
Ce mercredi 9 octobre, dans le centre de la Turquie, s’ouvre un procès emblématique des violences faites aux femmes. Un homme est jugé pour avoir tué, le 18 août dernier, son ex-épouse Emine Bulut sous les yeux des passants et de sa propre fille. Un meurtre qui avait choqué tout le pays et qui est loin d’être isolé.
« Je ne veux pas mourir » : les derniers cris d’Emine Bulut, cette Turque assassinée à coups de couteau par son ex-mari sous les yeux de sa fille de 10 ans, résonnent encore dans la tête de ceux qui les ont entendus.
Le meurtre était filmé par un passant. Quelques jours plus tard, la vidéo se propageait sur les réseaux sociaux, donnant à ce fait divers un retentissement inédit dans un pays où pourtant, chaque jour, des hommes tuent leur conjointe ou leur ex-conjointe.
« La vidéo a décuplé l’impact de ce meurtre dans l’opinion, explique Zelal Ayman, militante des droits des femmes. Les images sont terribles, mais d’un autre côté sans ce genre d’images les gens ne voient pas, ne saisissent pas pleinement la cruauté de ces crimes. »
Depuis cinq ans, les autorités turques ne publient plus de statistiques sur les violences contre les femmes. Les militantes comme Zelal s’appuient sur des articles de presse. Et elles sont unanimes : les meurtres sont en augmentation. Au moins de 225 femmes tuées en 2018. Au moins 261 depuis le début de l’année. Inlassablement, les ONG répètent leurs revendications.
« La priorité, c’est d’appliquer les lois, ajoute Zelal Ayman. Le Code pénal, la loi contre les violences faites aux femmes, la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Si la Turquie appliquait ces textes, une grande partie du problème serait déjà réglée. »
Les ONG réclament aussi que les meurtriers de femmes ne bénéficient plus d’aucune remise de peine. L’ex-mari d’Emine Bulut devrait ainsi tenter d’expliquer aux juges, comme il l’a fait aux policiers, qu’elle l’avait « provoqué ». Le parquet a réclamé contre lui une peine incompressible de prison à vie.
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