AMINATA TALL : (Ministre d'Etat, maire de Diourbel)"WADE A RECONNU QU'IL N'A RIEN FAIT POUR DIOURBEL"

Deux jours de forum consacré au développement de Diourbel ont permis aux populations de la capitale du Baol de réfléchir sur ce que doit être, en investissements, l’enveloppe de 15 milliards destinés à la ville de Diourbel dans le cadre du Programme Indépendance 2007. Le maire de la commune Aminata Tall revient sans langue bois, dans l'entretien qu'elle nous a accordé au sortir de ce forum, sur le sens de son appel à la vigilance lancé aux populations ainsi que sur les motivations de ce programme.

Wal Fadjri : En vous adressant aux participants au forum, vous avez appelé les populations à rester vigilantes. Avez-vous peur de quelque chose ?

Aminata Tall : Je n’ai peur de rien. .Je ne connais pas la peur. Aminata Tall n’a jamais eu peur. Et je n’aurai jamais peur de quoi que ce soit .Je n’ai pas peur et je n’ai pas de crainte non plus. Je reste vigilante. Ce n’est pas parce qu'aujourd’hui, nous disposons d’un programme spécial de 15 milliards qui, à nos yeux, n’est pas sans signification, mais n’a pas la signification que moi, Aminata Tall, je veux pour la ville de Diourbel qu'il ne faut pas rester vigilant. Et non plus les populations n’ont certainement pas eu la satisfaction qu’elles attendaient de l'enveloppe financière qui doit régler les problèmes urgents et immédiats de Diourbel. C’est la raison pour laquelle j'ai dit qu'il nous fallait rester vigilants. Nous nous sommes battus à l’image de Cheikh Ahmadou Bamba qui a subi tellement d’épreuves, parce que nous savons que rien ne nous sera donné. Nous nous sommes battus et nous pensions être parmi les premiers à être servis. Mais on attend 2007 pour nous servir. On dit : ‘Merci Monsieur le Président d’avoir pensé à nous servir’. Mais j'ajoute : restons vigilants puisque lui-même a pris la pleine mesure de l’insatisfaction des populations de Diourbel. Je n’ai pas peur de le dire. Il a pris la pleine mesure de l’impatience de ces populations en reconnaissant qu’elles avaient raison de se fâcher. Le président de la République a reconnu en Conseil des ministres qu’il n’a rien fait pour les populations de Diourbel et je salue son courage de l'avoir dit. Il ne s'est pas limité à cela puisqu'il a pris la situation en main. C'est ainsi qu'il a fait en sorte que 2 milliards puissent être débloqués pour les problèmes les plus urgents. Et quand le président de la République dit lui-même qu’il suivra tous les jours et personnellement cette question avec chaque ministère concerné, je dis que nous devons être tout aussi vigilants que lui.

Wal Fadjri : Le forum consacré au Programme Indépendance 2007 a vécu. Que retenir de ses conclusions ?

Aminata Tall : Ce que je retiens des conclusions de ce forum, c’est que nous avons pu obtenir une adhésion totale des populations de Diourbel dans l’identification des problèmes et des besoins pour l’élaboration d’un plan d’investissement communal. Cela me semble fondamental dans l’exercice de participation et d’appropriation du projet. Nous avons retenu ce que les populations de Diourbel attendaient de ce programme. Nous avons retenu également que les populations ont une grande ambition pour leur ville et que les 15 milliards de l’enveloppe ‘Spéciale Indépendance’ sont loin de suffire en termes de ressources financières pour faire de notre capitale ce que nous voulons qu’elle devienne demain : Une ville de lumière, où tout sera en sécurité. L’Etat a encore un effort de générosité à faire. Le président de la République lui-même doit encore faire preuve de plus de générosité pour la commune de Diourbel par rapport à ce qu’elle représente.

Wal Fadjri : Seulement, comment concrétiser toutes les propositions qui ont été faites, alors que Diourbel n'a plus d'espace communal ?

Aminata Tall : Diourbel a été phagocyté en quelque sorte par la politique de redécoupage administratif, lors de la création d’autres régions. Diourbel a été complètement phagocyté par les régions de Fatick et de Louga. Et Touba s’est étendu ces dernières années et quelques communautés rurales qui n’ont pas de frontières, nous ont pris pratiquement tout le périmètre communal. Alors, la première solution, c’est de se tourner vers ce que nous appelons l’intercommunalité. C'est-à-dire faire en sorte qu’entre la commune et les communautés rurales environnantes, il y ait une entente et que, du point de vue de l’extension du périmètre, nous puissions travailler sans heurts ans confrontation aucune. La deuxième solution qui nous semble une solution d’opportunité et qui devrait être prise en charge dans le cadre d’un nouveau découpage administratif, c’est l’extension du périmètre communal. Nous ne pouvons pas étouffer dans cet espace qui nous est réservé, en ayant besoin d’infrastructures et de commodités de l’heure. Il va donc falloir que nous pensions à cela. Et le forum a pris en charge cette question dans la phase de formulation des besoins.