Balkanisation du Pds : Wade marche vers son propre piège

Le terme « Balkanisation », qui renvoie à un processus de morcellement d'unités politiques ou géographiques pour en diminuer la puissance, est un jeu bien connu de Me Wade. En effet, si le maître à penser des libéraux a préféré transférer cette politique de fractionnement sous nos tropiques, et dans son propre camp, c'est pour nécessairement rester le maître de céans. En ayant réussi la prouesse de faire du Pds une formation politique fissurée en plusieurs pôles antagonistes comme celui de Macky, Karim et Idrissa Seck, il marche inéluctablement vers son propre piège.

Même s'il est le « maître du jeu » dans sa formation politique pour en être, Me Wade aura cependant réussi à « balkaniser » le Pds. En effet, depuis l'avènement de l'Alternance, les libéraux font face à des guerres intestines et à des crises de leadership. Des querelles qui sont nécessairement pensées et déroulées par la seule constante de cette formation politique. Cela s'expliquant par le souci de diminuer la puissance et la force de frappe politique de ses différents lieutenants. Surtout pour ceux qui aspirent à lui succéder. Et dans cette logique et démarche de diviser pour mieux régner, le secrétaire général national du Pds a le marteau de la fragmentation entre les mains. Et suivant le cours et l'évolution de son parti, tout leader qui aspire et se montre influent et puissant est « brisé » dans son élan. Et Idrissa Seck, malgré son retour auprès du père, ne dira pas le contraire. L'ancien Premier ministre ne bénéficiant plus de son statut de « super » puissant parmi les libéraux suite à sa démarche politique accidentée. De même, Macky Sall, qui, même restant numéro 2 du Pds, n'est pas toujours certain de rempiler à ce poste après la refondation du Pds pour un Grand Parti. Modou Diagne Fada n'est pas loin, tout en regardant Macky Sall comme un adversaire qui fait du clientélisme politique dans et au cœur du Pds. Aussi, les faucons font et défont nombre de responsables tant au niveau étatique que dans le Pds. Karim, qui jusque-là est bien protégé par le père, joue toujours le jeu de la séduction pour le dauphinat relatif à la succession de Me Wade. Et ce sont l'ensemble de ces camps, en plus de celui qui se réclame, et ne se reconnaît qu'en Wade, qui englobent les pourtours et le centre du champ libéral. La confrontation entre différentes parties avec au sommet un seul et unique spectateur qui veut rester puissant dans la division. Pourtant, selon quelques observateurs, il pourrait tomber dans son propre piège. Même si cela est fait à dessein pour demeurer incontournable dans le jeu et le choix politique, Me Wade marche vers un guet-apens qu'il a lui-même mis en branle. Toujours, pensent nombre d'observateurs, tout et tous pourraient se retourner contre Me Wade. Car, autant il a séduit et assuré la promotion de certains, autant Wade a réussi à se faire détester par ceux qui l'avaient côtoyé et adulé. Pour le moment, son seul souci dans cette « balkanisation » de sa formation politique, étant de consolider des liens et des intérêts pour que son fils, particulièrement, soit incontournable dans le jeu politique, par rapport à sa propre succession. Ceci, si le prochain homme fort qui n'est pas Karim, provient de son clan. Celui, libéral. Dans la même mouvance, mettre également à l'abri sa propre famille. Cependant qu'il vogue et marche vers son propre piège, après un morcellement qui continue de secouer le champ libéral.