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Réglements de comptes politiques : Danger sur les institutions de la République

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Réglements de comptes politiques : Danger sur les institutions de la République
Dans la longue liste des atteintes à l’image des institutions par le pouvoir en place, la dernière en date n’est pas la moins grave : des inspecteurs d’Etat, représentants d’un corps d’élite de l’administration, se sont faits éconduire comme des valets. Le plus tragique dans cette affaire étant que cette éconduite s’est faite à raison, l’ex-président du Conseil de la République ayant le droit avec lui. Entre les supposés gardiens de l’orthodoxie dans la pratique administrative et l’ancien maire de Rufisque, c’est en effet le dernier nommé qui a sauvé l’image de nos institutions, par cette belle leçon de procédure administrée aux initiateurs d’une inspection administrative et financière de l’ex-Conseil de la République pour les affaires, économiques et sociales.

Une institution comme l’ex-Conseil de la République, de par la Constitution et la loi organique qui l’instituent, n’est ni une société nationale, ni une direction ou service… Cela tombe sous le sens. C’est tellement évident, pour ne pas dire élémentaire, que la bonne question est de savoir le degré de légèreté des services de la présidence de la République qui, par cette faute lourde, en sont venus à mettre le chef de l’Etat dans un indicible embarras.

Après le refus de Me Mbaye-Jacques Diop de démissionner de sa fonction, ce qui a contraint le président à procéder à la dissolution du Conseil de la République (malgré une démission déposée finalement sur le tard), on savait que Wade chercherait à faire rendre gorge à son allié au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2000. L’occasion ne s’étant pas présentée, il fallait fouiner dans les comptes de l’institution qu’il dirigeait. Entre vérifier des comptes et régler des comptes, la différence se mesure par une réponse à la question de savoir si Me Mbaye-Jacques Diop aurait fait l’objet d’inspection s’il avait démissionné au moment voulu par Me Wade. Après 50 ans de vie politique et administrative, sûr que l’ancien ‘Porteur de pancartes’ ne sera pas un docile agneau de rite sacrificiel. La leçon de perspicacité et de courage qu’il vient de donner, par cette attitude républicaine, indique l’épaisseur du dossier qui attend Wade dans ce nouveau front qu’il vient d’ouvrir. Il est à espérer que, du côté de la présidence de la République, on s’arrêtera un instant sur ce cas pour réfléchir sur le nombre trop important de bourdes commises ces derniers temps et qui écornent gravement l’image du Sénégal.

Il y a eu ce désormais tristement célèbre reproche fait à l’ancien Premier ministre Macky Sall. ‘Tu as commis la faute de convoquer mon fils pour l’auditionner’. Et depuis lors, une horde de zélés courtisans s’appliquent à déstabiliser l’ancien directeur de campagne de Wade, se disant qu’ils seront rétribués en fonction de leur férocité à s’attaquer au président de l’Assemblée nationale, même au prix du viol des lois et de déstabilisation des institutions.

Les oreilles des Sénégalais bourdonnaient encore de l’énormité des termes des négociations entre Wade et Idrissa Seck rapportées par Sud Quotidien, voilà qu’intervient un remaniement ministériel, visiblement dans la précipitation, avec des conséquences cocasses. L’image est surréaliste : des ministres déchus, limogés de la façon la plus triviale, venant défendre au Sénat un budget qu’ils n’exécuteront pas. On se croirait dans un roman de politique fiction faisant concurrence à l’œuvre de Kafka. Quel sérieux peut-on accorder à une institution qui accepte de s’adonner à un tel simulacre ? Ce qui vient de se passer est tout simplement illégal et une atteinte au crédit des institutions. Les ex-membres du gouvernement qui se sont présentés devant le Sénat n’avaient aucune qualité pour le faire : ils pouvaient être valablement poursuivis pour usurpation de fonction. Les sénateurs et leur président, Pape Diop, s’étant eux rendu coupables de discrédit sur les institutions. Le caractère ubuesque de la chose a été poussé loin : selon Walf Grand’Place, c’est en pleine séance avec les sénateurs qu’un des ministres a appris son limogeage. Devant les moues amusées de l’assistance et les chuchotements qui bruissaient dans l’hémicycle de l’Assemble nationale, une âme charitable a fini par venir au secours de la désormais ex-ministre pour l’informer de son limogeage et ainsi la soustraire de cette tragi-comédie.

On n’est plus à un coup de canif près sur l’honorabilité des piliers institutionnels de notre pays, ce spectacle guignolesque, indigne d’une République, s’est déroulé dans l’hémicycle du Parlement, l’espace le plus digne de respect, confondu en ces instants-là avec la scène d’un théâtre de mauvais goût. Pour choquantes qu’elles soient, ces images ne sont pourtant pas surprenantes dans cette confusion généralisée des genres. N’a-t-on pas entendu Pape Diop dire qu’il est ’à l’aise pour assurer l’intérim du président de la République’ ? Il s’agit là d’une énorme pantalonnade, puisque le président de la République n’a pas d’intérimaire. Il a un suppléant, dont la charge ne commence qu’avec la vacance du pouvoir, et non lors des vacances du président. L’image de nos institutions est aujourd’hui couturée et balafrée, à force de subir des coups de canif du Maître… tailleur. Et cela ne suffit pas. Petit à petit, les tenants du pouvoir, misant sur la corruption ambiante, tentent d’instaurer une monarchie tropicale, à l’exemple des modèles que le fils du président emprunte de l’Arabie. Il veut appliquer à notre pays le modèle économique de Dubaï, mais aussi son mode de dévolution du pouvoir. Puisse Dieu sauver le Sénégal et ses institutions.



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