ENTRETIEN : MAGUETTE DIAGNE, MISS SENEGAL/ ITALIE «Il est grand temps que l'on arrête d'associer les Miss à la débauche»

Elle en impose par sa beauté naturelle. Ecorce d'ébène, charme généreux, lèvres pulpeuses, Maguette Diagne, toute auréolée de sa couronne de Miss Sénégal/ Italie, est bien loin de l'univers des strass et paillettes, des frasques des people. Pour la belle de la Sicap Mbao (banlieue dakaroise), la beauté est ailleurs. Jugez-en par vous-mêmes...

Vous avez été récemment sacrée Miss Sénégal/ Italie. Pouvez-¬vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je me nomme Maguette Diagne. J'ai 22 ans. Je suis née à Dakar. Je suis célibataire. Je vis en Italie, à Pise (chef lieu de la province de Toscane) depuis 16 ans. Je suis établie dans ce pays avec mes parents et mes 3 frères. La première fois que je suis venue en Italie, j'étais âgée de 9 mois. Par la suite, je suis revenue au Sénégal pour une durée de 6 ans, avant de revenir m'établir en Italie.

Pourquoi étiez-vous revenue au Sénégal ?

Je suis venue au Sénégal pour m’imprégner de la culture du pays, mais aussi pour poursuivre mes humanités. C'est à l’Immaculée Conception de Dakar que j’ai effectué mon cycle primaire.
J'étais aussi venue dans le but de parfaire mon wolof. Une fois de retour en Italie, j'ai poursuivi mes études et je viens de terminer une formation de 3 ans en hôtellerie et restauration. Aujourd’hui, je travaille dans la restauration, mais je compte démarrer une autre formation d’ici peu.

A quand remonte votre dernière visite au Sénégal ?

Elle remonte à 2008. J'étais venue voir le reste de ma famille établi à la Sicap Mbao. Auparavant, ma famille vivait à l’immeuble Pasteur.

Quels souvenirs gardez-vous du Sénégal ?

Je garde de bons souvenirs de ma famille, mes grands-parents, mes amis et tout. En fait, je ne me rappelle pas grand-chose.

N’y a-t-il rien qui vous a particulièrement marquée ?

Non.

Vous sentez-vous plus Sénégalaise qu'Italienne ?

Sans hésiter, je dirais que je me sens plus Sénégalaise. Je suis Sénégalaise à 100%. D'ailleurs, je n'ai même pas la nationalité italienne. J'ai été éduquée selon la culture sénégalaise. Et, ici, nous vivons à fond la culture sénégalaise. J'ai des amies italiennes, mais je fréquente beaucoup plus les Sénégalais. Je participe à toutes les activités organisées par les Sénégalais.

Qu'avez-vous ressenti lors de votre sacre comme Miss ?

En fait, quand je participais à l'élection, c'était un jeu pour moi. Comme c'était entre Sénégalais, je me disais que ce serait l'occasion idéale de passer une journée avec des gens de ma communauté. J'ai participé au concours et Dieu a fait que j'ai remporté la victoire. J'étais contente et émue aux larmes.

Vous vous y attendiez ?

Non, du tout! J'étais à mille lieues de penser que j’atteindrai la 1ère marche du podium.

Comment vous est venue l'idée de vous présentez ?

J'avais entendu la bande annonce à la radio et je me suis dit : pourquoi pas ne pas aller me présenter ? Et c'est ainsi que j'ai participé au concours. J'ai eu à participer à la première édition. Mais pour ce cas là, on ajuste donné le nom des candidates sélectionnées. Le jour du concours coïncidait avec un jour où je ne travaille pas. Je me suis donc décidée à y participer pour combler mes heures creuses.

Quelle a été la réaction de vos parents quand vous leur avez fait part de votre désir de participer à ce concours ? Etaient-ils réticents ?

Non, du tout ! Bien au contraire, ils considéraient cela comme un jeu et cela n'a jamais constitué un problème pour eux.

Que représente ce titre pour vous ?

Ce titre m'a permis de mieux me faire connaître. Je représente le Sénégal dans différentes manifestations et en plus, j'ai eu à rencontrer l'ambassadeur du Sénégal. Ainsi, quand certains de mes compatriotes ont des ennuis, je peux les assister. Ce sacre m'a ouvert plusieurs portes.

Espérez-vous remporter le concours de Miss Sénégal ?

Non. Je ne pense pas.

Pourquoi ? N'avez-vous pas confiance en vos capacités ?

Si. J'ai confiance en mes capacités. Mais je ne pense pas y arriver. Je ne me fixe pas comme principal objectif, le sacre. Je ne me prends pas la tête avec cela. J'ai vu que les autres filles sont plus belles que moi. C'était juste un jeu et Dieu a décidé que j’ai remporté la victoire.

Comment définiriez-vous la beauté ?

Pour moi, la beauté n'est pas seulement physique. On peut être belle à souhait, mais n'avoir rien dans la tête. A mon sens, cela ne sert à rien. On peut tout aussi être belle en pensée, en parole et en actions. Si une personne est belle et qu’elle pense, dit et fait de mauvaises choses autour d'elle, c’est zéro. La personnalité compte également. Une belle personne, c'est quelqu’un qui a la tête sur les épaules...

Avez-vous un secret de beauté ?

Il n’y a rien de tel que la beauté naturelle. Je ne me fatigue pas à mettre des tonnes de pommade sur mon corps et je ne m’encombre pas de maquillage. En vérité, je n'ai même pas le temps, car mon travail est prenant. Même côté habillement je ne porte que ce qui me va et me plait. Je ne suis pas la mode de près.

