"En Casamance, l’expérience m’a instruit qu’il ne faut pas prendre les choses d’un seul point de vue", déclare Amadou Mbaye Loum qui ajoute cependant que "tout finit par se savoir" même si c’est la loi du silence qui est la règle dans cette partie du pays. D’emblée, le journaliste de la Rts spécialisé dans les questions militaires relativise les deux pistes (politique et Mfdc) soulevées par la presse. "Le défunt Oumar Lamine Badji n’était une cible ni pour le Mfdc dans sa structuration actuelle, ni pour l’Etat". Développant cette position, il ne "pense pas que ce soit le fait du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance, même s’il est possible que ça vienne d’éléments de l’aile militaire". Ainsi, il avoue ne pas comprendre pourquoi Oumar Lamine Badji a été "la cible de ceux qui l’ont lâchement asassiné". En effet, poursuit-il sur les ondes de Walf Fm, "je ne comprends pas qu’un chef rebelle, César Atoute Badiat qiui a combattu avec la Guinée-Bissao pour débusquer Salif Sadio parce qu’étant un obstacle pour la paix, qui n’a rien dit quand l’Armée a initié l’opération de sécurisation du Nord Sindian qui a abouti à la destruction de toutes les bases de Salif Sadio ; qu’on commence le déminage qui est une opération importante dans le processus de paix, qui attend que les marocains débarquent, pour que ce même César Atoute Badiat s’offusque pour dire que l’Armée est en train de réoccuper le terrain alors que l’Armée n’a jamais quitté les positions qu’elle avait occupées lors de l’opération Kadiolog". Amadou Mbaye Loum relève en passant que "c’est au moment où on est en train de déminer pour permettre aux populations de revenir, qu’il (César Atoute Badiate) sort un communiqué. Trois jours après, le Président du Conseil régional de Ziguinchor est assassiné". Il interpelle ainsi le chef rebelle en lui demandant "comment il a pu accepter de lutter contre Salif Sadio en disant qu’il est un obstacle à la paix".
Amadou Mbaye Loum qui s’est rendu à Sindian il y a moins de deux mois soulève dans la même veine beaucoup d’interrogations liées au positionnement du domicile de feu Oumar Lamine Badji, la manière dont l’assassinat a été organisé etc. "La maison d’Oumar Lamine Badji est à la sortie nord de Sindian. Et ce n’est pas la dernière maison puisqu’il y a des maisons après. Je sais qu’il y a une boutique en face. J’ai appris selon les témoignages que ceux qui ont brûlé la maison d’Oumar Lamine Badji ont acheté du pétrole en face". Insistant sur la position géographique du défunt président du conseil régional, il ajoute que ce dernier "n’est pas allé à Sindian passer la tabaski. Il habite Sindian. Tous les soirs, il y débarque". Amadou Lamine Loum précise qu’à l’entrée de la Sindian se trouve un cantonnement militaire. Et de s’interroger : "comment des gens peuvent-ils venir l’amener, le tuer, acheter du pétrole dans la boutique d’en face, arroser, mettre le feu etc. Pour lui, aucun fait n’est isolé en Casamance.
Son confrère Madior Fall qui avait été détaché dans les années 90 dans le Maquis pour le compte de Sud-quotidien reconnaît aussi la "complexité de cette affaire. "Depuis plus de 20 ans que dure la crise, le Mfdc n’a pas ciblé des gens comme lui même s’il y a eu toujours des assassinats politique à la veille d’élections". Il parle de crise à plusieurs dimensions (économique, social, politique etc) et n’écarte pas que cela puisse être la conséquence d’une guerre de chefs au sein du Mfdc. Madior Fall dénonce aussi la promesse d’une prime de 50 millions à toute personne qui permettrait de retrouver l’assassin (ou les assassins) d’Oumar Lamine Badji parce que pense-t-il, "cela encourage la délation" et "cela a déjà fait beaucoup de mal en Casamance".
0 Commentaires
Participer à la Discussion