Par appels téléphoniquesLe groupe Walfadjri reçoit des menaces de mort

Par appels téléphoniques : Le groupe Walfadjri reçoit des menaces de mort
Après avoir menacé d'attenter à la vie de Mamadou Ndiaye Doss de Walf Fm, des "Escadrons de la mort" se réclamant de l'Organisation pour l'élimination des radios privées (Oerp) ont menacé hier de destruction le groupe de presse de Sacré Cœur. Walf Fm doit cesser de parler des élections, sinon ils passeront à l'action, ont-ils prévenu dans des appels téléphoniques comminatoires.

Les menaces de mort et de destruction contre Wal Fadjri se confirment. Des appels téléphoniques comminatoires sont ainsi parvenus hier au standard du groupe de presse de Sacré Cœur. Et le corbeau au bout du fil a déclaré parler au nom de l'Organisation pour l'élimination des radios privées (Oerp). Son objectif, comme son nom l'indique, est d'éliminer les radios privées qui n'accepteront pas de renoncer à parler des prochaines élections. Vérification faite, notre corbeau appelait depuis un télécentre situé à Sicap-Mbao. C'est dans ce quartier qu'habite Mamadou Ndiaye Doss de Walf Fm, qui fut le premier à être la cible de menaces de mort. C'était avant-hier, en début d'après-midi. La direction du groupe est alors informée par un fidèle auditeur de Walf Fm que de telles menaces pesaient sur son présentateur vedette du journal wolof. Cet auditeur de Walf Fm dira avoir été témoin "de réunions nocturnes qui se tenaient régulièrement près du marché de Sicap Mbao et au terme desquelles il a été décidé de s'attaquer à la radio Wal Fadjri et d'attenter à la vie de Mamadou Ndiaye Doss". Autre information obtenue de ce témoin occulaire : ces "escadrons de la mort" se réclament de responsables du Parti démocratique sénégalais. Et tout cela figurera dans la plainte contre X que la direction du groupe Wal Fadjri entend déposer dès lundi auprès du procureur de la République.

Ces menaces sont-elles un épisode des tentatives des autorités de mettre au pas la presse privée ? Celles-ci avaient d'abord commencé par bloquer l'aide à la presse, sur instruction du président de la République, pendant un an - c'est-à-dire toute la durée de la dernière législature - croyant ainsi pouvoir mettre à genoux ces organes de presse dérangeants. Mais ce ne fut là qu'un coup d'épée dans l'eau puisque la presse privée ne s'est pas, pour autant, départie de son indépendance et de sa liberté de ton. Ayant lamentablement échoué dans cette tentative, elles se résolurent à chercher autre chose : brouiller les fréquences des radios privées qui ont l'outrecuidance de continuer à donner la parole au Sénégalais lamda à travers les "Wax sa xalat", malgré le corset juridique mis en place par la réforme portant création du Conseil national de régulation de l'audiovisuel sur les cendres du Haut conseil de l'audiovisuel. Et c'est ainsi qu'ont été attribuées, à des affidés du régime, des fréquences si proches de celles des radios dérangeantes, qu'il se produit des interférences. Mais échec et mat : les radios Fm continuent d'être la principale source d'information des Sénégalais d'ici et de la diaspora, n'en déplaise au Prince.

Seulement, du côté de l'avenue Roume, on appréhende beaucoup les prochaines élections. Les législatives de 2006 n'ont-elles pas été renvoyées pour être couplées à la présidentielle de 2007 par peur d'une déconvenue en mai prochain ? Le couplage de ces deux élections qui étaient séparées, étant passé comme lettre à la poste, la principale source d'appréhension des autorités reste de voir les radios privées continuer non seulement de jouer leur rôle d'éveilleur des consciences citoyennes, mais surtout de donner la voix aux nombreux "sans voix" déçus par le pouvoir de l'alternance. Alors, on n'a rien trouvé de mieux que de monter des "Escadrons de la mort" qui menacent invariablement les acteurs politiques (n'est-ce pas Abdoulaye Bathily ?) et les journalistes. De quel parti disait-on dernièrement qu'il était un parti de violence ?