Accusée d’infanticide, Ramatoulaye Diao a été condamnée hier à sept ans de travaux forcés par la Cour d’assises de Ziguinchor. Mariée à 16 ans, elle ne voyait plus son mari parti à l’extérieur. C’est dans le dénuement qu’elle contracta une grossesse hors mariage. Elle commit l’erreur de tuer l’enfant.
ZIGUINCHOR - Ramatoulaye Diao a été reconnue coupable d’avoir commis un meurtre sur son nouveau-né, à L’islam (son village natal, situé dans l’arrondissement de Bonconto, département de Vélingara).
Comme à l’enquête préliminaire, Ramatoulaye Diao n’a pas nié, hier devant la Cour d’assises, avoir accouché d’un nouveau-né viable, de sexe masculin. Elle a reconnu l’avoir tué puis enterré. La brigade de gendarmerie de Kalifourou en a été informée le 31 janvier 2006. L’accusée a indiqué qu’elle a asséné plusieurs coups de pierre sur le crâne de l’enfant, jusqu’à ce que mort s’en soit suivie. Le certificat de genre de mort renforce ses aveux, car le médecin constate que le nouveau-né est décédé des suites d’un traumatisme crânien.
Née le 14 février 1983 et ménagère de profession, l’accusée d’infanticide a expliqué son geste par l’adultère qui a conduit à sa grossesse. Elle a été mariée « précocement », à l’âge de 16 ans. Son époux lui a fait un enfant dès la première année de leur mariage et a émigré en Côte d’Ivoire pour chercher du travail. Durant les quatre années passées à l’extérieur, le mari ne lui a envoyé de l’argent qu’une seule fois. Et c’était juste l’insignifiante somme de 3.000 francs Cfa. « Il avait remis l’argent à quelqu’un du village qui revenait de la Côte d’Ivoire », se souvient Ramatoulaye. Et c’est après qu’il a contracté une grossesse hors mariage. Selon ses avocats, maîtres Bocar Arfang Ndao, Cheikh Tidiane Ndaw et Térence Senghor, Ramatoulaye, délaissée par son mari, a eu une vie de drame constant. « Elle n’a pas fait l’école française ni l’enseignement coranique. Pire, elle souffre de ce que dans leur village ils appellent « doowvi », c’est-à-dire une affection qui se manifeste par une peur constante de tout. » Les avocats de la défense ont souligné que cet état de Ramatoulaye s’est aggravé avec la survenue de sa grossesse hors mariage.
Par peur des réactions de son village, et surtout de ses beaux-parents, elle a choisi le pire. A leur avis, c’est cette peur qui a conduit Ramatoulaye Diao, « qui était dans un dénuement total », à commettre l’irréparable. Aussi, ont-ils demandé une application « extrêmement » bienveillante à son égard. Auparavant, l’avocat général Saliou Mbaye, après avoir reconnu la culpabilité de l’accusé, avait demandé une peine située, entre 15 et 20 ans contre elle « pour, a-t-il dit, dissuader toutes celles qui seraient tentées de commettre l’infanticide ». La Cour, dans son délibéré, a reconnu l’accusée coupable du crime d’infanticide tout en lui accordant des circonstances atténuantes. Ramatoulaye Diao, sous mandat de dépôt depuis le 3 février 2006, a été condamnée à une peine de sept ans de travaux forcés.
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