A force de se focaliser sur WADE : L'opposition risque de se faire doubler par Idy

En visant la tête de Me Abdoulaye Wade, Idrissa Seck pourrait, à tout le moins, s'offrir celle des leaders de l'opposition. Ces derniers ne se doutent pas encore que le danger peut aussi venir de la porte d'à-côté parce qu'obnubilés par l'occupant du fauteuil présidentiel.

Idrissa Seck constitue une menace pour Me Abdoulaye Wade, mais, il est tout aussi un danger pour l'opposition. En effet, se faire battre par Me Abdoulaye Wade ne serait pas en soi une ignominie pour le ou les candidats de la Coalition populaire pour l'alternative (Cpa), laquelle compte en son sein les leaders les plus charismatiques et les plus représentatifs de l'opposition sénégalaise. Par contre, pour ces derniers, se laisser dépasser par Idrissa Seck à l'issue du scrutin du 25 février prochain serait un affront, une débâcle qui pourrait se solder, pour certains, par une retraite politique. Ainsi, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Madior Diouf... Abdourahim Agne (celui-ci a quitté la Cpa et se veut le chantre d'un troisième pôle en gestation) devront-ils se battre non seulement contre Me Wade, mais aussi contre Idrissa Seck.

Mais, ces leaders de l'opposition semblent plutôt obnubilés par le fauteuil présidentiel au risque d'en oublier que le danger peut venir de la porte d'à-côté. Certes, ils sont aujourd'hui, par la force des choses, du même bord qu'Idrissa Seck : l'opposition. Cependant, cela n'en fait pas moins des adversaires politiques du maire de Thiès. Ce dernier leur a tendu la main, mais ne viendront à lui que ceux qui accepteront de mettre sous le boisseau leurs ambitions présidentielles au profit de celles d'Idrissa Seck qui se dit être né pour être président. On se souvient de cette fameuse phrase inscrite sur la page d'accueil de son site Web : ‘I was born to be president’ (je suis né pour être président : Ndlr). Depuis, Idrissa Seck n'a pas reculé d'un iota sur ses ambitions présidentielles, au contraire celles-ci se sont enflées.

C'est pourquoi sa main tendue à Landing Savané risque de rester sans réponse parce que ce dernier, selon certains de ses proches, n'est pas près de se ranger derrière Idrissa Seck. Itou pour les leaders de l'opposition qui butent déjà sur la question du leadership. Une alliance avec le maire de Thiès ne ferait alors qu'ajouter à la confusion. C'est dire donc qu'un duel Moustapha Niasse-Idrissa Seck ou Ousmane Tanor Dieng-Idrissa Seck, ou encore Abdoulaye Bathily-Idrissa Seck n'est pas à écarter. L'affrontement entre l'ancien Premier ministre avec le ou les candidats de l'opposition est inévitable.

Mais, dans cette bataille, Idrissa Seck semble avoir pris une longueur d'avance. Après avoir réussi à endormir l'opposition en lui miroitant une éventuelle alliance avec elle aux prochaines élections, le maire de Thiès a pris son bâton de pélerin pour battre campagne. Il est en train de se tailler des habits de leader de l'opposition alors que ceux qui se disputaient jusqu'ici cette place, sont dans l'expectative. Certains d'entre eux se hasardent même à dire qu'Idrissa Seck travaille pour eux parce que, arguent-ils, ‘l'ennemi commun, c'est Me Wade’. Mais, en combattant tout seul l'ennemi commun, le maire de Thiès pourrait se retrouver seul en tête dans la bataille du leadership de l'opposition.

Par ailleurs, Idrissa Seck a fait une présentation, sommaire somme toute, de son programme dit de Redressement national alors que la Cpa peine à livrer aux Sénégalais le sien pourtant fruit de longs mois de congitation. Elle se contente de communiqués de presse quand l'ancien Premier ministre, devenu subitement loquace, multiplie ses contacts avec les populations. Aussi, l'ancien Premier ministre a-t-il déclaré sa candidature à l'élection présidentielle au moment où l'opposition ne connaît pas encore son ou ses candidats. Elle est partagée entre les partisans d'une candidature unique et les tenants d'une candidature mutiple. Et en croire Amath Dansokho, il sera très diffcile, au regard des différends qui ont opposé certains leaders de la Cpa dans le passé, de trouver un compromis.

A cinq mois des élections couplées (présidentielle et législatives), l'opposition devra mettre les bouchées doubles si elle ne veut pas être laissée sur le bas côté au moment du décompte des voix au soir du 25 février 2007. Elle doit, certes, combattre Me Abdoulaye Wade, mais aussi elle se doit de garder un œil vigilant sur Idrissa Seck pour ne pas se faire doubler par ce dernier.