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Souleymane Faye, artiste, musicien, auteur-compositeur : 70 % des biens des grands musiciens proviennent des « wayaanes »

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Souleymane Faye, artiste, musicien, auteur-compositeur : 70 % des biens des grands musiciens proviennent des « wayaanes »

Humour. Humilité. Savoir-faire et faire savoir, spiritualité, bonté. Des mots-clés qui se rattachent à cet homme aux multiples facettes que pourtant certains prennent, tel qu’il le dit comme un fou ou un drogué. Artiste, auteur-compositeur, musicien, Souleymane Faye, qui n’est plus à présenter dans le paysage musical sénégalais, revient dans cette interview qu’il nous a accordée, sur sa vie dans tous ses compartiments, sa carrière et sa richesse. Il revient également, sans hésitation, sur les raisons principales qui l’ont poussé à dédier un titre à l’ancien Président déchu de la onzième législature à savoir Macky Sall. En un mot, ce qui les lient. Véritable philosophe, Souleymane Faye a aussi abordé son côté jardin secret avec sa dulcinée, ses enfants et ses proches, sans omettre ses richesses, ses vœux et les raisons principales qui font qu’il ne doit pas être comparé, côté finance à des artistes comme Youssou Ndour, Thione Seck et bien d’autres. À côté de cela, son prochain duo avec Viviane ou Titi, et son nouvel album dénommé « Islamo-chrétien » sorti sur le marché, il y a de cela dans le courant de ce mois de janvier.Alors « Diego », pourquoi ce produit ?

D’abord, mes meilleurs vœux. Dewénati ! Au fait, cela cinq ans que je n’ai pas sorti d’album. Mais, il arrivait les gens me réclame en cassette ce que je jouais sur scène. C’est-à-dire, en live. Et, quand nous étions partis en France, nous avions eu la chance de faire un grand concert devant quarante-cinq mille personnes. Avec un super bon son, quand nous l’avons écouté à la maison, nous nous sommes dit que c’était bel et bien faisable. Seulement, c’était un produit qu’il fallait retravailler en studio, filtrer… Ensuite, faut dire que j’ai la chance de rencontrer Pape Cissé qui a un studio. Après écoute, il m’a accueilli, et Dieu sait que je l’ai avec beaucoup de gens. Mais, cela ne les intéressait pas totalement. Car, c’est une musique d’écoute mais pour danser essentiellement. Donc, Pape m’a soutenu et nous avons fait le produit. Faut aussi signaler que cela coïncidait avec le dialogue islamo-chrétien, une chanson que j’ai sorti il y a de cela sept années où je chantais le coran et la bible. Puis, je me suis dit pourquoi ne pas l’appelé « dialogue islamo-chrétien ». En tout cas, au Sénégal nous n’avons pas ce problème quelque soit ta croyance. Moi-même, je connais des gens qui ne croient pas en Dieu, et qui nous sont plus corrects que moi.

Le contexte dans lequel nous nous trouvons, justifie-t-il le choix de ce titre pour rendre le produit plus commercial ? Est-ce un produit commercial ou purement artistique ?

Purement artistique ! En fait, c’est la première fois que je fais un produit sans exiger quoique ce soit. Mon seul problème, est que le message soit bien véhiculé. Surtout, à travers le titre « islamo-chrétien » où je dis on peut partager la même mère, mais à chacun sa mère. On peut avoir le même père, mais à chacun son père. Car, certains peuvent venir s’asseoir à l’aise sur les cuisses de leurs pères, ce qui n’est pas le cas pour d’autres. Entre autres. C’est la même relation qui unit les hommes à Dieu. Il est unique, mais chacun à son Dieu. La manière dont j’imagine Dieu étant différente de celle de l’autre. Mais, encore une fois, c’est une coïncidence que la sortie de l’album soit en corrélation avec l’appel au dialogue islamo-chrétien. Je ne m y attendais pas, puis je me suis dit pourquoi pas ne pas l’appeler « dialogue islamo-chrétien ». Ce n’est pas pour vendre, mais pour mieux faire passer le message.

Un des titres de l’album est dédié à Macky Sall. Aussi au vu du contexte politique actuel, pourquoi avoir chanté Macky Sall ?

