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Politique

Babacar Guèye coordonnateur du Collectif des Ong, sur la succession de Wade : «Réitérer le coup de l’article 35 voudra dire qu’on est dans une monarchie»

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Babacar Guèye coordonnateur du Collectif des Ong, sur la succession de Wade : «Réitérer le coup de l’article 35 voudra dire qu’on est dans une monarchie»
Professeur de droit, membre fondateur du Forum civil et coordonnateur du Collectif des Ong, Babacar Guèye ne semble pas s’opposer à la succession de Wade par son fils. Toutefois, déclare-t-il, «cela doit se faire par la voie des urnes». Dans le cas contraire, l’ex-président de la Commission cellulaire conclut à «une monarchie». Entretien…

M. Guèye, les langues commencent à se délier sur une possible succession du Président Wade par son fils Karim. Cela aurait-il des inconvénients ?

Si la succession se déroule par la voie des urnes, il n’y a rien à dire. On a vu dans le monde, des Présidents disparaître de la scène leur succession assurée par leur fils. Mais par la voie des urnes, c’est-à-dire de manière démocratique. Si donc c’est le cas, je crois que je n’ai rien à dire. C’est un Sénégalais, c’est tout à fait légitime qu’il aspire, lui aussi, à diriger le Sénégal s’il peut le faire de manière démocratique.

Mais le Président Diouf a succédé au Président Senghor à la faveur de l’article 35 ?

Justement, ce serait dommage qu’on puisse réitérer le coup de l’article 35.

En quoi faisant ?

Ce serait dommageable pour la démocratie. Réitérer le coup de l’article 35, voudra dire qu’on est dans une monarchie. Lorsque le Président Diouf a succédé au Président Senghor sous le coup de l’article 35, cela avait été fortement critiqué. Je pense que si demain quelqu’un d’autre devrait succéder au Président Wade par la grâce d’un autre article 35, les démocrates ne le verraient pas d’un bon œil. En tout cas, le démocrate que je suis, ne le verrait pas d’un bon œil.

Vous avez entamé une médiation entre le pouvoir et l’opposition aux fins de favoriser des concertations sur le processus électoral. N’est-ce pas trop tard, si l’on sait que les listes sont déjà déposées et que le compte à rebours est enclenché par les candidats aux prochaines législatives ?

Le fait que les listes soient déjà déposées est un handicap pour notre tentative de médiation. Mais cela ne devrait pas nous empêcher de continuer cette entreprise que nous sommes en train de mener. Je dois dire que si la médiation a tardé, c’est bien parce que l’opposition n’a fait connaître sa décision de boycotter les élections que la semaine dernière. Et, donc, nous avons réagi à cette décision de l’opposition pour les rencontrer le plus rapidement possible. Dès mercredi dernier, nous avons pris les premiers contacts et le jeudi, nous les avons rencontrés pour discuter avec eux, les inviter au dialogue. Ils nous ont prêté une oreille attentive. Ce qui nous a encouragés à vouloir continuer cette médiation. Dès le vendredi, nous avons adressé une demande d’audience au président de la République pour l’amener lui aussi à initier ce dialogue. Parce que, au fond, c’est la responsabilité du Président d’initier ce dialogue. En tant que président de la République, il serait bon que lui-même prenne cette initiative, et nous l’encourageons dans ce sens.

Les deux parties, sont-elles disposées au dialogue ?

L’opposition que nous avons rencontrée jeudi dernier était disposée au dialogue. D’ailleurs, cela s’est fait sentir après, dans le dernier courrier qu’elle a adressé au président de la République. Vous avez bien noté que l’opposition reconnaît que le président de la République a bien été légalement élu. Il a bien prêté serment après que le Conseil constitutionnel a validé son élection.

Ne pensez-vous pas que l’opposition est allée un peu loin en optant pour le boycott des législatives ?

Je ne voudrais pas porter de jugement sur l’attitude de l’opposition ou de l’autre côté. Mais je dois dire que peut-être aurait-il fallu demander et obtenir la possibilité de dialoguer avec le pouvoir, notamment le président de la République. Le boycott ne survient que si le dialogue n’aboutit pas à quelque chose de tangible.

Au regard de l’évolution de la situation, ne pensez-vous pas que votre marge de manoeuvre est assez réduite ?

Bien sûr que nous avons une marche de manœuvre très réduite, puisque, comme vous avez semblé le dire, c’est un peu trop tard. Les listes sont déjà déposées. Mais, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais notre marge est réduite, parce que même si nous obtenons aujourd’hui que le Président initie un dialogue avec l’opposition, je me demande si ce dialogue aura des répercussions sur la date des prochaines élections législatives. Il risque d’être difficile de remettre en cause la date des prochaines élections ; à moins qu’une large concertation débouche sur une décision politique.

C’est dire qu’en cas d’accord, il y aura nécessairement un report des élections ?

Oui, s’il y a une décision importante, consensuelle, qui sort de ce dialogue avec toute la classe politique et des acteurs du jeu électoral : la Céna, la société civile, etc. Sinon, on s’en tient au calendrier tel qu’il est défini dans le Code électoral.

Et c’est le souhait de la société civile, puisqu’un report permettrait d’échanger sur tout le système électoral ?

L’idéal serait que tout le monde puisse discuter autour d’une table, examiner tous les dysfonctionnements et les corriger. Evidemment, si tout cela s’accompagne d’un report des élections, c’est l’idéal. Mais comme je vous l’ai dit tantôt, est-ce que cet idéal paraît réaliste et réalisable ? Je n’en sais rien.

Une Assemblée nationale sans l’opposition ; serait-ce un recul démocratique ?

C’est bien la raison pour laquelle nous avons initié ce dialogue pour éviter que le boycott ait des répercussions fâcheuses sur notre démocratie. Comme vous le savez, notre pays a fait des progrès importants en direction de la démocratie. Ceci, depuis 1974, la première ouverture démocratique, nous avons fait d’importants progrès qu’il faut poursuivre pour renforcer notre démocratie. C’est vrai que le boycott débouchant sur l’absence de l’opposition à l’Assemblée nationale serait préjudiciable à la qualité du travail parlementaire et à la démocratie d’une manière générale.

Somme toute, quel message lancez-vous au chef de l’Etat, mais aussi à l’opposition ?

Le Collectif souhaiterait que Me Wade, en tant que chef de l’Etat, prenne la responsabilité d’enclencher ce dialogue. C’est sa responsabilité en tant que chef de l’Etat. Le Collectif souhaiterait qu’il soit magnanime dans sa victoire en acceptant de dialoguer avec l’opposition et qu’il accepte de corriger ce qu’il est possible de corriger. Car, après tout, c’est le chef de l’Etat. Comme le faisait son prédécesseur Abdou Diouf, il serait bon que le Président, par ce dialogue, puisse permettre l’évaluation du processus électoral.

Vous avez été à la tête de la Commission cellulaire qui a permis la mise en place de la Cena contestée par l’opposition. Quel jugement portez-vous sur cette institution ?

Sur cette question, je préfère ne rien dire.



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