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Economie

REMISE DE L’AVIS ANNUEL DU CONSEIL DE LA REPUBLIQUE A WADE : L’ordonnance du «docteur» Jacques

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REMISE DE L’AVIS ANNUEL DU CONSEIL DE LA REPUBLIQUE A WADE : L’ordonnance du «docteur» Jacques

Le Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales (Craes), dans le second Avis qu’il remet ce matin au président de la République, ne voit pas tout en rose dans la situation sociale et économique du Sénégal. Si cependant, Me Mbaye-Jacques Diop et ses collègues portent la critique sur la situation de certains secteurs de l’économie sénégalaise, ils ne le font pas dans l’esprit de personnes qui souhaitent un bouleversement total de la manière de conduire les affaires de la Nation. Ce qui réduit d’autant leurs avis. La situation de l’agriculture est symptomatique de leur manière de voir l’ensemble des affaires du pays.

La revue de la situation de l’agriculture sénégalaise, telle que l’analyse la Chambre consultative pour 2005, est indicative des rapports que ce Conseil nourrit avec l’Exécutif. Dans leur souci de voir les paysans sortis de l’ornière, les collègues du Président Mbaye-Jacques Diop font des constats et indiquent des solutions, qui vont dans le sens d’encourager le président de la République dans sa vision de l’agriculture sénégalaise en général. Ainsi, quand ils disent que, dans le bassin arachidier notamment, les agriculteurs souffrent d’un taux élevé d’analphabétisme, qui freine les efforts de l’Etat en matière de conseil agricole et rural entre autres, ils renforcent l’opinion du chef de l’Etat. On sait que le chef de l’Etat a toujours déclaré que pour lui, les paysans du Sénégal devaient être bardés de diplômes et pouvoir discuter du cours des produits agricoles sur les marchés de grandes capitales étrangères. De même, quand les membres du Craes déplorent la capacité réduite des producteurs, qui travaillent sur des surfaces qui n’excèdent pas l’hectare, on se rappelle le rêve de Me Wade de transformer les cultivateurs sénégalais en agriculteurs qui cultivent sur des centaines ou de milliers d’hectares. Comme les gentlemen-farmers anglo-saxons.

Les quelques moments où l’Avis va à l’encontre des mesures prises sur le plan économique portent, par exemple, sur la situation de la filière tomate dans la vallée. Ainsi, les conseillers déplorent que l’Etat ait mis en place des conditions de concurrence déloyale à l’encontre de producteurs de la vallée : «A cet égard, l’exemple de la tomate est assez édifiant. En effet, l’accord entre la Socas et les groupements de producteurs de tomate de la région du fleuve, avait servi de catalyseur au développement de la filière. Le démarrage d’une nouvelle unité industrielle, produisant du triple concentré à partir d’intrants importés, a remis en cause les perspectives de développement de la filière et le cercle vertueux (valorisation des ressources locales, augmentation des revenus ruraux et recul de la pauvreté, etc.)» Sans entrer dans les détails, le Conseil de la République demande à l’Etat de «reconsidérer la situation de la filière tomate», dans l’espoir d’avoir une issue heureuse au problème.

Mais pour ce qui est d’autres filières, les solutions sont bien différentes. Ainsi, concernant la filière de l’arachide au Sénégal ; aussi bien dans la vallée du fleuve Sénégal, où se développent des cultures des produits comme le riz, l’oignon ou la tomate, que dans la Bassin arachidier, les missions du Craes ont pu remarquer le marasme du paysan sénégalais. Ainsi, pour expliquer la faiblesse de développement de l’agriculture dans la Vallée, l’Avis du Conseil met le doigt sur «la faiblesse des superficies irriguées et le rythme d’aménagement de la Vallée ; l’incertitude et les vicissitudes de la commercialisation des produits agricoles comme le riz et l’oignon ; le coût élevé des intrants agricoles ; la vétusté des rizeries», entre autres. Pour la région de Kaolack, par contre, les contraintes prennent le visage de l’analphabétisme, de la faible capacité d’investissement des paysans, ainsi que des difficultés de commercialisation de l’arachide.

A ce titre d’ailleurs, les recommandations du Craes sur le futur de la culture arachidière tendent à renforcer les vues de ceux qui pensent que ce produit a un avenir sombre au Sénégal. Au moment où beaucoup d’inquiétudes pèsent sur l’avenir de la Sonacos, le Craes pense que l’arachide d’huilerie ne peut plus «assurer le rôle de moteur de l’agriculture et de la croissance, du fait de la forte concurrence subie par l’huile sur le marché mondial». Et de suggérer que l’accent soit mis sur le développement de la culture de l’arachide de bouche. Aussi pertinentes que puissent être ces remarques, elles ne sont pas nouvelles, ayant déjà été portées par l’ancien ministre de l’Agriculture, Habib Sy, lors de l’ouverture de la dernière campagne de commercialisation de l’arachide, en décembre dernier. Rien de révolutionnaire donc, dans les avis de Me Mbaye-Jacques et de ses amis.

Pour le reste, les solutions que les Conseillers proposent sont, pour la plupart, déjà mis en œuvre ou en cours d’élaboration. Quand ils parlent de réforme agraire, grâce à des investissements structurants, ils ne précisent toutefois pas quel secteur ils ciblent. La chose mérite d’être notée car, plus bas, ils recommandent la création de pistes de production pour désengorger le monde rural, le renforcement du conseil agricole et rural, la mise en place de bassins de rétention, le financement des paysans à des taux plus ou moins abordables (7,5% pour le crédit campagne, tout de même !), et la contractualisation entre groupe agro-industriels et paysans, comme c’est le cas entre la Socas et les producteurs de tomate.

L’introduction de ce second Avis, qui atterrit aujourd’hui sur la table du chef de l’Etat, indique la portée de ce travail : «Il s’agit de faire le point de la mise en œuvre de ces politiques (macroéconomiques et sectorielles) en évaluant l’impact des voies d’approche et en recommandant des mesures aptes à accroître leur efficacité.» En clair, il ne s’agit point ici d’une critique qui tendrait à une remise en cause totale de ce qui a été fait à ce jour.

Le constat se retrouve donc dans les autres secteurs de la vie économique passée en revue. Ni pour l’élevage, ni pour la pêche ou le commerce, aucune critique profonde de l’approche gouvernementale n’est portée contre le travail accompli par les démembrements de l’Etat.

 



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