«Un procès-verbal galvaudé conduit inévitablement à une procédure viciée», a lancé Me Mbengue, à l’entame de sa plaidoirie. Fustigeant énergiquement une attitude du tribunal qu’il qualifie de foncièrement préjudiciable à son client qui se voit ainsi contraint de porter le chapeau. Dans une affaire où l’inspecteur de police Djiby Sène, qu’il considère comme le cerveau, devait comparaître non comme témoin, mais comme co-prévenu. Pour cause : Ndèye Fatou Ndiaye s’active à trouver des visas à des gens. Ainsi, elle sera une fois mise en rapport avec un certain Ousmane Thiam qui, déclarant pouvoir trouver des visas par l’intermédiaire d’un chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères, finit par lui présenter l’inspecteur Djibril Sène. Après des péripéties tordues et quelques retards accusés dans les promesses originellement faites, un visa est bel et bien reçu par Ndèye Fatou Ndiaye.
Dans ce domaine où la moindre réussite d’une procédure attire une avalanche de demandes, le créneau étant plus que lucratif, Ndèye Fatou se vit confier d’autres «missions» et attira bien évidemment d’autres démarcheurs. Qui, pour se rendre «compétitifs» lui proposent des formules moins astreignantes et plus fiables. Ainsi, entre en scène le nommé Maguette Bâ, qui déclare à Ndèye Fatou que le même chef de cabinet du ministre lui avait confié la tâche de trouver des clients intéressés par des visas en Italie :une délégation du ministère devant séjourner dans ce pays pour un séminaire, le quota de visas autorisés n’étant pas épuisé, le reste des places était à «négocier». Pour rendre le «marché» plus attractif, il ajoute que le paiement de la redevance se ferait à l’embarquement. On ne peut pas trouver mieux et Ndèye Fatou «souscrit» à cette véritable assurance. Trois demandes sont introduites auprès de Maguette qui, pourtant, quelques jours après, revient pour faire comprendre à Ndèye Fatou, qu’il y avait quand même des frais à payer. Surprise et perplexe, Ndèye Fatou cède pourtant, surtout que le nom de l’inspecteur Djibril Sène y est encore associé
Les attentes furent vaines et l’espoir de trouver un visa, encore moins de recouvrer les 1500.000fcfa versés comme frais s’envola.
A la barre, le mis en cause Maguette Bâ soutient mordicus avoir remis 1.500.000cfa à la plaignante Ndèye Fatou devant l’inspecteur qui le lui aurait lui-même donné.
Me Guèye, partie civile, déclare avoir obtenu de l’inspecteur de police l’assurance absolue qu’il n’a jamais remis de l’argent à Maguette Bâ. Il aurait rencontré le volage inspecteur dans les couloirs du palais venu demander au procureur la permission de faire défaut au tribunal pour des raisons de famille. Maguette Bâ est seul obligé de fournir la preuve de ses allégations selon lesquelles il a remis la somme réclamée à Ndèye Fatou. A la suite de la partie civile qui demandera le paiement de dommages et intérêts d’un montant de 1.500.000fcfa, le parquet déclare le prévenu atteint et convaincu du délit d’escroquerie et de le condamner à 3 mois ferme.
Me Mbengue, visiblement excédé par le fait que cet inspecteur de police, n’ait pas comparu, il demande pour cela la relaxe pure et simple, ou à défaut, de manière extrêmement subsidiaire, de bien vouloir lui faire une application bienveillante de la loi.
Le Tribunal, après en avoir statué, a déclaré le prévenu Maguette Bâ coupable, le condamne à 3 mois avec sursis et à payer à la victime la somme de 1.500.000fcfa.
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