C’est une longue histoire. En fait, je ne le connaissais même pas. À l’époque où je le chantais, je ne connaissais pas Macky Sall. Et, pendant les dernières élections, j’ai eu la chance d’aller à Fatick avec un de mes amis. Et, c’est son travail qui m’a beaucoup séduit. Ce n’était pas prévu. C’est à la dernière minute que nous l’avons mis dans l’album. D’ailleurs, c’est le dernier morceau.

Pourquoi, l’avez-vous mis ?

Parce qu’un jour, pour faire plaisir à l’ami de Macky, j’ai chanté une chanson que date de très longtemps, qui s’appelle « laisse les parler ». Et, quand j’ai mis le nom de Macky Sall dedans, il était très content. À son tour, après l’avoir aussi écouté, Macky était lui-même très séduit. Quand je le chantais à Fatick, une radio de la place y était et l’avait enregistré. La diffusion a été la source de tous ces bruits autour de ce morceau. Je me suis dit après, pourquoi ne pas le mettre dans l’album. Parce que les gens lui cassaient les c…Ce qui ne m’a pas plu. J’ai rien compris quand tout d’un coup Macky, Macky, Macky. Je l’ai sorti, surtout pour le soulager.

Vous a-t-il soulagé financièrement, après la sortie de ce titre ?

Pour dire la vérité, le premier jour que je l’ai vu, sans aucune prétention, il nous a juste donné les frais de transport pour retourner à la maison. Mais, ce n’était pas pour cela que je l’avais fait. Ni pour l’argent, ni pour rien d’autre. *Dama soot rék. (*J’ai juste contribué, pour le soutenir). Mais, encore une fois ce n’était pas pour entrer dans la vie politique ou pour de l’argent. C’est comme, lorsque tu estimes une personne, et que tu vois des gens lui tomber dessus, il arrivera un jour où tu diras, ça suffit !

Vous n’avez pas eu de problèmes avec certains politiques, surtout avec ceux qui l’attaquaient ?

Non ! Au Sénégal, on a parfaitement le droit de dire telle ou telle autre personne me plaît. Dans le monde, j’ai beaucoup d’amis. Landing ou de Croix ou Macky sont mes amis. Ce sont des gens avec qui j’ai la chance de sympathiser. Dans ce sens-là, ce n’est rien d’autre. Si j’ai aimé Macky, c’est grâce au vieux (Ndrl : Wade). Si Tanor avait subi le même sort, je l’aurais aussi chanté. C’est un problème de personne, mais pas d’appartenance politique.

Mais, combien vous a coûté l’album ?

Cela nous a coûté beaucoup d’heures d’enregistrement. Aussi, c’est neuf mois de travail d’études. En tout cas, tout ce qu’il fallait pour arriver à un produit fini, en plus des artistes que nous avons dû payer pour les morceaux joués en studio. Le plus important, est que nous avons un bon produit.

Souleymane, on vient de refuser à Macky Sall son récépissé concernant son parti politique Apr-Yaakaar. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Ce sont les contraintes, car on ne peut pas vouloir quelque chose et l’obtenir facilement. Ça ne va pas être facile. Pour moi, il faut y aller doucement. Seulement, on ne sait pas jusqu’où ça peut aller. Ce que je lui conseille, est de continuer à rester serein. Après tout, le dernier mot, ce n’est personne d’autre que Dieu.

Pour en revenir avec la reconstitution du Xalam, jouez-vous avec eux à chaque fois qu’il vous sollicite, en gardant un peu votre indépendance ?

C’est comme le « Baobab ». Ils sont restés plusieurs années sans jouer ensemble. Et, quand il ne joue pas, chacun reste de son côté. C’est exactement cela. Quand on doit jouer, tout le monde vient, et après, tout le monde retourne dans son coin. Certains vivent en France, et une partie comme moi, est au Sénégal ou en Italie, ou en Angleterre. Nous avons un projet d’album, mais pour le moment, on se concentre sur les répétitions et de rejouer les morceaux, comme avant puisque nous sommes restés longtemps sans jouer ensemble. Mais, j’ai mon propre groupe.

Souleymane Faye une grande voix de la musique. Une personne incontournable dans son domaine, mais plusieurs artistes de votre génération vous ont devancé financièrement. Ils ont en tout cas réussi à avoir de gros moyens. Avec vous, quelles ont été les principales contraintes ?

(Là, il pose la question de manière plus précise). Vous parlez d’argent ?

(Et, nous de répondre par l’affirmative). Oui !

(Il reprend). Je ne sais où vous voulez en venir. Je ne sais où vous voulez en venir. Je ne sais pas si c’est la connaissance, le savoir ou l’argent ? Mais, la richesse pour moi, c’est la connaissance. Si tu connais, tu es riche. Si, on commence à comparer cela ne sera pas possible. Pour exemple, il y a Thione Seck, Youssou Ndour, Baba Maal ou encore, Ismaël Lô et Oumar Pène. Y a du mbalakh dans ce qu’ils font. Aussi, il ne faut pas oublier qu’ils dû faire quarante ans de mbalakh avant d’avoir ce qu’ils ont. Youssou Ndour a commencé à chanter quand il avait douze ans. On a tendance à oublier cela, et c’est grave. Pour mon cas, je n’ai pas fait de mbalakh. Autre fait, je ne suis pas griot, et donc, je ne sais pas demander*. (*Douma wayane). Mais, je pense que les soixante-dix pour cent (70 %) de ce qu’ils ont c’est parce qu’ils ont fait du « wayane » (ils l’ont demandé à la méthode des griots). Je suis désolé. Moi, je fais du noble art et cela paie tard. Avec une longue vie, je peux avoir tout cela bien que je prends de l’âge, car dans deux ans j’aurais soixante ans. Mais bon, je ne suis pas pressé et je crois que ça va aller. Par ailleurs, certains font tout pour se connaître. Et, dès qu’ils sont connus, ils se cachent. Et la meilleure façon de se cacher c’est de se payer une voiture de marque 4/4. Tu vois des jeunes qui ne peuvent pas se payer de l’essence, mais ils se paient quand même une 4/4. Prouver qu’ils ont des moyens en s’achetant une voiture, je suis désolé, mais ce n’est pas la meilleure formule. Moi, si je le voulais, je l’aurais. Dieu m’a donné les moyens d’en avoir au moins quatre. Mais, faut dire que j’ai d’autres soucis. Mon autre souci, est d’avoir du matériel et un véhicule pour son transport, une maison que je ne loue pas et de bien m’occuper de mes enfants. Moi, j’ai la chance de faire ma vie. Pour ce qui en reste c’est mon boulot, ma famille et mes proches. Aussi, si je ne partageais pas, je sais que j’aurais beaucoup de choses.

Vous dites que vous ne faites pas de mbalakh, quel genre musical faites-vous ?

Je fais de la variété musicale et toutes sortes d’autres musiques. Il y a du mbalakh, mais très légèrement. C’est du reggae, du blues, du slow, de l’afro-beat, entre autres, mais tout en wolof. C’est une musique appréciée surtout à l’étranger.

Sur scène, Souleymane Faye, c’est l’humour, ce sont des leçons de morale à vous couper le souffle. Quelle est votre principale source d’inspiration ?

Je m’aspire plus que je ne m’inspire. C’est tout ce qui se passe dans la vie de tous les jours. J’écris beaucoup. J’ai un nouvel acoustique qui n’est pas encore sur le marché, des nouvelles chansons que personne n’a encore écoutées. C’est pour vous dire que je m’inspire de mon environnement. Car, chaque jour il se passe des choses qui te permettent si tu le veux d’écrire quelque chose. Le reste est de bien les travailler. Là réside la difficulté. J’ai cette facilité en plus d’une bonne mémoire. La tête de l’individu est une machine où l’on enregistre et filme.

Comment expliquez-vous que les Sénégalais se ruent vers le mbalakh, alors qu’il y a d’autres genres de musiques, comme celui que vous faites ?

C’est l’argent. Su tu en vis, il te faut sortir chaque année un nouveau produit. C’est pourquoi, ils font plus de produits commerciaux que de musique à vocation éducationnelle. Aussi, les producteurs sont plus prompts à aller vers le mbalakh avec les vœux de gagner des bénéfices. Ça paie tout de suite, mais ça freine la musique, parce qu’il n’y a plus de richesse, ni de recherche. Il m’est arrivé d’en faire, mais ça ne me réussit pas du tout.
 
 
Selon vous, est-ce qu’il y a un autre moyen de faire apprécier aux Sénégalais une autre musique que le mbalakh ?

Il faut d’abord que les producteurs mettent les moyens. Le musicien ne peut pas à lui seul tout faire.

Pour en revenir avec le « Xalam », si le groupe décide de jouer en permanence, quitteriez-vous votre groupe pour le « Xalam », comme c’était avant ?

