ÉCHOS D’AILLEURS - Obama, le taureau et les cornes

Au crépuscule de Wall street annonciateur d’un effondrement financier sans précédent et d’un déclin américain, répond en écho l’ascension fulgurante de la Chine. Incontestablement, l’architecture géopolitique mondiale est en train de changer sous nos yeux comme en atteste, par ailleurs, signe des temps, la première visite du chef de la diplomatie américaine à l’Empire du milieu. Pour restaurer le modèle américain, le rendre aussi attractif que les modèles russes et chinois, il faudra plus que la pure rhétorique. Barack Obama au faite de sa popularité et de son état de grâce en est conscient et entend prendre le taureau par les cornes. Les dégâts que cet effondrement est en train de causer à la marque Amérique sont perceptibles partout, et nombreux sont les signes avant-coureurs d’un basculement des relations internationales, lesquelles ne sont plus dominées par l’Occident. Une nouvelle géopolitique avec l’ascension économique et financière de la Chine se dessine en lieu et place d’un monde unipolaire. L’action immédiate que requiert la crise n’échappe pas à Obama.

Dans un discours empreint d’optimisme prononcé mardi dernier au Congrès, il a annoncé la couleur après avoir pris l’exacte mesure de ce qui est attendu. « Notre économie a beau être affaiblie et notre confiance ébranlée, je veux que chaque Américain sache ceci : nous allons reconstruire, nous allons nous rétablir, et les Etats-Unis d’Amérique en sortiront plus forts qu’auparavant ».

La relance de l’économie et le sauvetage du système bancaire occuperont donc une place centrale dans l’agenda d’Obama qui devra les conjuguer, et ce n’est pas la tache la moins délicate, avec la réforme de l’assurance santé, ce « Health care » si cher aux Américains moyens et l’investissement dans les secteurs de l’éducation ainsi que (innovation de poids), la lutte contre le réchauffement climatique. De vastes chantiers qui soulèvent déjà beaucoup de questions du fait de l’interventionnisme massif et coûteux que cela requiert. D’autres secteurs ceux-là qui ont contribué à ternir l’image de l’Amérique, attendent au coin le nouveau maître de la Maison-Blanche. Heureusement que dès l’entame de son mandat et au plus fort de l’offensive israélienne sur Gaza qui s’est invitée de force sur la table du bureau ovale, il a posé des jalons prometteurs. En effet, à peine assis sur le fauteuil du bureau ovale, il a posé un acte majeur, celui-là que dictait l’actualité du moment. En appelant au téléphone les protagonistes du conflit israélo-palestinien : Mahmout Abbass et Ehud Olmert, ainsi que le roi de Jordanie et le président Moubarak. Le cessez-le-feu tardif, après le carnage sans nom, doit beaucoup à ces coups de fil. Il s’est par ailleurs attaqué à deux symboles qui ont beaucoup contribué à la fragilisation de l’ère Bush : la prison de Guantanamo et le dossier de la guerre en Irak. Certes, on est encore loin de la fermeture de Guantanamo, mais le seul fait de suspendre les audiences des commissions militaires pour une durée de cent vingt jours consacre la fidélité aux engagements de campagne encore frais dans les mémoires. L’effet escompté, à savoir corriger le excès de la guerre anti- terroriste et la paranoïa qui ont conduit à cette dérive inacceptable, est presque atteint. Ces excès, précisons-le, font que 245 détenus de ce centre de détention ont subi les pires atrocités au mépris du droit international et de tous les droits humains. Le retrait des boys d’Irak et surtout le rapatriement de troupes de combat ont été également au menu de la réunion du conseil sur l’Irak, au premier jour de l’arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche. Aucun décret, certes, n’a encore été pris, mais la seule rencontre consacrée à ce dossier (les discussions auraient duré une heure) en dit long sur la place forte qu’occupe ce dossier dans l’agenda de la liberté du président nouvellement élu.