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Economie

WADE ET LE RIZ INDIEN : Une excellente solution à un faux problème

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WADE ET LE RIZ INDIEN : Une excellente solution à un faux problème

“Wolof danaan : kuy jaay ker, ba jànt soo, nga làlli” (un vendeur d’ombre décampe au coucher du Soleil).

Le président Abdoulaye Wade a l’habitude de détourner l’attention des Sénégalais, en proposant des solutions « lumineuses » à des problèmes que ces derniers ne se sont jamais posés. Et comme ces propositions ne sont pas destinées à trouver des solutions à des problèmes. Plus les mirages de solutions sont merveilleux, mieux ils accrochent.

C’est exactement ce que Wade vient de tenter, une fois encore, en « révélant » un accord de fourniture d’une quantité de 600 mille tonnes de riz par an, par le gouvernement indien, au Sénégal. Mais qu’y a-t-il de particulier qu’un pays producteur du riz en vende à un autre pays, importateur, celui-là ?

Si le riz était devenu une denrée rare sur le marché mondial, la déclaration de Wade aurait constitué, à n’en pas douter, un triomphe. Mais comme nous le rappellent les dirigeants de l’Unacois, le riz ne se raréfie pas sur le marché, il se cartellise. Comme le pétrole.

Par conséquent, même si le président nous donnait la preuve que l’Inde est disposée à nous vendre cette quantité annuellement (ce qui reste à démontrer), cela n’aurait pas d’impact sur la tension qui sévit sur le marché. L’Inde étant un pays à économie de marché, son Premier Ministre n’a aucun pouvoir à dicter aux producteurs de riz un prix au rabais et de faveur . Tout au plus, le gouvernement indien peut subventionner cette denrée en prêtant au contribuable sénégalais. Cette tactique de diversion par la fascination est une trade mark ou une marque de fabrique, un marque déposée) d’Abdoulaye Wade depuis son accession au pouvoir. Il réfléchit toujours à des problèmes que personne ne se pose. L’exemple le plus patent est cette corniche, qui, même avant d’être commencée, avait fait l’objet d’une grande fierté … paternelle : « Karim, je dirai à ta mère, que tu as bien travaillé.

Même si la corniche est très belle, il n’en reste pas moins vrai que bien avant que les milliards dépensés pour la construire, le corridor Aéroport-Ouakam-Soumbédioune-Dakar-Plateau, n’a jamais posé un insurmontable problème de circulation automobile. Les difficultés sur ce tracé ne se posaient aux automobilistes que durant deux heures le matin (7h-9H) et deux heures l’après-midi (17h-19h).

Mamadou Seck (de Mbao), ancien ministre des transports avait trouvé une solution sans bourse délier, en imposant une circulation à sens unique durant ces heures de pointe. Si cela n’était pas suffisant pour avoir la « plus belle corniche de l’Afrique de l’Ouest », la « solution Mamadou Seck », ne permettait pas de renflouer les amis de ceux qui pensent que dans notre pays, se côtoient désormais, les « parleurs » et les « concrets ».

Pendant ce temps, les habitants de la Médina, de Baraka, de Kaay Findiu, de Tally bu mag, Thiaroye Gare, Tally Diallo, de Rufisque, de Guédiawaye, ne se sentent aucunement concernés par les infrastructures de « nouvelle génération » et persistent à croire que pour « les concrets », Dakar ne se limite qu’en bordure de mer.

Toujours au chapitre des belles solutions aux problèmes qui ne se posent pas, Wade vient de trouver le stratagème de la Grande offensive agricole pour mettre à la disposition de « ses » gens les moyens de gagner de l’argent en abondance. Il parle de milliers d’hectares de terre, de capital financier et de voitures 4x4. Le Sénégal, un pays plat d’un peu moins de 200 000 km_, n’a jamais eu de difficulté à trouver de surfaces arables pour son agriculture. En dehors des contreforts du Sénégal-Oriental, des terres salées du Saloum ou de Casamance, le pays n’a jamais été confronté à une question de révolution agraire.

Or donc, si Wade se réveille un beau matin pour offrir des terres, de l’argent et des véhicules à des soit-disant (nouveaux) fermiers (en éclipsant royalement les « anciens » paysans , pour créer « la nourriture et l’abondance », on peut revenir à la même interrogation qui consiste à demander si le président veut régler le problème de la cherté de vie, ou s’il en profite pour enrichir des individus qui sont prêts à chanter ses louanges et accompagner une génération qui devient concrètement plus agressive dans son désir d’aller vers le sommet, ù elle tr^ne déjà.

Si l’histoire pouvait servir de guide, les Sénégalais devraient être très sceptiques face à un gouvernement qui réunit des jeunes citadins pour leur offrir des ressources matérielles et financières en vue de créer des entreprises, quelle qu’en soit le domaine d’activité.

Le président a-t-il oublié l’ « opération maîtrisards » initiée dans les années 80. En ces temps-là, le gouvernement Diouf, face au problème de l’insertion dans le monde du travail, de toute une génération de jeunes Sénégalais titulaires d’un diplôme de maitrise, avait mobilisé d’importantes ressources financières, supportées par le contribuable, pour mettre à la disposition de cette génération de jeunes cadres, les moyens de devenir des capitaines d’industrie. L’opération fut un échec retentissant. « Jàngul tari, wax feeñ ». (On ne devient pas maître d’une science qu’on n’a pas apprise).

Abdoulaye Wade compte t-il vraiment et sérieusement sur les jeunes citadins réunis vendredi dernier au stade Iba Mar Diop pour développer la nouvelle agriculture sénégalaise ?

On se demanderait alors, comment se fait-il que des réalités aussi simples, puissent échapper à un homme qui a pu battre le Ps et devenir président du Sénégal. La réponse est que ces réalités ne lui échappent pas du tout. Il veut toujours nous proposer, pour nous distraire, des solutions à des problèmes qui ne se posent pas à nous.

A la fin de toutes ces manœuvres, il nous restera à accepter que le prix des denrées céréalières qui se cartellise de jour en jour, échappe à notre contrôle comme l’est le prix du pétrole. En attendant de créer cette « abondance » que Wade n’a su impulser depuis huit ans qu’il est à la tête du pays, le président sera obligé par la rue, d’opérer des coupes sombres sur le budget de fonctionnement de son gouvernement. Le plus tôt sera le mieux pour lui, en commençant par le plus budgétivore des structures de l’administration : la Présidence de la République.



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