BATHILY, LANDING, DJIBO… Quelle carte à jouer ?

A quelques encablures de Février 2007, ils se sont installés dans une posture des plus indécises. Seront-ils encore confinés au même rôle : celui de faire des rois ?Djibo Kâ, Landing Savané, Me Mbaye Jacques Diop et Iba Der Thiam sont dans le camp présidentiel. A côté de Me Wade, Secrétaire général national du Pds et candidat à sa propre succession. A quelque huit mois des élections de février 2007, l'on ne peut s'empêcher de s'interroger sur le rôle que Djibo Kâ, Landing Savané, Mbaye Jacques Diop, Iba Der Thiam devraient jouer à l'occasion de ces joutes électorales. Kâ de l'Urd et Savané de Aj ne se sont pas encore signalés par une candidature en 2007. Même si l'allié de Wade depuis la CA 2000, en l’occurrence Landing Savané, ne s'est pas encore résolu à répondre positivement à l'appel du mouvement des Femmes de Aj pour sa candidature à la présidentielle de 2007. Est-ce que Aj va reconduire le même scénario qu'en 2001, avec une candidature ou une liste à côté de celles du Pds ? Pour le numéro deux de ce parti, Mamadou Diop Decroix qui répondait aux questions de NH dans sa livraison N°524, "(…) la question  est très ouverte (…). Notre Secrétariat exécutif, en disant qu'il pose la candidature de Landing Savané, a réaffirmé aussi notre ancrage dans le camp de l'Alternance".

Aujourd'hui, tout porte à croire que Landing Savané s'est retrouvé dans une position très inconfortable. Son futur politique va être déterminé en grande partie par les actes que Me Wade va poser dans un futur proche. Lui qui, avec le départ des alliés du Fal du gouvernement et la disgrâce de Idrissa Seck, s'est retrouvé par la force des choses comme un potentiel successeur de Wade. Mais, avec un Djibo Kâ qui a fini de séduire Wade, tout porte à croire qu'une redistribution des cartes entre alliés et libéraux authentiques va s'effectuer autour de l’actuel locataire du palais.  Et, dans un tel cas de figure, le leader des Follistes risque de disputer les suffrages des électeurs à ses anciens alliés du Fal que sont Me Wade, Moustapha Niasse et peut-être Bathily qui sont tous les deux dans le cap de l'opposition, donc de la Coalition pour l'alternative (Cpa). Malheureusement, vu le potentiel électoral de Aj, Landing Savané est condamné à jouer au faiseur de roi dans le cadre d'un second tour qui devrait opposer les grosses pointures de la classe politique.

Djibo Kâ, pour sa part, n'a jamais fait mystère de son désir d'être le quatrième président de la République du Sénégal. Donc, dans son analyse, après Senghor, Diouf et Wade, ce sera son tour. Ainsi aujourd'hui, il fait montre d'une patience sans égale, en attendant son tour. Pensant qu'après avoir travaillé à consolider le régime de Wade et à assurer sa réélection en 2007, les portes de la succession au pouvoir lui seront grandement ouvertes. Suffisant pour que le numéro un des rénovateurs avance démasqué pour se positionner comme le faiseur du "roi" Wade" en 2007. Mais, en a -t-il réellement les moyens électoraux ? