Amadou Mactar Mbow a tenu hier, au cours de la cérémonie de lancement officiel des assises nationales, à lever toute équivoque par rapport aux objectifs et autres orientations de ces grandes consultations initiées par le front Siggil Sénégal. Ces assises qui veulent fédérer les forces de la nation pour trouver des solutions aux problèmes des Sénégalais, de l’avis d’Amadou Mactar Mbow, ne sont pas conçues comme une conférence nationale souveraine déguisée ni une entreprise de subversion encore moins un coup d’Etat.
‘Ces assises ne sont ni un prétendu complot, terme inacceptable et totalement inapproprié’, a martelé hier Amadou Mactar Mbow. Afin que nul n’en ignore, ‘le Larousse définit le mot complot comme un dessein concerté secrètement alors qu’il est évident que les trois équations de ces assises sont : clarté, transparence et ouverture. Ces assises sont encore moins un coup d’Etat, expression infiniment choquante et reprouvée par les citoyens indéfectiblement respectueux de la légalité républicaine que nous sommes tous ici’, ajoute le président des assises nationales entouré des membres du bureau et en présence d’éminentes personnalités religieuses, diplomatiques, d’anciens hauts fonctionnaires de l’Etat du Sénégal, de l’ensemble des leaders des partis du front Siggil Sénégal et responsables d’organisations de la société civile.
Cherchant à rassurer davantage le chef de l’Etat et tous les Sénégalais, Amadou Mactar Mbow précise que ces assises nationales ne seront ‘ni source de conflit, de réprobation ou de rejet, ni l’occasion de critiques stériles, d’invectives ou de propos menaçants comme de mise en cause de qui que ce soit’. En effet indique-t-il, ‘ce sont les problèmes, les situations et leurs solutions dans le cadre d’un vaste consensus qui est l’objectif de tous ceux qui se sont engagés dans cette rencontre. Ce sont des propositions mûrement réfléchies qui en sortiront’.
La démarche retenue pour la conduite des travaux des assises nationales, consiste, selon les termes de référence adoptés par le comité national de pilotage, ‘à partir d’un diagnostic aussi précis que possible, à proposer des solutions appropriées’ . Ainsi, poursuit Amadou Mactar Mbow, le principe méthodologique choisi, ‘ repose ici sur le dialogue consensuel plutôt que conflictuel, guidé par la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers et la conviction que les meilleurs spécialistes des affaires sénégalaises sont les Sénégalais eux-mêmes’.
Il s’agira donc, pendant ces trois à six mois que dureront les assises nationales, de s’appuyer sur ‘la première richesse du Sénégal, son capital humain, pour d’une part, évaluer l’état de la situation sous tous ses rapports et de déterminer les voies et moyens de sortir durablement de la crise actuelle dans ses différents aspects’. Selon toujours le président des assises, l’importance majeure de cet état des lieux ’initial, exhaustif, approfondi et contradictoire découle de son caractère inédit et novateur dans l’histoire du pays’. En effet, ‘l’obligation démocratique de rendre compte de son mandat n’est pas encore entrée dans nos mœurs politiques’. Et Amadou Mactar Mbow de marteler qu’’aucun bilan n’a jamais été présenté au peuple sénégalais. Il est temps de rompre avec ces habitudes peu républicaines qui diluent les responsabilités, favorisent l’impunité’.
A terme, il s’agit, selon le président des assises nationales, de dégager les chemins de la reconstruction et du développement du Sénégal, ‘conçu comme un passage obligé et incontournable pour tout pouvoir véritablement soucieux de la paix civile et sociale et du bien-être de ses concitoyens’.
Le président des assises est convaincu que ces concertations démontreront ‘avec force que sans partager la même idéologie et les mêmes ambitions politiques, des hommes et des femmes inspirés par l’esprit citoyen peuvent avec détermination et enthousiasme, s’asseoir autour de la même table pour réfléchir en commun à un devenir meilleur pour ce pays que nous aimons tous avec passion afin que la génération qui a consacré une décennie au combat pour l’indépendance, génération aujourd’hui si peu connue, reconnue et honorée, sache que ses sacrifices n’ont pas été vains’.
Quant à la crédibilité et l’importance de ces assises nationales, Amadou Mactar Mbow révèle que ‘d’immenses espoirs sont soulevés par notre initiative à l’intérieur comme à l’extérieur du pays’. C’est pourquoi, il estime que ‘nous ne devons pas décevoir’. Car, ‘l’enjeu vital de cette vaste concertation nationale est de susciter un grand élan de ferveur nationale afin de donner de nouveaux horizons à l’éradication de la pauvreté’.
En effet, commente le président des assises nationales, le fait qu’après 50 ans d’indépendance, 50 % des ménages sénégalais vivent en dessous du seuil de pauvreté interpelle tout le monde. ‘Que le secteur agricole qui représente plus de 60 % de la population ne participe que pour moins de 20 % au produit intérieur brut révèle assez la sous-productivité du travail et la précarité de la vie dans plusieurs zones rurales. Que notre tissu économique souffre de nombreuses difficultés ne doit laisser personne indifférent. Que nos travailleurs voient leur niveau de vie baisser sans cesse doit être une préoccupation commune de tous les Sénégalais’.
Mbow estime donc nécessaire de fédérer les initiatives venues des secteurs les plus divers de la nation, d’utiliser toutes les capacités intellectuelles, toutes les initiatives du secteur formel comme du secteur informel et d’écouter tout le monde y compris les chefs d’entreprises, les paysans, les travailleurs des villes et des champs. ‘En sondant leurs pensées, leurs idées sur eux-mêmes, sur la situation, sur la façon dont ils envisagent la solution des problèmes qui les concernent, en confrontant les résultats de ces consultations avec les conclusions des spécialistes, on peut parvenir à des consensus globaux qui pourront permettre une action lucide et déterminée, assumée collectivement parce que voulue par chacun. C’est ce à quoi visent ces assises’, affirme Amadou Mactar Mbow.
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