétitive, tous les agrumes et autres fruits et légumes que nous importons aujourd’hui à des prix prohibitifs.  
     

  1. La modernisation et le développement de notre Industrie

    Nous devons initier une politique ambitieuse de substitution des importations. Ceci permettra de produire localement un certain nombre de biens de consommation que nous importons, et qui pénalisent lourdement notre économie. Ceci non seulement déséquilibre notre balance commerciale, mais surtout cela constitue un transfert vers d’autres pays, d’un grand nombre d’emplois qui auraient dû être crées localement.

    Du fait de notre situation géographique extraordinaire, Le Sénégal dispose d’atouts inégalables pour concurrencer les pays du Sud Est Asiatique, d’Europe de l’Est, ou d’Amérique.

    Le Président Wade à la veille de l’alternance nous faisait part de son rêve, de voir le Sénégal un jour produire la voiture Africaine, ce qui en terme de bon sens constitue une meilleure idée, que de vouloir baisser nos tarifs douaniers pour encourager l’importation de voitures venues d’ailleurs, en créant des emplois ailleurs.  

    Une telle initiative ainsi que d’autres plus ambitieuses peuvent voir le jour, si des Sénégalais entreprenants s’en donnent les moyens.

    Une myriade d’organismes financiers privés (Venture Capitalists) de par le monde, sont prêts à investir dans de tels projets, si on leur présente un bon Business Plan prouvant la rentabilité.

    Ces mêmes Venture Capitalists disposent de centaines de milliards de Dollar, et ils sont toujours à l’affut de projets rentables dans lesquels ils peuvent investir, sans avoir à nous imposer des contraintes aussi draconiennes que celles de la Banque Mondiale ou du FMI.

    Le Sénégal a besoin d’idées généreuses et ambitieuses ! Les acteurs economiques de notre pays, qu’ils soient du secteur public ou privé, doivent élaborer leurs stratégies, en s’associant avec des partenaires respectueux de leurs intérêts mutuels.

    L’Etat bien entendu doit jouer son rôle de régulateur et d’arbitre, mais en aucun cas il ne doit être considéré comme un « Etat Providence »,  et il serait fallacieux de penser que l’Etat seul peut et doit tout régler. 

  1. Le développement des services à valeur ajoutée

    Le marché des services outsourcing, c'est-à-dire des entreprises publiques ou privés qui souhaiteraient faire exécuter tout ou partie du traitement de leurs données Informatique par des sociétés de services externes, est estimé pour les seuls Etats Unis à plus de 250 Milliards de Dollar, pour la période allant de 2007à 2012, et ces chiffres vont certainement progresser dans les années qui suivent.

    Une grande part de ce marché, qui du reste ne nécessite pas des investissements colossaux, va actuellement dans les pays du Sud Est Asiatique, et vers l’Europe de l’Est. Les Patrons de sociétés américaines qui sont des gens réalistes, et qui avant tout se soucient de la rentabilité de leurs entreprises, n’hésiteraient pas un seul instant, à nous offrir des marchés si nous arrivons à leur démontrer que nous disposons des infrastructures nécessaires, et que nous avons les ressources humaines qualifiées pour effectuer le travail à un prix légèrement plus avantageux.

    Là aussi les acteurs du secteur privé Sénégalais doivent faire preuve d’initiative en créant des alliances avec des entreprises spécialisées dans ce type de services aux USA et en Europe «Ce seul secteur peut permettre la création de centaines de milliers d’emplois, comme c’est le cas actuellement dans les pays prestataires de services ».     

Les Possibilités sont nombreuses et ouvertes, l’initiative individuelle des Sénégalais fera le reste. Mais le gouvernement du Sénégal doit donner un coup de pouce supplémentaire en prenant des initiatives courageuses sur le plan fiscal, dans la même ligne que celles déjà commencées.

Il faudra encore abaisser de manière significative et permanente l’impôt sur les revenus d’investissements de façon à encourager l’arrivée de flux de capitaux privés étrangers dans notre pays. 

Enfin pour terminer je dirai que les pays d’Afrique de la sous-région doivent harmoniser leur politiques economiques et financières à l’image de l’Europe, qui elle a compris il ya plus de 50 ans, que le seul moyen d’échapper aux effets pervers de l’hégémonie Américaine, était de faire bloc ensemble.

L’Afrique doit utiliser ce <Benchmark> pour se sortir de l’impasse. Car il est tout à fait absurde et totalement inconcevable qu’un continent qui détient à lui seul plus du tiers des richesses de la planète, puisse encore être le continent le moins avancé du monde. 

Mohamed Fadel Gueye

Atlanta – USA Tel: (678)849-6612

[email protected] 



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email