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NIETY MBARR Voyage au cœur de l’enfer des sinistrés

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NIETY MBARR Voyage au cœur de l’enfer des sinistrés
Pikine. Quartier Gounass. Vendredi 3 mars 2006. 13 heures 15 minutes. Un vent frais caresse les visages. Le soleil au zénith darde ses rayons, réchauffe les corps. Il fait bon temps. Les populations semblent trouver du plaisir. A prendre un bain de soleil dans les cours des maisons. Et les devantures. Visiblement, elles ne se rendent pas compte du temps qui passe. Ça discute par ci. Ça saute par là. Les rues grouillent de monde. Les filles se comptent plus que les garçons. Les enfants plus nombreux que les personnes âgées. On est à Pékin. Pardon, à Pikine. A hauteur de la mairie de Gounass, un groupe de jeunes devisent tranquillement. Tout en grillant quelques clopes. L’un d’eux lance : « c’est la presse ». Et aussitôt, s’adressant directement à nous : « Venez, on va vous montrer les maisons qui vont être démolies ». Avec notre guide, nous empruntons les ruelles tortueuses. Sablonneuses. Humides de ce quartier. Pour nous rendre à « Alla Guéwel », le poumon des maisons sinistrées. Une mare. Avec ses étangs d’eau. Des maisons englouties par les eaux. Il règne un désordre architectural indescriptible. Des nuées de mouches. De moustiques. D’insectes de toutes sortes qui accueillent le visiteur. Des odeurs fétides vous montent au nez. Des oiseaux se disputent les tas d’immondices. Ça pue. C’est à peine si on arrive à respirer. L’état de délabrement. D’insalubrité des lieux, donne la chair de poule. La nausée. Le décor n’est pas beau à voir. Il est surréaliste. Exécrable. « Vous voyez. Tous ces murs où il y a une croix en rouge, on devait les démolir » fait remarquer notre guide. Plus on s’approche de cette zone sinistrée, plus on est envahi par des badauds et autres curieux. Des groupes se forment. Les commentaires vont bon train sur la nécessité ou non des déguerpissements. Mamadou Dia la cinquantaine, explique : « nous ne sommes pas contre le déguerpissement. Mais nous dénonçons les conditions dans lesquelles il se déroule. Les autorités devaient attendre que les maisons du plan « Jaaxay » soient terminées pour nous déloger. Mais actuellement, en tant que père de famille, mes enfants vont à l’école. Cela risque de perturber leur scolarité. Et puis on nous demande d’aller sous des bâches. Avec le froid qu’il fait à Dakar. C’est très difficile. Surtout que j’ai deux femmes. Sous une bâche ! Vous imaginez une telle situation ». Et F.N de renchérir : « Les conditions dans lesquelles nous vivons sont très difficiles. Mais ce sont quand même nos maisons. Il y a huit personnes plus des enfants qui vivent dans cette maison. Moi je suis né ici. Aujourd’hui, j’ai 37 ans. Je n’ai jamais passé la nuit à la belle étoile. Si on nous sort d’ici, il faut nous mettre dans des maisons et non sous des bâches. Nous ne pouvons pas accepter ces déguerpissements ». Contrairement à F.N, Salimata Bâ la trentaine, est partante pour le déguerpissement. Selon elle, « Nous voulons partir d’ici. Voyez-vous même. Comment des êtres humains peuvent-ils vivre dans ces conditions ? Avec ses saletés ! Et les maladies qui nous guettent. Puisque qu’on nous demande de partir pour après avoir des maisons. Alors je pense que nous devons accepter pour obtenir des maisons après ». Après « Gounass » cap sur «Niett Mbaar». Même décor. Même peine. Même souffrance. Dans certaines parties de cette zone inondée, les populations triment à remblayer ce qui reste de leurs maisons. Avec des ordures ménagères. A hauteur du croisement « Icotaf-Nietty Mbaar ». Une fourgonnette de police veille au grain. Les policiers munis de gaz lacrymogènes, tentent de dissuader les populations pour toute velléité de manifestation. Cette présence policière ne semble guère les ébranler. Par groupes, les jeunes reviennent sur les événements de la veille. Avec le blocage de la circulation. Des pneus brûlés. Pour manifester contre la décision des autorités de les déguerpir. Il était 13 heures 50 minutes. Quand l’appel du muezzin pour la prière du vendredi vient nous tirer de cet environnement insalubre. Insolite. Surréaliste. Retour en terre ferme. Non sans garder encore des images de ces lieux vraiment… sinistrés. Vivement que « Jaxaay » prenne vite son envol.


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