Samedi 12 août 2006. Il est 1 heure à la Médina, dans l’un des premiers et plus populaires quartiers de Dakar. Ici, depuis plusieurs heures, regroupés en petites bandes, les jeunes du quartier se sont rejoints et se concertent sur la décision à prendre contre « le bar Léna ». Jadis salon de coiffure, le local, abandonné par son premier propriétaire, a été repris par un nouveau gérant. Et, contrairement à sa vocation première, Léna, la propriétaire en fera un Bar. « Ce bar, nous explique une source, existe depuis plus de vingt ans ». Et, nombreux sont les noctambules Dakarois qui y sont, un jour ou l’autre, venus noyer leur chagrin. Si au début, la cohabitation entre le bar et les populations n’a pas fait beaucoup de bruits, des oppositions ont très tôt, commencé à naître. Joint au téléphone, une source policière affirme que « C’est pour un problème de sonorisation qui est à l’origine de la première altercation». « La pollution sonore, selon un jeune que nous avons joint à la Médina, s’entendait à plus de100 m du bar ». Mais, l’ambition de la nouvelle équipe ne s’arrête pas à un bar. Une dibiterie d'abord puis un immeuble ont été érigés. Pour demander à la dame de mettre un terme à son projet, une pétition a commencé à circuler. « Elle a eu 2000 signatures qui, à en croire Doudou Gaye dont les propos ont été rapportés par nos confrères de Walf Grand-place, ont été déposées à la police et à la mairie ». Interpellé, le chef de service du commissariat de police du IVe arrondissement confirme l’existence de cette pétition. « Même si je ne l’ai pas encore vue », précise-t-il. Décrié par les populations, le projet de Mme Léna finira par s’imposer à la Médina. Et, comme le feu couvait depuis très longtemps, ce samedi 12, il s’attisera. Voulant organiser «une soirée sénégalaise», le gérant du bar a fait venir un Européen qui devait filmer la scène. Mais, dans le quartier, une rumeur est née dès le début de la journée et elle parlait de soirée « taatou neen ». Pour accéder dans la boîte, les filles, selon la rumeur, devaient montrer qu’elles ne portaient rien en dessous. Pour empêcher cette séance, les jeunes se sont rendus dans la journée auprès du gérant pour le dissuader de l’organiser. Mais, le gérant refuse d’abdiquer. Selon l’un des jeunes rencontrés, il aurait affirmé : « je me moque de votre avis et de celui de vos parents à qui je remets souvent la dépense quotidienne. Si vous n'êtes pas contents, allez à la police».
Pour 50. 000F, des filles ont dansé toutes nues aux HLM
Les jeunes se rendront à la police dans la journée du vendredi et les policiers qui sont descendus sur le terrain ont discuté avec le gérant sans que le contenu ne soit connu. Bien avant cette affaire de la Médina, nous étions en Juin de cette année, on a été témoin d’une autre soirée de débauche. Informés par une source, nous nous sommes rendu aux Hlm. En ce lieu, dans une boîte de nuit, il y avait ce jour-là, « une soirée sénégalaise ». Habillées d’un léger voile ultra-transparent (serrou nothie), les filles devaient ce jour participer à un concours de (Leumbeul), danse obscène. Pour y participer, il fallait juste mettre un léger soutien-gorge et ne pas porter de slip. Et, la séance était filmée par des touristes espagnols qui remettaient 50.000F à la gagnante. Etait-ce la même chose ? Etaient-ce les mêmes touristes friands de sexe de femmes noires ? N’étant pas à la Médina, nous ne pouvons répondre par l’affirmative. Pour en avoir le coeur net, les jeunes de la Médina, qui se sont regroupés en collectif affirment avoir envoyé une fille qui avait été mandatée pour vérifier ce qui se passait à l'intérieur. Revenue de la salle, la fille déclarera aux membres du collectif que « pour entrer, la plupart des filles montraient qu'elles n'avaient rien mis d'autre en dessous de leur pagne. Le visa d'entrée pour les femmes, c'était de montrer son sexe nu à l'entrée ». Cette information parvenue aux jeunes manifestants poussera ces derniers à s’attaquer à la boîte. Après les jets de cailloux, ils se sont introduits à l’intérieur pour y mettre le feu. Alertés, les policiers de la Médina rappliqueront. De retour d’une opération de sécurisation, le commissaire Mbaye Sèye du IVe arrondissement demandera et obtiendra des renforts du commissariat central de Dakar. Devant la détermination des manifestants, les policiers tireront deux coups en l’air pour les disperser. Deux détonations de fusil lance-grenades (FLG), suffiront pour faire reculer les manifestants. Ayant réussi à faire revenir le calme, les policiers ont rejoint le commissariat vers le petit matin du samedi. Vers midi, après avoir fait l’état des lieux, Dany Gaye, le gérant de la boîte a porté plainte. Une information judiciaire est ouverte.
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