Le « Xalam » ne peut plus être comme avant.

Pourquoi ?

Parce qu’avant, on était jeunes, on partageait la même maison, la même cuisine, et nous étions tous célibataires. Maintenant, nous sommes pères de famille, grand-père même, et chacun a sa vie. Par contre, on peut avoir une tournée à faire dans une période de deux ou trois mois. Je ne suis pas prêt à retourner vivre en France ; eux ne sont pas disposés à revenir ici. Ça ne peut plus être comme avant.

En ce qui concerne l’homme que vous êtes, les gens vous reprochent de toujours conduire de vieux véhicules qui tombent toujours en panne. Pourquoi un tel choix ?

Je suis très nostalgique. J’aime bien les voitures que je voyais quand je n’étais qu’un petit enfant. Alors, devenu grande personne, j’ai tout de suite voulu en acheter. Ce sont les deux chevaux, Volkswagen, Renault 12, Mercedes Boal-baol, Fiat…J’aime bien ces voitures. Mais, si je finis ma maison, je voudrais bien acheter une très belle voiture. C’est l’époque des 4/4, moi je chercherais une Hummer. (Rires).

Comment Souleymane Faye est-il en famille ?

On rigole bien, et les enfants sont très attachants. Ils sont collants, bien que je les chasse en leur disant d’aller jouer, mais ils reviennent. Quand je suis à la maison, les enfants ne bougent pas. J’ai une grande fille qui vit en Espagne, et une autre mariée récemment. Je suis grand-père, et je dois vous dire que j’ai une équipe de foot.

Votre divorce d’avec votre seconde épouse, vous disiez que c’est votre première qui ne voulait plus d’elle. Quel est le secret qui vous lie à votre première épouse ?

C’est l’amour ! Quand on aime réellement, on n’aimerait pas que l’autre se fâche. Au début, elle avait dit ok, mais au fil des jours, je savais que ce n’était pas vrai en elle. On n’était plus heureux à la maison, on ne s’embrassait plus. Pour moi qui avait l’habitude d’embrasser ma femme avant d’aller au boulot et à mon retour, ce n’était plus le cas ; car c’était le visage tourné de l’autre côté. Personne n’était heureux. Ni moi, ni la première, ni la deuxième. Ça ne valait pas le coup ; et j’ai laissé partir la seconde. Ensuite, tout est redevenu normal ; et c’est le plus important.

Côté spiritualité ?

C’est vrai que la spiritualité occupe une place de choix dans mon travail. Dieu, après tout, avant tout, pendant toute chose. J’aime bien écrire que, même si Dieu l’écoute, que cela ne le dérange pas, même si j’ai tout modernisé. Idem pour le cas d’un chef religieux. Donc, il faut être très poli et très correct. Si c’est le cas, on peut dire tout ce que l’on veut. En tout cas, la spiritualité aide beaucoup.

Vous priez ?

Il m’arrive de prier. Moi, je prie comme prient les « Baye Fall » en faisant du zikr. Après les ablutions, faudra faire cent (100) astakhfiroula, « Ya Allahou » (Toi Dieu) mille fois et des prières sur le prophète (PSL) cent fois. C’est ce que notre guide spirituel nous a donné.

Es-ce qu’il n’est pas plus facile de faire la prière comme le fait la quasi-totalité des musulmans ?

En tout cas, c’est plus rapide. L’autre finit en premier, avant que moi, je ne finisse avec mon chapelet. (Rires à flot). C’est le matin au lever, et le soir au coucher. Ibrahima Fall avait dit à Serigne Touba que le travail tarderait s’il se mettait à faire les cinq prières quotidiennes. Leur façon de prier *c’est avoir pour donner(*am diokhé). Chose que ne peut pas faire tout le monde, car ce n’est pas du tout facile. Il y a un choix à faire. Moi, j’ai choisi le paradis. Je suis un homme qui y croit. La réussite est d’aller au paradis, mais pas avoir rien que des biens sur terre. Les gens disent n’importe quoi sur moi. Du genre, il est fou, il se drogue. Ils disent tout de moi. Ils ne savent pas de quoi ils parlent, mais le comportement de celui qui croit au paradis est différent de celui qui n’y croit pas. Ils n’ont pas la même façon de voir, ils croient beaucoup plus aux merveilles de ce bas-monde. Moi, je lutte pour avoir le paradis. Ça demande du sacrifice, et aussi savoir se priver de beaucoup de choses. Cependant, je veux bien avoir une belle maison, un beau compte en banque, une belle voiture, comme tout le monde.

