RENCONTRE DES PAYS NON PRODUCTEURS DE PÉTROLE : Me Wade prône les biocarburants• Urgence à créer un fonds africain de stabilisation des cours du pétrole

S’organiser ou périr ! L’appel est de Me Abdoulaye Wade à l’endroit des pays non producteurs de pétrole (Panpp). Et cela ne doit pas entrer dans les oreilles d’un sourd. Tant la situation engendrée par la fulgurante montée des prix de l’or noir ne plaide pas, économiquement parlant, pour un avenir radieux.

Le Président Abdoulaye Wade, en ouvrant hier matin les travaux de la conférence des ministres des pays non producteurs de pétrole dans la perspective de mise en place d’une association, a tiré la sonnette d’alarme. En hausse continue, les cours du pétrole ont franchi, le 14 juillet 2006, la barre symbolique de 75 dollars, et dans le même temps les prévisions relèvent le niveau à 100 dollars avant fin 2006. “ Ces hausses intempestives sont plus le fait de la spéculation que la traduction des lois économiques de l’offre et de la demande. Car, cette loi économique suppose que l’offre soit libre et obéisse aux incitations du marché du côté de la production et non qu’elle fasse l’objet d’une manipulation ”, estime Me Wade. En tout état de cause, les conséquences de cette hausse influent de manière néfaste sur les économies des pays non producteurs de pétrole et hypothèquent leur développement.

Et le président de la République de dire sa vérité de la situation : “ les producteurs de pétrole sont en situation d’entente monopolistique ”. Même si, cela profite aux pays africains producteurs de pétrole (Papp), elle constitue un lourd fardeau pour les autres obligés de faire face à l’importante surcharge de la facture pétrolière.

Fonds de stabilisation

C’est la raison pour laquelle, le Chef de l’État qui en avait fait la proposition à ses pairs lors du dernier sommet de Banjul, estime qu’il devient “ impérieux de prendre des mesures visant à supprimer cette surcharge ”. Aussi propose t-il, des prélèvements sur la rente des pays producteurs de pétrole au profit des pays non producteurs de pétrole, l’engagement de la communauté internationale à supporter une partie de cette surcharge qui efface les effets positifs des annulations de dettes au titre des pays pauvres et très endettés (Ppte). Le partage par les pays producteurs de pétrole et la communauté internationale de la surcharge financière due à la hausse du prix du baril, au-delà du prix de référence de 2003, incite à l’accélération de la mise en place du fonds africain de stabilisation du cours du pétrole dont le mécanisme est assez bien connu. Me Wade a également préconisé le développement à l’échelle continentale des biocarburants à partir de cultures énergétiques en s’inspirant de l’expérience brésilienne. “ Le développement de cette énergie propre est d’autant plus pertinent qu’elle requiert la disponibilité d’immenses terres cultivables où l’Afrique bénéficie d’un avantage certain ”, indique le Chef de l’État. A cet effet, Me Wade espère voir le continent africain devenir le premier fournisseur mondial de biocarburants c’est-à-dire d’énergie propre.

Plantes énergétiques

Toutefois, il a mis en garde contre toute forme d’exploitation des populations rurales. Lesquelles, selon Me Wade, doivent jouer un rôle central de producteurs de plantes énergétiques, afin de relever considérablement le niveau de leurs revenus en lieu et place de concessions de terres à des groupes financiers étrangers, sauf s’ils sont en joint-venture avec des Africains. Le président de la République a par ailleurs prôné la création d’une association des pays africains non producteurs de pétrole qui doit être un cadre de concertation et de dialogue susceptible de prendre en charge les intérêts de l’Afrique, particulièrement des pays non producteurs de pétrole. La solution de substitution, de l’avis de Me Wade, peut être organisée autour de la solidarité africaine.

Le ministre de l’Énergie et des Mines, Me Madické Niang, a surtout souhaité que cette rencontre avec ses collègues des pays non producteurs de pétrole puisse déboucher sur une stratégie de solidarité et de gestion des contraintes.