Depuis le déclenchement de l’offensive du Hamas contre Israël, samedi dernier, des capitales africaines, comme le reste du monde, continuent de réagir. Beaucoup de pays africains appellent à l’arrêt des violences et à un retour aux négociations, alors que d’autres soutiens historiques à la cause palestinienne semblent être dans l’embarras.
Alors que la majorité des États africains sont des soutiens historiques du peuple palestinien, l’Union africaine (UA), par la voix du président de sa Commission, Moussa Faki Mahamat, a appelé, samedi 7 octobre, à enrayer l’escalade entre le Hamas et Israël. Le Tchadien a plaidé pour un retour « sans condition préalable à la table des négociations pour mettre en œuvre le principe de deux États » et pour la défense « des intérêts du peuple palestinien et du peuple israélien ». La « dénégation des droits fondamentaux du peuple palestinien, notamment d’un État indépendant et souverain, est la cause principale de la permanente tension israélo-palestinienne », a-t-il ajouté.
Le Sénégal, qui préside le Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a également souligné la « nécessité de raviver au plus vite les négociations entre les deux parties ». Selon le journal "Le Monde", qui en a consacré un article, Israël a reçu un soutien immédiat du Kenya, qui a condamné sans ambiguïté l’attaque du Hamas. « Il n’existe aucune justification au terrorisme, qui constitue une menace sérieuse à la paix et à la sécurité internationale », a déclaré le président William Ruto dans un message diffusé sur le réseau social X (ex-Twitter). Son ministre adjoint des Affaires étrangères, Korir Sing’Oei, est allé plus loin en affirmant que Nairobi « condamn[ait] fermement l’ignoble attaque terroriste (…) et regrett[ait] le carnage et la perte insensée de vies humaines ». « Israël, a-t-il insisté, a le droit de riposter ».
Embarras marocain
Le Togo, dont le chef d’État Faure Gnassingbé s’est rendu à plusieurs reprises en Israël, a, quant à lui, fustigé « l’attaque terroriste du Hamas sur les civils israéliens et demandé la libération des otages », selon les termes utilisés par son ministre des Affaires étrangères Robert Dussey.
Le Rwanda et le Cameroun, deux soutiens traditionnels d’Israël en Afrique, n’avaient pas encore fait de déclaration publique le lundi 9 octobre. Reconnu par 46 États africains sur 54, l'État hébreu n’a jamais compté autant d’alliés sur le continent. Ses diplomates ont multiplié les tournées, tissant des liens importants jusqu’au Soudan.
Au Maghreb, c’est le Maroc qui entretient avec Tel-Aviv les rapports les plus étroits. Le pays majoritairement arabe a normalisé ses relations diplomatiques avec l’État hébreu en 2020, dans le cadre des accords d’Abraham. Une proximité qui place aujourd’hui le royaume chérifien dans une position délicate, poussant ses dirigeants à ne pas prendre parti. Le ministère des Affaires étrangères a ainsi exprimé, samedi, « sa profonde préoccupation suite à la détérioration de la situation et au déclenchement des actions militaires dans la bande de Gaza » et condamné « les attaques contre les civils d’où qu’ils soient ».
D’après toujours le journal français, le Maroc – dont le roi préside le Comité Al-Qods chargé de veiller sur la ville sainte de Jérusalem – appelle également à « un arrêt immédiat de tous les actes de violence et à un retour à l’apaisement, tout en évitant toutes les formes d’escalade pouvant saper les chances de la paix dans la région ». Une neutralité qui n’a pas empêché les manifestations de solidarité à la cause palestinienne à Rabat, Casablanca et Marrakech.
Aux frontières d’Israël et de Gaza, l’Égypte, premier pays arabe à avoir normalisé ses relations avec Tel-Aviv en 1979, a exhorté les deux parties à « faire preuve de la plus extrême retenue », mettant en garde contre « le grave danger de l’escalade en cours ». Le président Abdel Fattah Al-Sissi a mis en garde « contre le danger d’une nouvelle détérioration de la situation».
Dimanche, deux touristes israéliens et leur guide égyptien ont été tués par un policier à Alexandrie, sur la côte égyptienne. Dans la foulée de cette attaque, le Conseil national de la sécurité israélien a demandé à ses ressortissants de « quitter les pays du Moyen-Orient », enjoignant notamment ceux présents en Égypte « de raccourcir leur séjour » et à partir « le plus vite possible ».
La Tunisie défend la cause palestinienne
À l’inverse de l’Égypte et du Maroc, la Tunisie a exprimé un « soutien total et inconditionnel au peuple palestinien » et rappelle que la bande de Gaza est « une terre palestinienne qui est sous occupation sioniste depuis des décennies et que le peuple palestinien a le droit de la récupérer et de récupérer toute la terre de Palestine ». Le ministère de l’Éducation a donné ordre à toutes les écoles, à partir de lundi, de hisser le drapeau palestinien à côté du drapeau national et de faire chanter l’hymne de la Palestine par les élèves et leurs professeurs en signe de soutien.
