LES OUEST-AFRICAINS MENACÉS EN CÔTE D'IVOIRE : Se taire ou périr !

Les autorités d'Abidjan ont le « mérite » d’être claires dans leurs déclarations. L'épée de Damoclès plane au dessus de la tête des nombreux ressortissants des États de la Cedeao qui vivent au pays de Gbagbo. Ils risquent de payer cher des pots qu'ils n'ont pas cassés. Leur survie dépendrait de la position de leurs dirigeants respectifs sur la crise ivoirienne au sommet qui va se tenir, ce vendredi, à Abuja. Injonction ferme est faite à ces chefs d’État d'aller dans la "voie qu'on leur propose". Tout en sachant que leur voix, et leur voie sont aux antipodes de celles ivoiriennes comme l’a déclaré Gbagbo le week end dernier.

Ils ne doivent pas évoquer certaines tares du régime de Laurent Gbagbo. Ni condamner ou apprécier négativement. "Qu’ils n’évoquent même pas les questions de pouvoir et de Constitution de la République de Côte d’Ivoire. Mais qu’ils disent qu’il faut désarmer les rebelles", conseille Affi Nguessan. Sinon, leurs populations vivant au bord de la lagune Ébrié pourront faire l'objet de "sanctions sévères" des populations locales. Une telle menace doit être prise au sérieux si l'on sait que le Front populaire ivoirien (Fpi) et ses partisans ont aujourd'hui une capacité extraordinaire de mobilisation et une puissance avérée pour dicter leurs lois. Ils l'ont d'ailleurs toujours démontré quand une décision ne les agrée pas. Les "Jeunes patriotes" , leurs seconds couteaux sont les dirigeants incontestés de la rue... publique ivoirienne. Ces partisans de Charles Blé Goudé ont tenu tête à la force Licorne, ils ont à maintes reprises "bousculé" Seydou Elimane Diarra alors Premier ministre.
Récemment, ils se sont opposés fortement à Charles Konan Banny l'actuel locataire de la Primature du quartier résidentiel de Cocody. Demain, ils peuvent donc comme semblent insinuer leurs dirigeants "casser des étrangers". Les Sénégalais vivant dans ce pays ne doivent-ils pas avoir la peur au ventre ? Certains d’entre eux avaient fait les frais de la furie des partisans de Gbagbo après des déclarations fracassantes de Wade, nouvellement élu et selon lesquelles un Burkinabé serait plus à l’aise en Europe qu’en Côte d’Ivoire. Leurs commerces ont été à l’époque attaqués et des pertes énormes s’en sont suivies. Aujourd’hui, la situation ne joue pas en leur faveur. Les relations entre Abidjan et Dakar ne sont pas au beau fixe. Les récentes positions tranchées et iconoclastes du président de l’Assemblée nationale ivoirienne en sont des illustrations éloquentes. Et, il n’y a pas longtemps, on a fait état d’une audience qu’aurait accordée Gbagbo au chef rebelle Salif Sadio, “casse-tête” des autorités sénégalaises.
A y voir de près, les menaces de Nguessan, qui est en même temps le président du Fpi (au pouvoir) ne sont donc pas venues ex-nihilo. C’est une voix autorisée qui parle. Et sa position semble être celle de Gbagbo qui compte rester au pouvoir au-delà du 31 octobre date butoir donnée par la résolution 1633 de l’Onu. Ces propos graves doivent donc être pris à leur juste mesure. Vendredi prochain, les chefs d’État qui seront à Abuja devront “tourner sept fois la langue avant de prendre une décision quelconque”. Conseil de Affi Nguessan... Se taire ou périr. Ahurissant