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ABDOULAYE ELIMANE KANE AU SUJET DE LA GESTION DU PARTI PAR UNE FEMME : « Quand elle arrivera à maturité, elle va exploser, elle va s’imposer d’elle-même

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ABDOULAYE ELIMANE KANE AU SUJET DE LA GESTION DU PARTI PAR UNE FEMME : « Quand elle arrivera à maturité, elle va exploser, elle va s’imposer d’elle-même

Les femmes doivent encore attendre pour diriger le Parti socialiste (Ps). Tel est le principal enseignement tiré de l’entretien que le porte-parole du Ps, Abdoulaye Elimane Kane, nous a accordé hier, en marge de la conférence de presse tenue dans les locaux de la Maison du parti. Pour lui, il faut laisser le temps au temps, ainsi la question finira par s’imposer d’elle-même. La révolution verte n’est pas encore pour demain. 

Ousmane Tanor Dieng est le seul candidat pour diriger le Parti socialiste (Ps). Votre formation manque-t-elle d’hommes et de femmes capables de présider aux destinées du Ps ?

Vous dites cela parce que vous gommez une partie de ce qui s’est passé récemment. Il ne faut pas oublier qu’à l’approche de la présidentielle de février 2007, une question comme celle-là s’était posée : celle de savoir qui allait être le candidat du Parti socialiste (Ps) à l’élection présidentielle. A l’époque, nos anciens camarades du courant étaient dans le parti. Et ce qu’on leur avait proposé, c’est de faire des Primaires, mais ils n’avaient pas voulu de cela. Quelqu’un comme Robert Sagna avait proposé, au terme de longues discussions, en présence du Comité Consultatif des sages, que Tanor garde le parti et que lui puisse être candidat du Ps à la présidentielle. C’était inacceptable pour le parti qui ne peut fonder sa démarche que sur des règles. Et les règles les plus sincères qui puissent mettre tout le monde d’accord, parce qu’elles sont démocratiques, c’est de dire : à la fois, pour le poste de Premier Secrétaire et pour la candidature à la présidentielle, organisons des Primaires. Robert a dit que ces Primaires n’allaient pas être sincères, parce que Tanor contrôlait ou manipulerait la base. Tout cela, pour dire que votre argument selon lequel il n’y a qu’une candidature, ne tient pas compte de cette expérience-là.

Ceux qui voulaient ou qui avaient envie de se présenter contre Tanor, ce sont ceux qui étaient dans le courant et qui sont partis. Ceux qui sont restés dans le parti socialiste, c’est des gens qui estiment sans doute qu’ils continuent à faire confiance à Ousmane Tanor Dieng, ça c’est le premier argument. Le deuxième (argument) : un appel à candidature a été lancé publiquement sur deux semaines. Au terme des délais, on a constaté au sein du parti que l’appel à candidature a donné les résultats suivants : il n’y a que Ousmane Tanor Dieng, présenté par des coordinations et une Union régionale. Parce qu’une des conditions, c’est qu’il faut être présenté par une structure qui a régulièrement renouvelé ses instances. Donc, ce n’est pas faute d’avoir dit à ceux qui le voulait de se présenter, avant et après le départ des Robert Sagna. Ces questions-là ne peuvent pas prospérer.

Mais vous conviendrez avec moi que les dés étaient déjà pipés, parce que Tanor qui détient les leviers du parti, part sur des bases inégales avec les potentiels adversaires ?

Non, ce n’est pas cela. Je voudrais vous rappeler que la situation d’un parti d’opposition n’est pas la même que celle d’un parti au pouvoir. Le raisonnement que vous venez de faire est plutôt valable pour un parti au pouvoir qui serait là pour faire plaisir au dirigeant. Ce n’est pas notre cas. Ce qui est intéressant aujourd’hui au Ps, c’est que tous ceux qui y demeurent sont des gens qui ont choisi librement de le faire. Parce qu’aujourd’hui, pour utiliser l’expression triviale, il n’y a rien à partager. Donc, c’est par conviction. Heureusement pour le Ps, avant et maintenant, il doit pouvoir y avoir des gens qui, au même titre que Ousmane Tanor Dieng, pourraient diriger le parti, mais ils n’ont pas estimé nécessaire de se présenter.

Pourtant des noms avaient été avancés dans la presse, notamment ceux de Aminata Mbengue Ndiaye et Me Aïssata Tall Sall pour prendre la place de Tanor.

La presse soulève des lièvres…A ma connaissance, ce sont des propos qui visent simplement à susciter le débat pour savoir s’il y a d’autres velléités de candidatures. C’est ce que j’ai vu dans le parti, autour de Ousmane Tanor Dieng, nous avons traversé deux périodes assez difficiles : c’est de nous retrouver brutalement dans l’opposition, il y a des leçons à tirer à ce niveau. Nous avons essayé de le faire. La deuxième, c’est la fronde qui s’est dessinée au sein du parti avec l’idée du courant. Nous aurions pu en discuter de manière sérieuse et approfondie et nous avions même commencé avec le Conseil consultatif des sages et avec les membres du courant. Mais nous nous sommes vite aperçus très rapidement que ce sont des oppositions crypto personnelles. Certains d’entre eux l’ont dit très clairement, c’est la personne de Ousmane Tanor Dieng qui ne leur suffit pas et qu’il est incapable de diriger le parti. Ceux qui sont restés au Ps lui renouvelle leur confiance. Ils vivent avec lui les difficultés du parti. Nous sommes tous des êtres humains avec nos défauts, avec nos qualités ; nous nous connaissons très bien. Mais nous estimons que le plus important aujourd’hui, c’est de remettre le Ps sur des bases solides. La priorité aujourd’hui, ce n’est pas des tiraillements au niveau du leadership. On a fait un appel à candidature. Pourquoi, s’il existe encore des gens qui voulaient se présenter, ils ne l’ont pas fait ? Qu’est-ce qu’ils craignent ? S’il y a des gens qui voulaient se présenter contre Ousmane Tanor Dieng, cela aurait été intéressant au sein du parti. Comment peut-on obliger des gens qui n’ont pas envie de se présenter de le faire ? Cela ne les intéresse pas ou ceux que ça intéresse et qui ne le disent pas, c’est leur problème. Je ne crois pas qu’il y en ait dans le parti.

