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Politique

Abdoul Aziz Guèye, Directeur technique de l’Agence pour la mise en œuvre de la plateforme du millénaire de Diamniadio «Un désistement des Américains serait dramatique pour le Sénégal»

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Abdoul Aziz Guèye, Directeur technique de l’Agence pour la mise en œuvre de la plateforme du millénaire de Diamniadio «Un désistement des Américains serait dramatique pour le Sénégal»
La plateforme du millénaire de Diamniadio bat toujours de l’aile. Des rumeurs font état du désistement des Américains. Vrai ou faux ? Le Directeur technique de l’Agence pour la mise en œuvre de la plateforme de Diamniadio, Abdoul Aziz Guèye, s’inscrit en faux et relève plutôt quelques détails en passe d’être réglés. Aussi estime-t-il qu’un désistement des Américains serait dramatique pour le Sénégal. Entretien…

M. Guèye, que peut-on retenir de la Plateforme du millénaire de Diamniadio ? La Plateforme du millénaire de Diamniadio est un projet qui vise la création d’une ville à hauteur de Diamniadio, à 35 km de Dakar. Une nouvelle ville à dominante industrielle et commerciale. Essentiellement, 80% des superficies de ces 2500 hectares, soit donc 2000 ha, doivent être affectés aux activités industrielles et commerciales. Le but de cette opération est de mettre à la disposition des investisseurs un foncier aménagé et équipé, pas loin de Dakar. Parce qu’il faut rester proche des grandes infrastructures de transport que sont le port et l’aéroport. Mais, tout en étant hors de Dakar pour ne pas continuer à subir toute la problématique de la mobilité urbaine. Vous savez que le Sénégal a beaucoup perdu, notamment en termes de compétitivité par rapport aux voisins, du fait de cette problématique. Ainsi, il a été décidé en 2004, de soumettre au financement du gouvernement américain à travers cette initiative du Président Bush, appelée Millenium challenge account, le financement de la réalisation d’un projet structurant. Ce terme est peut-être galvaudé, beaucoup de gens utilisent le terme «projet structurant». Mais l’idée ici est d’inverser les polarités, c’est-à-dire, de faire en sorte de fournir aux travailleurs, aux industriels, un espace pour réaliser des projets et des ambitions. Inverser les polarités pour nous, consiste à mettre en place un dispositif complet, qui permet à un investisseur de venir s’installer et de développer son industrie.

Malgré les ambitions du projet, des rumeurs persistent sur le désistement des Américains. Qu’en est-il exactement ?

Ça, c’est peut-être avancer trop rapidement. En tout cas, à notre niveau d’informations, nous disons non ! Il faut quand même dire les choses telles qu’elles sont. Si vraiment tel est le cas, je dois dire que ce serait vraiment dommage pour le pays. Parce que je viens de dire que c’est un projet extrêmement important pour le Sénégal. Il (le projet), concerne l’aménagement de 2500 hectares, la création de plus de 600 entreprises dans les cinq premières années, il vise la création, à termes, de 200 000 emplois. Je ne sais pas quelle peut être à l’origine de cette information. La non réalisation de ce projet, de mon point de vue, serait quelque chose de dramatique pour le pays.

Mais comment expliquer les tergiversations des Américains ?

C’est vrai que nous avons connu beaucoup de problèmes. Si vous faites allusion à ce qui s’est passé jusqu’ici. Nous avons connu beaucoup de tergiversations, en tant que partenaires sénégalais. Mais, depuis le mois de janvier 2007, nous avons noté une nette amélioration de la vitesse de progression et une nette amélioration de la perception, que les partenaires américains avaient de ce projet. C’est vrai qu’il y avait un flottement. Mais aujourd’hui, avec tout le travail qui a été fait, aussi bien par les équipes internes de l’Agence, que sur le terrain, il y a lieu de s’en réjouir. Nous avons comme partenaires la société civile, la fédération des associations féminines du Sénégal, les groupements féminins, etc. Je ne vois vraiment pas comment quelqu’un peut-il dire que ce projet n’est plus d’actualité. Ce projet a été d’actualité depuis les indépendances. Je ne peux pas comprendre qu’on dise que ce projet n’est plus d’actualité. Il se peut qu’il y ait des tergiversations. Mais encore une fois, les échanges que nous avons eus avec nos partenaires montrent que quand même, c’est un projet de nature à lutter concrètement et efficacement contre la pauvreté, qui est endémique au Sénégal.

En réalité, peut-on croire que les Américains sont encore intéressés comme ils l’étaient il y a quelques années ?