Est-ce qu’un tel choix ne vous met pas parfois en mal avec vos proches ?

Indirectement, parce que les gens ne te disent jamais ce qu’ils pensent réellement. C’est rare, les gens préfèrent parler dans ton dos. Chez moi, on peut dit que des habitudes à l’européenne. J’ai duré en Europe, et je vous dis, par exemple, que j’aime bien manger à table. C’est une façon assez européenne de vivre, bien que je sois, « Baye Fall ». Je peux me réveiller avec cent mille francs, qui seront dépensés avant le soir. Car, je les partage avec tout le monde. Je ne suis pas le genre à mettre de l’argent en banque, et faire face à des problèmes. En tout cas, il y a trop de choses à faire. C’est difficile, et je me demande, comment font les autres.

Vous disiez tantôt que vous avez un autre produit qui n’est pas encore sorti. Attendrez-vous que celui-ci soit mieux commercialisé pour le mettre sur le marché ou, allez-vous le faire tout de suite ?

Je crois en ce produit, parce qu’il y a des titres, comme « Ne me quitte pas », « Islamo-chrétien », « la clé », etc. Il y a quatre ou cinq chansons dont je suis sûr qu’elles vont cartonner. C’est pour vous dire que je ne suis pas pressé. L’actuel produit s’écoule bien sur le marché.

Pourquoi êtes-vous resté pendant toutes ses années sans sortir d’album ?

Parce que les producteurs m’ont trop poussé vers le mbalakh, avec Coumba Gawlo. C’est trop compliqué, et ce n’est pas mon truc. Et comme moi, je ne fais pas de mbalakh, à chaque fois que je leur présentais un produit, ils hésitaient en me demandant sa reconversion en mbalakh. Il y avait aussi une saturation car depuis vingt ans j’écris. Puis je me suis pourquoi pas un moment de repos de *stand-by (*dans ce contexte : repos).

Pour en revenir à Coumba Gawlo est-ce vous qui avez écrit les titres ?

Nous deux. Mais « Séy dou choix » c’est moi, de même que deux ou trois autres titres. Faut dire qu’elle écrit bien.

D’autres duos, après celui qui vous a lié à Coumba Gawlo Seck ?

Oui ! Avec Viviane ou Titi. Mais, surtout Viviane, parce qu’elle a fait de la variété. Avec elle je peux bien m’amuser. Elle connaît bien la musique. Je le dis, puisque nous avons travaillé pendant quatre ans à Saly dans le même hôtel. C’est même là-bas que Youssou Ndour l’avait découverte. Idem pour Titi, avec qui j’ai travaillé pendant quatre ans. J’en connais bien d’autres qui chantent bien. Moi, je préfère faire des duos avec les femmes qu’avec les hommes.

Pourquoi ?

Parce que travailler avec les hommes, c’est un duel. (Rires à sanglot).

Le projet est-il en cours ?

J’ai vu Viviane, il y a de cela dix jours. J’ai aussi parlé à Bouba, son ex-mari, car ils ont de bons rapports, même s’ils ne sont plus mariés. Ce sont de bons amis, et ça, c’est très beau.

Est-ce à dire que la page Coumba Gawlo est tournée ?

Pas complètement même si Coumba a son créneau à elle. Elle a son label, mais ça m’étonnerais que l’on fasse un autre. Je préfère faire un autre avec une autre, parce que si je fais un autre produit avec Coumba ça ne sera pas mieux que le premier. C’est le danger.

Parmi tous les artistes Sénégalais, y a-t-il parmi eux un que vous ne sentez pas ?

Je ne sais pas. Je ne saurais le dire, même si c’est vrai. (Aussitôt rires pendant plusieurs secondes). Il y a certaines choses qui ne passent pas, mais bon, on tolère.

En ce qui concerne votre vie de famille, on raconte nombre d’anecdotes sur l’étroite relation qui vous liez à votre mère. Les gens disent même que vous avez failli rater un vol parce que vous aviez oublié de dire au revoir à votre mère. Est-ce vrai ?

C’est-à-dire que les gens ont tendance à en rajouter. Ils font du « safal ». En tout cas, à chaque fois que je dois voyager, je prends un bain à la plage. C’est très bon.