La question, c’est de savoir si le Ps est prêt à confier sa gestion à une femme ?

Le Ps est en mesure d’être dirigé par une femme.

Vous n’avez pas répondu à la question. Le Ps est-il prêt ?

La réponse que je voudrais apporter à votre question, c’est que si vous prenez le cas de Ségolène Royal, elle ne s’est pas levée simplement parce qu’elle est femme, pour dire qu’elle est candidate. Elle a élaboré un programme et donc un discours qu’elle a voulu différent de celui que ses concurrents, pour la candidature à la présidentielle française, avaient présenté. Si on n’a pas une pratique comme celle-là au sein du parti, si quelqu’un n’a pas fait montre d’une différence de perception quant à la question du leadership, s’il l’a pas formalisée, synthétisée dans un document, que voulez-vous que l’on fasse ?

Est-ce que l’environnement de votre parti permettrait à des femmes comme Aminata Mbengue Ndiaye et Me Aïssata Tall Sall de faire comme Ségolène Royal ?

Je dis encore, sur le principe, rien ne s’y oppose. Mais le problème ce n’est pas seulement qu’une dame puisse se mettre à la tête du parti, il faut qu’elle en ait envie.

Vous conviendrez avec moi que ce n’est pas l’envie qui manque.

Ah, bon ! Tant mieux, tant mieux. Je trouve tout à fait positif dans le parti qu’il y ait plusieurs personnalités possibles pour diriger le parti. Ce serait malheureux qu’on puisse dire qu’aujourd’hui il n’y a que Ousmane Tanor Dieng pour diriger le parti. Mais précisément parce qu’il y a plusieurs autres qui pourraient le diriger et qu’il y ait un consensus autour de lui, ça, c’est un choix politique très clair. Je serais désolé qu’on puisse dire que le Ps est complètement éteint, et qu’en dehors de Ousmane Tanor Dieng personne ne peut diriger le parti. Heureusement pour nous, il y a des hommes et des femmes qui peuvent diriger ce parti. Mais il faut, je crois, un cheminement, que les conditions soient réunies. Est-ce que nous avons eu suffisamment de recul pour prendre en charge ces questions-là. Peut-être qu’à l’étape suivante, ces questions viendront à maturité. Par exemple la question du courant que nous n’avons pas fini de discuter quand les Robert sont partis. Il arrivera un jour où la base aura à se prononcer dessus. Le Ps veut s’enraciner dans le socialisme démocratique, tout en tenant compte des mutations du monde moderne. Justement ces mutations doivent intégrer cet élément dont vous venez de parler, à savoir des personnalités nouvelles doivent émerger dans le parti ; qu’il faut de plus en plus donner de place aux femmes ; qu’il doit être possible un jour qu’une femme ou des femmes puissent briguer le poste de Premier Secrétaire. Aujourd’hui, elles sont à la tête du mouvement national des femmes, de l’Union de coordination

A vous entendre, c’est comme si la révolution féminine ou féministe n’est pas encore arrivée à maturité. Les femmes doivent attendre combien de temps ?

Je pense que c’est lié à plusieurs facteurs, mais sur le principe, je pense que tout le monde est d’accord, parce qu’il faut intégrer sérieusement et fondamentalement cette donnée si on veut avancer, surtout dans notre société. Mais il y a plusieurs facteurs imbriqués pour la question genre : il y a des facteurs culturels, des questions de contexte et de conjoncture, la nature des partis politiques, tous ces facteurs font que c’est une question qui est certainement en voie de maturation. Peut-être que quand elle arrivera à maturité, elle va exploser, elle va s’imposer d’elle-même. Ce qu’il faudrait éviter, c’est de tomber dans le travers d’une sorte de parachutage, de formalisme qui consiste à dire : il faut qu’on fasse la promotion des femmes, donc on va mettre une à la tête du parti. Il faut que ça soit mûr, que les procédures démocratiques du parti soient utilisées. Mais personnellement, je crois que ces questions sont au cœur de nos préoccupations, elles sont en voie de maturation, elles vont exploser un jour, puis s’imposer.

Exergues

1-Ce qui est intéressant aujourd’hui au Ps, c’est que tous ceux qui y demeurent sont des gens qui ont choisi librement de le faire. Parce qu’aujourd’hui, pour utiliser l’expression triviale, il n’y a rien à partager

2-« Mais il y a plusieurs facteurs imbriqués pour la question genre : il y a des facteurs culturels, des questions de contexte et de conjoncture, la nature des partis politiques, tous ces facteurs font que c’est une question qui est certainement en voie de maturation »



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