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RETOUR SUR LES LIEUX D’UN TRISTE SOIR DE MEURTRE : Katy, cet ange kaolackois raconté par ses proches

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RETOUR SUR LES LIEUX D’UN TRISTE SOIR DE MEURTRE : Katy, cet ange kaolackois raconté par ses proches

C’est une famille profondément meurtrie, certes sous le choc, mais très digne face au chagrin, que nous avons trouvée à Ngane Alassane, ce quartier logé dans la périphérie de Kaolack et tristement rendu célèbre par le deuil qui frappe la famille Guèye. Une sorte de Far West où s’est déroulé, récemment, l’acte ignoble qui a conduit à la mort de Ya Katy Guèye, cette jeune fille en classe de Terminale ayant emporté, dans sa tombe l’espoir de toute une famille. Retour sur les lieux de la mort d’un ange raconté par les siens.

Il ne nous a pas été difficile de retrouver la maison mortuaire, celle où Ya Katy Guèye vivait avec sa petite famille, réduite à son papa, sa maman, son frère, ses sœurs et sa tante. Cette périphérie, à mille lieues, sent l’insécurité. Les rues, gagnées par les hautes herbes, sont désespérément désertes à midi. Un fait rarissime dans la capitale du Bassin arachidier d’habitude grouillante de monde à pareille heure.

En nous rendant donc chez Ya Katy, nous avons cédé à la tentation de faire un tour sur le lieu du meurtre, un bâtiment en construction situé derrière la Case-foyer de Ngane, non loin de la route bitumée qui sépare Ngane Alassane et Ngane Saër. Ce sont deux quartiers traditionnels de Kaolack, habités en majorité par des Sérères ; un terroir où la championne du monde du tour de piste, Amy Mbacké Thiam, a fait ses premiers pas, sous la direction d’un certain Ngouye Faye.

Que s’est-il passé pour, qu’entre-temps ce patelin, jadis dynamique, ce quartier où des hommes et des femmes de bonne volonté avaient à cœur de promouvoir les activités sportives et culturelles des jeunes, puisse basculer dans le grand banditisme, celui-là qui a mis fin aux jours de Ya Katy Guèye ?

Comment un terroir peut-il sortir de ses entrailles une championne du monde et, quelques années après, devenir le théâtre d’un des plus atroces et gratuits meurtres commis dans ce pays ? Sentiment de désolation et fortes frissons ont écourté notre passage dans cet endroit qui, pendant longtemps, sentira encore la mort. C’est le boutiquier, celui-là qui, en cette nuit fatidique de jeudi, veille de la célébration de la fête de l’Aïd El Fitr (Korité), avait vendu à la fille la carte de crédit téléphonique, qui nous a indiqué le demeure de feu Katy Guèye.

Cette nuit-là, il n’était que 20 heures passées seulement de quelques minutes. De là, nous n’avons pas manqué de nous interroger sur le fait que personne n’a été alerté par ce qui se passait à quelques petits mètres de la route et non loin des habitations. La réponse à un tel questionnement se trouve dans l’environnement hostile du site, ces hautes herbes qui font obstruction à tout vent, ces nombreux bâtiments inoccupés, ces parcelles non viabilisées qui peuplent les deux Ngane.

La mère de Katy et sa sœur, en somme toute la famille, a déploré cet état de fait, appelant les autorités et les propriétaires de parcelles et bâtiments non occupés à réagir face à l’insécurité.

« Katy était l’espoir de toute une famille, une brave fille par qui tout passait, toutes les affaires et besoins de la maison. Je suis très choquée par la mort, autant brutale que gratuite de ma fille, mais mon âme balance entre le chagrin immense et la compassion qui me sont venus du Sénégal tout entier pour ne pas dire du monde. Des autorités du pays, le président de la République notamment, aux Sénégalais de l’extérieur en passant par les organisations féminines, les chefs religieux de Médina Baye et d’ailleurs et les citoyens de tout bord, tout le monde, d’une manière ou d’une autre, a partagé notre douleur ».

Ces propos de la mère de la défunte, Mme Guèye née Awa Thiam, montrent à quel point cette brave femme, très courtoise et serviable, est atteinte dans sa chair de mère, tout en demeurant lucide dans la douleur.

« Je suis mal placée pour juger ma fille, parler d’elle ». Sous notre insistance, Mère Awa, née le 25 décembre 1950 à Kaolack, mariée au père de Katy, un menuisier métallique qui tant bien que mal se débrouille pour joindre les deux bouts comme tout bon Sénégalais, de lâcher que Ya Katy Guèye était l’âme de la famille, la flamme qui illuminait le foyer. « Katy, dit-elle, avait deux préoccupations essentielles : les études et ses activités au sein du Dahira Niassène de Cheikh Mohamed Macky Ibrahim dont elle était la présidente », ajoute Mme Guèye.

Aussi, associait-elle ces deux préoccupations à la tresse et à la coiffure moderne au profit de ses amies et des filles du quartier et toutes autres personnes sollicitant ses compétences, sans s’attendre à une contrepartie. En effet, Katy, d’une grande générosité de cœur, était en plus très serviable. Ce qui, cependant, souligne sa maman, ne l’empêchait pas d’être digne, ferme quand il le fallait et très rigoureuse dans sa démarche et sa tenue.

Au service de tous

D’après la bonne dame, Katy était l’assistante de son papa. « C’est elle qui lui confectionnait les devis, qui s’occupait du paiement des factures d’eau et d’électricité, qui trouvait les mots justes pour faire revenir à la raison les égarés ou des antagonistes en transe, etc. ». « Une fois, les sociétés de distribution nous ont coupé l’eau et l’électricité. Alors que nous étions tous dans l’obscurité et le désarroi, Katy, qui venait de percevoir 100.000 francs d’une tontine, a utilisé tout l’argent pour tirer d’affaire la famille. C’est vous dire le rôle qu’elle jouait au sein de notre famille ». Aussi, allait-elle, à chaque fois qu’il le fallait, à la Senelec au à la Sde pour négocier des moratoires pour le paiement des factures arrivées à terme. « Un jour, se rappelle Awa Thiam, mon mari, Seydou Guèye, voulait lui payer des études en santé. Katy rejeta la proposition de son père après avoir pris conscience des difficultés qu’un tel sacrifice financier allaient causer au budget familial ».

« Père, avait-elle soutenu, laisse-moi continuer mes études. Les temps sont durs et de telles formations coûtent très cher. Priez pour moi. Si Dieu le veut, un jour je vous épargnerais de vos difficultés ». Pour la maman de Katy, cette dernière en faisait une obsession. « Elle souhaitait un jour prendre toute la famille en charge. » Les témoignages de la coépouse de la mère de Katy sont encore plus poignants. Selon Fama Kassé, aucun propos ne pourra qualifier exactement les qualités humaines et sociales de la disparue. « Elle était ma confidente car j’avais confiance en elle. Katy a été un deuxième Ndongo Lô », ajoute Fama Kassé.



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