Et avez-vous des accointances avec le fils du Président, en l’occurrence Karim Wade ?

J’ai eu la chance de le voir une fois, avant que son père ne soit Président. Mais, c’est un grand. Et puis, il m’avait promis de tout faire pour que je voie son père, mais quand Wade est arrivé au pouvoir, il n’avait plus de temps. J’ai écris cinq correspondances qui sont restées sans réponse. Avec Abdou Diouf, j’ai écris une fois, et il m’a reçu. Mais, pour Wade, je le lui en veux pas. Pour moi, c’est parce que je n’insiste pas beaucoup.

Est-ce que ce n’est pas parce que vous ne faites pas du « sa-mbaye wayane » ?

Vous savez, le noble art est très difficile. Des gens comme moi travaillent. D’ailleurs, c’est pourquoi je ne sors pas beaucoup de cassettes. Si ce ne n’était pas le cas, je serais obligé de sortir à chaque fois des albums, sinon tu ne bouffes pas. Je gagne bien ma vie. Michael Jackson, par exemple, sort un album tous les cinq ans ou tous les dix ans. C’est ceux qui poussent à sortir des albums qui ne sont pas valables.

Quelle est donc l’activité que vous menez en dehors de la musique ?

Je suis menuisier ébéniste. C’est mon métier. Le bois, je connais. Regardez bien mes mains. (Il les met en évidence, avant de clamer). Ce ne sont pas les mains d’un bureaucrate !

Vous êtes porteur de voix. Quelle est votre appréciation sur la tension sociale ?

Ce qui se passe actuellement, est grave. On ne sait plus où mettre les pieds. C’est grave. Moi, j’ai peur, parce que le Sénégal est lent à réagir, mais quand il réagit, ça peut faire mal. Donc, souhaitons que cela n’arrive pas. Actuellement, tu dépenses par jour dix mille francs à la maison, et ça ne suffit pas. C’est grave. Mais, il faut aussi signaler que c’est une crise mondiale. Ici, nous avons tendance à dire au Sénégal seulement, et l’on oublie qu’il y a plus grave à gauche, à droite et à côté. À quelques pas d’ici, il y a pire. Dans d’autres, ce sont des cadavres que les gens dépassent. Même difficile, la situation est mieux au Sénégal. Seulement, il faut se battre, et ne pas tout attendre de l’Etat, qui ne peut pas aider tout le monde. Du boulot, il y a en a. Les étrangers qui viennent ici travaillent. Ici, on a tendance à dire que tel boulot n’est pas pour moi, alors que s’ils vont à l’étranger, ils acceptent toutes sortes de boulots. Il faut faire quelque chose, en attendant d’avoir les moyens de faire ce que tu veux faire. Pour vous raconter une anecdote, je vendais sur une petite table devant chez moi, des cigarettes et bonbons. Au début, les gens se moquaient de moi, mais au finish, certains venaient me demander un bâton de cigarette, en me disant jusqu’à demain. (Rires). Il faut savoir créer du travail. Il faut dépasser ce complexe.

Souleymane Faye soutient-il les jeunes ?

Ma façon de les aider, est de les orienter, les conseiller, en leur disant de travailler. Moi, quand je faisais de la musique au début, je travaillais également. Je faisais mes études, en plus de la musique. Mais, avec quoi tu vas vivre, si tu arrêtes tout pour faire de la musique. Moi, j’ai fais trente ans de musique, et je n’ai pas encore ce que je veux. Donc, il faut faire attention. Il faut faire les deux. Musique et boulot.

Qui est le conseiller en habillement de Souleymane Faye ?

Pendant quatre ans, j’ai été mannequin en Italie. D’habitude, c’est moi-même. Quand je marche dans la rue, j’achète tout ce qui me tape à l’œil. Il y a certains habits que je porte, et qui sont presque des robes. La seule différence, c’est la ceinture que je mets. Ce type d’habillement me rappelle ma grand-mère.

Souleymane a arrêté l’école à quelle classe ?

Jusqu’en classe de sixième. Et j’ai étudié à l’école Malick Sy. Les classes se succédaient en escalier. Chaque année, je montais un niveau. Et quand je suis arrivé tout à fait en haut, je me suis dis, voilà. Je suis arrivé au bout. Et, j’ai arrêté. (Eclats de rires).



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