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Dakar : Babacar Diop re-condamné aux travaux forcés à perpétuité.

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Dakar : Babacar Diop re-condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Malgré une décision de cassation de sa première condamnation à la même peine infamante, une enquête de personnalité qui lui était favorable et les plaidoiries pathétiques de ses avocats, le meurtrier de Mor Diop retourne à la case de départ.

Le 06 juillet 1995, aux environs de 21 heures à l'arrêt des ‘cars rapides’ sis en face de la pharmacie de Darou Salam à Thiaroye, l'apprenti Mor Diop s'est vu arracher son porte-monnaie contenant les 7 500 francs de recette journalière, avant de recevoir deux coups de couteau de son agresseur qui a réussi à s'enfuir. Mor Diop succombera à ses blessures lors de son évacuation à l'hôpital. L'auteur du forfait n'avait pas été identifié, encore moins appréhendé, mais les investigations menées avaient abouti à un certain Babacar Diop présenté comme un délinquant notoire qui sera finalement arrêté par la gendarmerie sur signalement d'un indicateur. Hier à la barre de la cour d'assises, l'accusé a, sans difficulté, reconnu les faits, confirmant en cela ses déclarations faites devant les limiers et le juge d'instruction. Mais s'empressera de dire qu'il avait agi sous l'effet de la drogue.

Me Mamadou Diaw, avocat de la partie, par ailleurs oncle de la victime, insistera sur le fait que le meurtre était pour Babacar Diop ‘le seul moyen de pouvoir voler’ un Mor Diop costaud et physiquement plus fort qu'un assaillant surpris par la vive résistance qu'il lui a opposée. D'autant, renchérit l'avocat général que Babacar Diop était jusque-là habitué aux proies faciles que sont les parures, porte-monnaie et autres objets des bonnes dames au marché. Serigne Bassirou Guèye, réputé pour sa ‘main lourde’ dira que l'accusé avait rodé 30 minutes sans voir ses victimes habituelles avant de se défausser sur le pauvre apprenti-chauffeur. Et pour démontrer l'intention criminelle de l'accusé au moment des faits, le bouillant ‘parquetier’ indiquera à qui veut l'entendre les parties vitales du dos et de la poitrine de la victime comme siège des coups de couteau dont le second sera fatal. Ce que confirme le certificat de genre de mort qui a conclu à ‘une mort par plaie cardiaque’. Fort de ces éléments, le ministère public demandera à la cour de lui infliger une seconde fois la corvée à ‘perpét’.

Les avocats de la défense que sont Mes Youssou Camara et Khalel Abou El Hooda, s'appuyant sur la bagarre et la confusion qu'il y a eu entre l'agresseur et la victime soutiendront la thèse de la force majeure pour conclure à l'homicide involontaire. Mais le crime a été surtout pour la défense, notamment Me Camara, d'étaler à la barre les tares de la société. à la lumière du chemin de l'odyssée de malheurs qu'a connu leur client depuis sa conception. Ce, sur la base d'un rapport d'expertise qui a passé au crible les moindres coins et recoins de vie de Babacar Diop, de la répudiation de mère en grossesse rejet par un père anti-modèle en passant par la promiscuité et les débuts délictueux du larcin Babacar. Mais ce bel édifice ne résistera pas à la charge explosive d'une peine de travaux forcés à perpétuité. Une bombe répressive dont l'onde de choc est encore étourdissante, tellement qu'elle aura été inattendue. A commencer par l'accusé qui s'est effondré en larmes.

Rrtour à la case départ : Les raisons d' un verdict surprenant.

Que s'est-il donc passé pour que le jury ait opposé un niet si catégorique au désir de Babacar Diop d'‘aider sa mère’ ? La question taraude les esprits de plus d'un dans les salons de Dakar. Ils sont en effet nombreux ceux-là qui ignorent sans doute, que c'est faute d'une peine de mort abolie que le ministère public a requis la corvée perpétuelle. En fait, selon les sources judiciaires, il y a bien des raisons à ce troisième drame de Babacar Diop. Au nombre desquelles diverses attitudes de l'accusé à la lisière de la survie et de la défiance vis-à-vis du jury et du parquet. De sorte qu'il aurait lui-même contribué à ‘gâcher sa vie’ (ce sont ses propres termes) en se privant des circonstances atténuantes, seul mécanisme d'humanisation de son triste sort. D'abord on cite l'‘outrecuidance’ d'avoir fait désavouer en 2001 l'auguste cour d'assises (qui aurait accusé le coup moral) par la cour de cassation. Il faudrait en effet remonter aussi loin que possible pour retrouver une décision de cours d'assises censurée. Mais cet argument, s'il s'avérait, serait pour le moins spécieux, le malheureux n'ayant dans ce cas comme seul tort que d'avoir usé d'un droit fondamental reconnu et garanti par les lois pour tout condamné. Plutôt qu'une rancune morbide judiciaire dont serait victime l'accusé, on peut en revanche lui reprocher d'avoir prêté le flanc par un mensonge fabriqué de toute pièce pour la circonstance. Le fait d'avoir voulu grincer la machine judiciaire par l'introduction de ‘pions’ dans les moteurs n'a mais alors pas du tout échappé à ses juges qui y ont vu un manque de repentir, en tout cas une contradiction avec quelqu'un qui onze ans après veut faire amende honorable. Pourquoi attendre si longtemps pour dire quelque chose qui n'ait été jusque-là dit ni à l'enquête préliminaire, ni à l'instruction ? Et le plus grave dans tout cela c'est qu'il s'est livré, à la surprise même de ses avocats à un exercice de lynchage du célèbre officier Aynina Ndao auteur des procès-verbaux d'enquête et patron de la brigade de gendarmerie de Thiaroye au moment des faits. Est-ce la raison pour laquelle il ne les avait pas signés ? Tout porte à le croire, mais le curieux est alors que la mention ‘ne sait pas signer ou refuse de signer’ n'est pas portée.

L'accusé s'est même permis de mentionner en des termes peu reluisants des noms de juges d'instruction ayant eu à traiter de son dossier. Suffisant alors pour que son conseil Me Camara rue dans les brancards pour limiter les dégâts en le démentant : son client n'a jamais été sous l'emprise de la drogue au moment de commettre son forfait. Mais, l'opération de sauvetage était manifestement tardive. Le vin était quelque part déjà tiré pour que l'accusé le boive jusqu'à la lie. Il ne lui reste plus qu'à souhaiter l'obtention d'une grâce présidentielle.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:36 PM)
    --
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