Je pense que «désistement» serait un mot très fort. Jusqu’à la dernière mission, que nous avons reçue en fin mai, nous avons abordé l’ensemble des questions qui étaient en suspens. De manière tout à fait transparente. Nous avons invité tous les partenaires de la société civile, les structures de l’Etat concernées, nous avons organisé une restitution de l’ensemble des études. Aujourd’hui, nous avons sur papier tout ce qui devrait être fait. Nous sommes tombés d’accord sur tout. Par exemple, pour réaliser à Diamniadio une station d’épuration deux fois plus importante que celle qui existe à Cambérène, construire à Diamniadio l’ensemble des infrastructures nécessaires au développement harmonieux d’une ville. Nous voulons créer une ville de la taille de Washington. Ce n’est pas un projet simple. C’est donc normal qu’il y ait des problèmes pour la réalisation d’un tel ouvrage. Je ne crois vraiment pas que nos partenaires américains puissent, dans leur logique, dire que ce projet ne les intéresse plus. Ayant déjà manifesté à plusieurs reprises, devant nous et devant les autorités sénégalaises, qu’ils sont intéressés. Je ne crois vraiment pas, que les Américains puissent faire marche en arrière.

Combien de temps faudra-t-il encore pour que le projet sorte de terre ?

Dans notre plan de marche, nous avions dit, en janvier dernier, qu’il fallait signer le plus tôt possible.

Signer quoi ?

Signer la convention de financement. Nous sommes aujourd’hui avec les Américains.

Pourquoi la signature n’a-t-elle pas lieu ?

Pour le moment, nous avons élaboré un document technique. Pour l’heure, voilà les composantes essentielles du projet, et voilà ce qu’il faut réaliser. Il y a des études complémentaires à mener, parce qu’encore une fois, ce n’est pas un projet simple. Nous avons mené des études de pré-faisabilité, des enquêtes foncières sur le terrain et aussi des enquêtes sociales. Nous allons vers les études de phase II, c’est-à-dire vers le complément des études techniques, vers des études environnementales et sociales beaucoup plus poussées et nous allons vers des études d’élaboration d’un plan d’actions pour la réinstallation des populations. Tous ces éléments, si vous les quantifiez, nous évaluons ce projet entre 800 millions de dollars et 1 milliard de dollars. Autant de choses que nous devons conduire avec les études de phase 2. Nous avons discuté avec nos partenaires américains des termes de référence. Il n’y a aucun problème avec nos partenaires. Ce qu’il faut souligner, c’est un don que le gouvernement américain fait. Et je ne pense pas qu’on puisse dire au Sénégal : je vous donne un milliard de dollars, pour dire ensuite que je n’en ai pas besoin. Donc, nous avons dit à nos partenaires : voilà ce qu’il nous faut pour réussir à relancer la croissance portée sur les investissements directes étrangers, lutter contre la pauvreté, parce que cette croissance va générer des emplois. Cette croissance peut donc réduire la pauvreté. Ces 800 millions de dollars, si le gouvernement américain est disposé à nous les donner, je ne vois pas comment quelqu’un dirait qu’on n’en a pas besoin.

Quel est le coût global de la plateforme de Diamniadio ?

Aujourd’hui, la plateforme va coûter à peu près 800 millions de dollars, soit 420 milliards F Cfa. Nous pensons qu’il faut, en marge de la mise en œuvre de la plateforme, assurer la liaison avec Dakar. Donc, nous pensons qu’il faut aussi mettre environ 200 millions de dollars dans le financement de l’autoroute à péage dans sa section Pikine-Diamniadio. L’objectif pour nous, c’est d’y mettre l’ensemble des commodités, qui feront qu’un industriel peut aller là-bas sans difficultés. Il faut donc une liaison fluide entre la plateforme de Diamniadio et Dakar. Pour permettre les échanges de biens : les marchandises qui vont quitter le Port pour aller dans les industries de Diamniadio, mais aussi, pour réussir les bastions de polarité, c’est-à-dire quelqu’un qui est à Diamniadio, est à 35 km de Dakar et à 30 km de Thiès, à 40 km de Mbour, à 50km de Kayar. La main d’œuvre, qui devrait servir à Diamniadio habiterait dans une région métropolitaine. On pourrait juguler aussi tous les problèmes liés aux inondations. Il s’agit donc d’un concept global.

A combien se chiffre l’apport financier des Américains ?

Pour le moment, nous leur demandons tout. Maintenant, c’est cela l’objet de la négociation.

A quel niveau les choses piétinent si les Américains sont prêts à tout financer ?

Nous devons approfondir et compléter les études techniques, les études environnementales qu’il faut mener et les études foncières et sociales pour la réinstallation des populations. Voilà les trois leviers sur lesquels nous devons approfondir la réflexion.

La réalisation de cette plateforme n’aura-t-elle pas des incidences sur le cadre de vie des populations, avec des terres qui pourraient être bradées à leur détriment?

Nous voulons, au contraire, améliorer le devenir de ces populations. Ce serait antinomique de dégrader le cadre de vie des populations qui vivent dans la zone. Tout ce qui devra être fait, devra respecter les lois et règlements en vigueur dans ce pays. Cette plateforme doit produire de l’environnement et non consommer de l’environnement. On ne peut pas réaliser un projet d’une telle envergure, sans tenir compte des intérêts des populations. Il est vrai qu’en voulant faire une route qui traverse un manguier, l’intérêt général commande que nous négocions avec le propriétaire.

A quand le premier coup de pioche des travaux pour la réalisation de la plateforme de Diamniadio ?

Je pense que nous pouvons attendre le début des travaux pour la fin du premier semestre, ou alors le début du deuxième semestre de 2008.



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