Awa Ndiaye et Pape Malick Séne ont grandi ensemble et leurs familles étaient particulièrement liées. Une belle amitié s’était donc installée entre les deux jeunes gens avant de se poursuivre en Italie où tous deux exerçaient des activités commerciales. Aujourd’hui, l’une a témoigné contre l’autre dans une affaire d’abus de confiance qui opposait Pape Malick Séne à un certain Babacar Guèye.
Ce dernier, voulant acquérir deux véhicules d’occasion en Italie, avait donc saisi Awa Ndiaye avant de lui envoyer sept millions de francs Cfa. Cette dernière s’en était donc ouverte à Pape Malick Sène qui était dans le circuit et s’apprêtait à renter au pays. Elle lui avait donc remis l’argent en même temps que les coordonnées de Babacar Guèye. Mais Pape, une fois revenu au pays, avait fait le mort. Awa Ndiaye n’avait pas de ses nouvelles et ne savait où le joindre. Il lui a fallu donc attendre son retour à Dakar pour arriver à lui mettre la main dessus. Pape Malick Sène qui, visiblement, ne projetait pas de retourner en Italie, s’était installé dans la capitale où il avait ouvert une entreprise. On devine l’ambiance de son entrevue avec celle qui le considérait encore comme un frère.
Apparemment, il avait réussi à la convaincre en lui expliquant qu’il avait bien acheté les véhicules en question mais les avait revendu pour régler certains problèmes liés à l’installation de son entreprise. Il demandait donc un moratoire en s’engageant à donner, dans l’immédiat, la somme de trois millions de francs et de payer le reliquat en mensualités. C’était en 2003 et, depuis, il semblait avoir oublié ses engagements. Mais Awa Ndiaye, elle, qui devait des explications à Babacar Guèye, n’avait pas oublié et ne cessait de relancer Pape Malick Sène qui l’envoyait toujours aux calendes grecques. De guerre lasse donc, elle décida de le rencontrer pour la dernière fois, mais en compagnie de Babacar Guèye. Menacé de poursuites, Pape accepta de leur faire une reconnaissance de dette en s’engageant, une fois de plus, à payer dans les meilleurs délais.
Mais il faut croire qu’il a la mémoire, quelque peu défectueuse mais, cette fois, cela lui a valu un mandat de dépôt et sa comparution devant le tribunal. Il n’a, certes, pas nié avoir reçu de Awa Ndiaye la somme de sept millions de francs mais, selon lui, c’était pour autre chose. A l’en croire, il aurait contracté une dette du même montant auprès d’une amie italienne qui le menaçait de poursuites. Il en avait donc parlé à Awa Ndiaye qui, pour l’aider, lui avait remis sept millions de francs.
En entendant cela, cette dernière a failli tomber à la renverse. Elle n’en revenait tout simplement pas après tous les engagements que Pape Malick Sène avait pris. Et ce dernier, croyant qu’il venait de marquer un point, avait élevé la voix et monopolisé la parole, n’hésitant pas à accuser Awa Ndiaye et Babacar Guèye de tentative d’escroquerie. Et il a fallu que le tribunal lui rappela qu’il était le prévenu et qu’il devait un minimum de respect pour ses adversaires. Du reste, le procureur de la République et le conseil de la partie civile, Me Boubacar Cissé, n’ont pas manqué de le lui rappeler. Ils ont surtout insisté sur les dénégations de Pape Malick Sène qui, après avoir reconnu les faits et pris des engagements, a essayé, à la barre, de changer de fusil d’épaule en parlant d’une autre dette.
Et le ministère public, estimant constants les faits reprochés au prévenu, a requis contre lui six mois de prison ferme. Du côté de la défense, Mes Abdourahmane Sow et Youssou Camara ont, d’emblée, remis en cause la prévention retenue contre leur client en soutenant d’abord la prescription de l’action publique, les faits datant de plusieurs années. Ils ont aussi contesté la qualité de partie civile de Babacar Guèye qui n’avait rien remis à leur client. A les en croire, il appartenait donc à Awa Ndiaye d’initier les poursuites. Le tribunal, qui a mis cette affaire en délibéré, rendra son verdict aujourd’hui.
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