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HOMMAGE A ADAMA FAYE : Vieux Mac « allume les feux »

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HOMMAGE A ADAMA FAYE : Vieux Mac « allume les feux »

Adama Faye dort de son sommeil du juste depuis deux ans maintenant au cimetière musulman de Yoff Bélélane. Le pianiste de talent, père du « Marimba » au Sénégal, cette musique qui a révolutionné le « mbalax » nous a quitté le 13 novembre 2005. Il a laissé derrière lui un immense vide dans le monde de la musique et des Arts et des pleurs qui ne tarissent point. Vieux Mac Faye, son frère a décidé « d’allumer les feux » demain, vendredi 23 mars à l’Institut français Léopold Sédar Senghor (Ex Centre culturel français) à partir de 20 heures. Pour lui rendre un hommage mérité en compagnie de la plupart des artistes de la scène musicale.

Boubacar Faye. Ce nom vous dit quelque chose ? Très peu de Sénégalais mettraient un visage sur ce patronyme. Mais parlez leur de Vieux Mac Faye, ils vous croqueront le bonhomme avec ses lunettes de myopes qui lui dévorent la figure d’un noir de jais. Sa silhouette de géant jazzman, son remarquable doigté à la guitare et vous fredonneront sa discographie : « Ndiongoma » ou, si on préfère : « Ainsi va la vie, Mademoiselle ». Et d’autres chansons de sa composition, ou encore des tubs de Ray Charles qu’il interprète merveilleusement. Car si Boubacar Faye, le greffier est peu connu, sinon d’un cercle restreint d’intimes et d’habitués du palais de Justice du tribunal régional hors classe de Dakar, Vieux Mac Faye est familier à tous les mélomanes sénégalais et d’ailleurs.

Celui qui passa en effet, sa jeunesse à écouter les guitaristes de jazz, Wes Montgomery et de blues, BB King, John Lee Hooker, Louis Amstrong... est un musicien autodidacte, mais dont le talent est connu et reconnu dans le monde entier. Très jeune, il joue du riti, cette « harpe » Peul à une corde, avec ses frères Lamine et Habib. Toute une « portée » qui fera plus tard les beaux jours du Super Diamono de Omar Pène et le Super Etoile de Youssou Ndour. Des études universitaires en droit qu’un professeur trop sévère ou mal luné écourte avec une mauvaise note, lui ouvre les portes d’une carrière de guitariste qui débute ainsi, même si cela fait déjà quelques années que l’artiste jouait pour son plaisir. Après cette humiliation Vieux s’enferme pendant plusieurs mois avec sa guitare...

Dans les années 80 il s’expérimente en fréquentant les hôtels et clubs de Dakar et forme le Sabar Tam avec le percussionniste aveugle Pape Niang. Il participe comme guitariste et arrangeur pour les albums de Ismaël Lô et Cheikh Lô et enregistre un album solo très mbalax « Ainsi va la vie ».

En 1989 Vieux Mac Faye forme avec cinq musiciens le groupe Mac Ténor Band. Avec pour pilier, conseiller artistique et caution morale du groupe : Adama Faye. Un rôle qu’il assuma aux moments les plus durs de l’aventure. Partageant avec son cadet, Vieux Mac Faye la passion du jazz qu’ils mixent avec les sonorités africaines, créant leur propre style le "joolof blues". Ils ont partagé la scène avec plusieurs monuments de la Word-music. Mac Faye a prêté son concours à des artistes internationaux qui l’ont amené à se produire en Europe, Etats-Unis, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande.

Vieux Mac a créé en 2003 l’école de musique « Arc en Sons » et une méthode d’apprentissage à la guitare qui contribue à la promotion de la culture musicale sénégalaise et à l’enseignement des instruments traditionnels, kora, djembé, sabar, balafon... Une école qui, faute de subventions conséquentes, végètent. Quel dommage !

La soul music qui désigne dans son sens premier, l’âme, est ici matinée aux sonorités africaines. La soul est l’héritière du gospel, du rythmn’blues, du doo wop et du blues. Elle fut révélée au grand public par Ray Charles, un de ses véritables pères « géniteurs » que Vieux Mac sait si rendre hommage les soirs de blues, James Brown, Otis Redding, sans oublier les Jacksons-five, comme les frères Faye, et l’inoubliable Sly (and the family) Stone. Après 1970, la soul a connu une remarquable mutation grâce à Sly Stone, Marvin Gaye et surtout Stevie Wonder qui ont renouvelé complètement les orchestrations en vogue en y introduisant l’électronique. Dans les années 80, « la bonne vieille âme noire » s’offre de nouveaux styles parmi lesquels, le funk et le rap. Elle se marie également avec plus ou moins de réussites à la salsa et au Reggae de Bob.

La « révolution » du mbalax

Membre fondateur du Super Diamano d’Omar Pène, Adama Faye, toi qui t’en es allé brusquement le dimanche 13 novembre 2005, rejoindre le paradis des musiciens, tu as été de tous les « combats » de la musique moderne sénégalaise de ces 20, voire 30 dernières années. Tu es le précurseur et inventeur du marimba. Style que ton jeune frère Habib Faye, le « jazzy » de Youssou Ndour a su si valoriser, mais qui, incontestablement a révolutionné le « mbalax ». Thione Seck ne me démentira pas. Le marimba, ce rythme né du virtuose de tes doigts et des notes de ton clavier est devenu incontournable dans les arrangements du mbalax new-look. Cela aussi aisément que ta novation, fruit d’un mélange de la cadence des îles et de la puissance de la soul et du jazz emportait l’adhésion. Qui ne se souvient pas de « Adama Ndiaye », ce fameux tube du Super Diamano ? On comprend dès lors, pourquoi Omar Pène avait été si affecté par cette perte aussi subite que cruelle. Compagnons des années de braises dans un Grand Dakar-Rue 10 de feux, les deux et la bande de copains ont assurément fourni à la musique sénégalaise ses belles lettres de noblesse. Un compagnonnage qui a donné naissance à des chefs d’œuvres qui résistent au temps. Hormis le Super Diamono, Adama Faye as travaillé avec tous les grands noms de la musique sénégalaise. Youssou Ndour, Thione Seck, Ismael Lô ont tiré profit de ton talent et de ta disponibilité. Ta dernière collaboration avec Ismael Lô remonte à l’album « Xiff ».

Le Père de Bass, Bamba et de Haby, la dernière qui porte le nom chéri de la mère, était un musicien accompli. Un artiste talentueux, un affectueux marginal. Un pote discrètement et utilement présent. C’est pourquoi, Vieux va allumer les « feux », ce tub de Johnny Hallyday en l’honneur de Adama dont la perte sera à jamais ressentie au sein de la famille, dans le cercle restreint des amis et dans un monde musical à la recherche de talents nouveaux. Mais, déjà, l’on peut se consoler en voyant Ibou Faye (le papa, il porte le nom du père) dit Yéyé, fils de l’autre frère, Lamine Faye, caresser avec une innocente doigtée les touches du piano jadis de son oncle paternel Adama. Yéyé a du talent fou et bientôt le monde musical sénégalais se régalera des envolées de ce virtuose en herbe. Je vous le dis.



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