PoUR OBTENIR LA GRÂCE PRESIDENTIELLE Un détenu se fait soutirer un million de francs par un brigadier-chef de prison

Abdoulaye Diop brigadier-chef des gardiens de prison à la Maison d’arrêt et de correction de Tivaouane répondait du délit de concussion à la barre du tribunal régional de Thiès. On lui reprochait d’avoir empoché un million de francs du détenu Djibril Sock, condamné à 3ans de prison pour escroquerie. Et à qui il avait promis de faire bénéficier de la grâce présidentielle en activant le jugement d’appel qu’il avait interjeté. Le 26 octobre 2005 à 7h, Djibril Sock et Abdoulaye Diop affrètent un véhicule en location qui vient les prendre au portail de la Mac pour les acheminer à Dakar. Précisément au quartier Golf où les attendait le neveu du détenu pour la remise d’une somme d’argent contre une décharge de Abdoulaye Diop. Après le quartier Golf, ils se rendent à la cour d’appel. Là, Djibril Sock est resté dans la voiture. Tandis que Abdoulaye Diop s’engouffrait dans les locaux pour revenir quelques minutes plus tard et déclarer avoir remis 300 000F à quelqu’un. Sur le chemin du retour, Djibril Sock, après avoir acheté du poisson qu’il offrira à son «sauveur», pour une valeur de 21 000F, se fera encore soutirer 700 000F, avec l’aide d’un complice de Abdoulaye Diop, présenté comme celui qui devait intervenir pour la grâce.

Un mois plus tard, Djibril Sock est toujours à la case départ. Pas d’appel ni de grâce présidentielle. Il va alors se plaindre auprès de Abdoulaye Diop et menace d’ébruiter l’affaire. Sentant que les carottes étaient presque cuites, Abdoulaye Diop était obligé de s’en ouvrir au régisseur, qui convoque Djibril Sock pour de plus amples informations. Après l’audition, le régisseur envoie une demande d’explications à son agent, à propos de la décharge qu’il avait signée. La réponse n’étant pas suffisante, il fait atterrir le dossier chez les pandores qui ouvrent une enquête permettant l’arrestation aussi bien du gardien de prison que du détenu. A la barre, Abdoulaye Diop donne d’autres versions des faits et tente même de mouiller son chef. Il déclare également que ce jour-là, il se rendait à Dakar à la SGBS pour une opération bancaire. Et dans le véhicule qui l’a pris en auto-stop, il a trouvé Djibril Sock qui lui aussi allait à Dakar. En réalité, Abdoulaye Diop ne s’est jamais présenté à la banque comme il l’a confirmé à la barre.

Lors de l’enquête préliminaire, le chauffeur a toujours déclaré les avoir pris au portail de la prison, de même que Seydou Sall le neveu du détenu. Qui lui aussi, a déposé que l’argent était destiné à la libération de son oncle et l’accélération du jugement d’appel. Devant la constance des faits, le ministère public a requis trois ans ferme contre Abdoulaye Diop qui, par ailleurs, dans un passé récent, a été jugé pour une affaire de chanvre. Et la même peine est demandée pour Djibril Sock. Le conseil de ce dernier souligne que dès lors qu’il n’existe pas d’indices de corruption, son client doit être relaxé. Selon Me Sène, son client a été effectivement jugé devant cette barre pour un problème de chanvre, mais il a été relaxé. Ajoutant qu’il doit être sanctionné sur la base des fautes professionnelles commises. Il a en outre demandé subsidiairement, la relaxe au bénéfice du doute. Le président Thierno Niang a préféré fixer le délibéré au 25 juillet. CE jour-là, Abdoulaye Diop, après 29 ans de service, sera édifié sur son sort. Et avec lui, le détenu Djibril Sock.