Vous prônez le teint naturel, que pensez-vous des Sénégalaises qui se dépigmentent la peau ?

Chacun est libre de faire son choix. Celles qui se dépigmentent la peau ont leurs raisons et je ne vais pas les dénigrer. En ce qui me concerne, je préfère mon teint noir que le Bon Dieu m'a donné et pour rien au monde, je ne vais le gâcher en y mettant des produits éclaircissants.

Quelle approche avez-vous de l’élection miss Sénégal ?

L'élection Miss Sénégal a pour moi une haute portée. Cela peut paraître banal aux yeux de certains qui le voient juste comme un défilé ou un rendez-vous de mode. Mais en réalité, c'est quelque chose de grand, car cela t'ouvre des portes jusque-là fermées. En plus, il n'est pas donné à tout le monde d'être dans ma position. J'ai été choisie pour représenter les Sénégalaises d’Italie à la grande finale qui va consacrer la beauté sénégalaise. C’est une énorme fierté.

L'élection Miss Sénégal/ Italie était-elle une première pour vous ou étiez-vous une habituée des podiums ?

Il est vrai que j'ai eu à participer à certains défilés durant mes heures creuses. Toutefois, je n'en ai plus le temps à cause de mon boulot. C'est aussi la deuxième fois que je participais à l'élection Miss Sénégal/ Italie, après celle au sortir de laquelle Bruna Ndiaye a été sacrée.

Ce titre pourrait-il vous pousser à embrasser le métier de mannequin ?

Non. C'était juste un tremplin et j'aspire à d'autres choses. N'empêche, si on me propose des défilés et que je suis disponible, je les ferai.

Vous aspirez à quoi ?

S'il plait à Dieu, j'aimerais mettre sur pied ma propre chaîne de restaurants. Et comme on n'a jamais fini d'apprendre, je voudrais bien enrichir mon curriculum-vitae avec d'autres expériences, mais je n'ai pas encore choisi ma voie.

Comment allez-vous marquer votre année, si vous êtes élue Miss Sénégal ?

Mon plus grand rêve est de contribuer au développement de mon pays. Si je suis élue Miss Sénégal, je crois que je compte œuvrer dans ce sens, en réfléchissant et en proposant des voies et moyens qui nous feront prospérer et aller de l'avant. Je pense que pour y arriver, nous devons privilégier le consommer local et l'exportation. Consommer les choses qui nous viennent d'ailleurs nous coûte extrêmement cher, alors que nous avons beaucoup de potentialités chez nous. Il nous suffit juste de les exploiter a bon escient.

Seriez-vous prête à tout lâcher pour venir vous installer au Sénégal et mener vos projets à bien ?

Honnêtement ce serait très difficile pour moi de lâcher ou de mettre en stand by ma vie en Italie pour venir m'installer au Sénégal. Je travaille ici, :une grande partie de ma famille est ici et il y a également mes études. Je ne peux pas abandonner tout cela spontanément. Néanmoins; je consentirai à vivre entre les deux pays si je suis élue, pour remplir pleinement ma mission et continuer à mener ma vie.

Pensez-vous à rentrer un jour au Sénégal ?

Bien entendu, je suis une fille du terroir, je n'ai que mon pays. J'envisage de renter un jour pour y implanter mon propre business. Cela fait partie de mes ambitions.

Avez-vous un petit ami ?

Non, je n’en ai pas. Je suis libre...

Vous n’en voulez pas ou ce sont les prétendants qui se font désirer ?

Je n'ai pas trop le temps pour ça. Mon travail me prend énormément de temps. J'en avais un avant, mais plus en ce moment.

Ils doivent être nombreux à se bousculer à votre porte depuis votre sacre ?

Oui, mais ils ne me verront pas sur ce terrain. Mes ambitions et mon avenir sont primordiaux. Je suis également quelqu'un de très casanier, je ne sors que pour aller au boulot ou lorsque je fais des courses pour ma mère.

Le mariage vous trotte-t-il dans la tête ?

Effectivement, j'y pense tout le temps. Comme toutes les filles, je souhaite me marier un jour et fonder un foyer. D'ailleurs, je m'étais fixé comme objectif de ne pas dépasser les 24 ans sans me caser.

Vous en avez déjà 22 ans, n'est-il pas trop tard pour atteindre cet objectif sachant que vous n'avez pas encore trouvé chaussure à votre pied ?

J’espère que non. Peut-être que je rencontrerai bientôt le prince charmant. Qui sait ?

Comment occupez-vous votre temps si vous n'êtes pas au boulot ?

Je suis chez moi en compagnie de mes parents, de mes frères et sœurs. J’aide aussi ma mère dans les tâches ménagères. J'adore écouter la musique de Youssou Ndour, Thione Seck et Vaviane Ndour.

Il ne vous arrive jamais de passer du bon temps avec vos amis?

A quelques rares exceptions, quand il y a des soirées d’anniversaire, des fêtes...

Si vous aviez un message à l'endroit des Sénégalais, lequel serait-il ?

Qu'ils cessent de calomnier les Miss ou les mannequins. Ce sont des filles comme toutes les autres. Ce n'est pas parce qu’elles sont au-devant de la scène, qu'elles sont mauvaises. On peut travailler dans un bureau, dans un restaurant ou n'importe où et avoir un comportement indécent. Tout est d'abord une question d'éducation. Il est grand temps, qu'on arrête d'associer les Miss à la débauche...