Wal Fadjri : Est-ce possible de créer une entreprise en 48 heures ?
Aminata Niane : Il faut d'abord se féliciter de la régularité de cette importante rencontre du chef de l'Etat qui, deux fois par an, se retrouve avec le secteur privé pour discuter, échanger et mettre en œuvre les réformes importantes pour développer l'investissement au Sénégal. L'objectif est de créer des emplois et d'amener le Sénégal à l'objectif de l'émergence, comme il le souhaite. Cette sixième session était importante parce qu'on entre dans une deuxième phase d'autant plus que le précédent Cpi s'est terminé en novembre dernier. A cette sixième session, 80 % des membres ont été renouvelés. De nouveaux membres sont venus pour donner une nouvelle impulsion à cet instrument. D'importantes mesures ont été prises par le chef de l'Etat suite aux recommandations des membres du Cpi. Elles touchent les domaines classiques tels que les procédures administratives, la lutte contre la corruption, la transparence dans les marchés, la fiscalité, l'accès au financement, le problème des infrastructures, les problèmes de mobilité urbaine et d'autres incitations à l'investissement telles que la réglementation du travail et la formation professionnelle. Nous avons eu des avancées significatives par rapport aux précédentes sessions du Cpi en terme de contenu technique. C'est le cas notamment des procédures administratives qui ont été souvent décriées. Et à ce niveau, une importante réforme est prise. Dans six mois, nous devons pouvoir créer une entreprise en 48 heures au Sénégal.
Wal Fadjri : Comment relever le défi de la création d'entreprise en 48 heures ?
Aminata Niane : Nous avions anticipé en exploitant, depuis un an, les résultats de Doing business (Banque mondiale). Parce que notre objectif c'est de nous mettre aux normes Ocde, et c'est juste un problème de réorganisation institutionnelle et de suppression de redondances qui ne se justifient pas. Il s'agit aussi de rassembler dans un espace unique les procédures les plus importantes, et de réformer certains monopoles qui, jusqu'ici, gênent la rapidité des procédures de création d'entreprise. Et là-dessus, nous avons un plan d'actions bien précis.
Wal Fadjri : Quels sont ces redondances et monopoles ?
Aminata Niane : Il y a des redondances au niveau des pièces qui sont demandées et des immatriculations. Un dossier unique pourrait être partagé par plusieurs structures administratives pour les immatriculations dans un espace unique où des institutions qui gèrent certaines formalités pourraient détacher des agents afin d'alléger les procédures. Pour ce qui est des monopoles, il y a celui des notaires qui ne se justifie plus actuellement. Dans de nombreux pays, on peut bien créer une entreprise sous-seing privé. Ce sont des mesures simples qui ne posent pas de problèmes particuliers, car il n'y a aucune résistance nulle part. Personne ne s'en était occupé jusqu'à présent. Maintenant, c'est une directive du chef de l'Etat qui sera appliquée.
Wal Fadjri : Quel est l'impact des réformes sur l'investissement ?
Aminata Niane : Le chef de l'Etat nous avait demandé, lors du précédent Cpi, de pouvoir montrer cette fois l'impact de toutes ces réformes. L'impact de sa politique, de sa vision, non seulement sur le climat des affaires, mais aussi sur l'investissement réel et même sur la création d'emplois. C'est pourquoi la première partie de la session est orientée sur les investissements privés par rapport à la période avant 2000. Et ils ont doublé pour avoisiner les 700 milliards de francs Cfa par an. Chiffre que nous espérons revoir à la hausse dans les deux prochaines années. Et les nombreux investissements d'envergure qui se font actuellement à Dakar, notamment dans le domaine de l'hôtellerie de luxe, plus d'autres investissements dans le cadre du plan Reva, des domaines industriels, sans compter l'apport des grands travaux, etc., vont y contribuer.
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