Une position attendue, écrit "Le Monde", alors que le président tunisien Kaïs Saïed s’illustre régulièrement par une dérive antisémite. Dernier dérapage en date lors d’une réunion avec des membres de son gouvernement, lundi 18 septembre, lorsque M. Saïed a affirmé avoir vu un complot « sioniste » derrière les dégâts de la tempête Daniel qui a frappé la Libye et fait près de 4 000 morts, selon l’Organisation mondiale de la santé. « Pourquoi le nom de Daniel a été choisi, car le mouvement sioniste s’est infiltré, laissant les esprits et toute réflexion dans un coma intellectuel total », a-t-il affirmé.
Si ces déclarations divisent la scène politique tunisienne, le soutien aux Palestiniens fait l’objet d’un large consensus. De nombreuses organisations de la société civile et des centrales syndicales, dont l’Union générale tunisienne du travail, ont également pris position en ce sens, signe d’une large entente sur le sujet, tous bords politiques confondus. À l’initiative des partis d’opposition, plusieurs manifestations ont été organisées à Tunis, samedi et dimanche, en soutien aux Palestiniens.
Des réactions semblables ont été observées en Algérie, dimanche, lors de la session de l’Assemblée populaire nationale. Son président, Ibrahim Boughali, et quelques députés sont apparus avec des écharpes sur lesquelles était inscrit « Jérusalem est à nous » en soutien à la Palestine. « L’Algérie suit avec une profonde inquiétude l’escalade des agressions sionistes barbares contre la bande de Gaza, qui ont coûté la vie à des dizaines d’innocents enfants du peuple palestinien, tombés en martyrs face à l’entêtement de l’occupation sioniste dans sa politique d’oppression et de persécution imposée au vaillant peuple palestinien », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
« Compagnons d’armes des Arabes palestiniens »
Aux côtés des pays arabes et des États africains membres de l’Organisation de la conférence islamique, l’Afrique du Sud est traditionnellement l’un des plus fervents soutiens du continent aux Palestiniens. Si le président sud-africain Cyril Ramaphosa, ne s’était pas exprimé publiquement lundi, l’ANC au pouvoir n’a pas divergé de la vision de Nelson Mandela qui, en 1990, estimait que « les Sud-Africains [se] considér[ent] comme des compagnons d’armes des Arabes palestiniens dans leur lutte ».
Le parti a mis en avant la responsabilité d’Israël dans le nouvel embrasement de la région. « Cette nouvelle conflagration est la conséquence d’une occupation et d’une colonisation illégales continues de la Palestine », s’est ému le département des Relations internationales et de la Coopération, sans citer le Hamas et en réclamant un « cessez-le-feu immédiat ». L’ANC voit dans le raid du mouvement islamiste « une décision attendue des Palestiniens qui répondent à la brutalité du régime d’apartheid et colonisateur d’Israël ».
« Vivre avec les catholiques, mais aussi avec les maudits juifs »
L’Afrique du Sud a été un des opposants majeurs à la décision d’accorder, en 2021, le statut de membre observateur de l’Union africaine à Israël. Cette bataille n’a cessé de diviser l’organisation continentale ces dernières années, déclenchant des scènes rares. Lors du dernier sommet de l’UA, en février, une représentante du ministère des Affaires étrangères israélien a été expulsée de force du siège de l’institution par des agents de sécurité. Selon plusieurs sources, l’Algérie avait alors pesé de tout son poids, menaçant de quitter le sommet si celle-ci ne partait pas. Tel-Aviv avait alors regretté que « l’Union africaine [soit] prise en otage par un petit nombre de pays extrémistes comme l’Algérie et l’Afrique du Sud ».
Le président en exercice de l’UA, le dirigeant comorien Azali Assoumani, ne s’est pas encore exprimé publiquement. « Le Monde » rappelle qu’il s’était fait remarquer, en août, par des propos antisémites, prononcés lors de l’inauguration d’une mosquée à Ajouan. « Musulmans et chrétiens doivent cohabiter », avait-il dit, avant d’ajouter : « Nous devons vivre avec les catholiques, mais aussi avec les maudits juifs. Que la colère de Dieu s’abatte sur eux. Les juifs sont les maîtres du monde. Ils ne sont pas comme nous. Eux se tiennent tapis dans l’ombre et se révèlent au moment opportun. »
3 Commentaires
Shame
En Octobre, 2023 (14:21 PM)Lorsque ces criminels d'aperistes ont tiré sur nos enfants avec des armes de guerre personne ne s'en est émue !
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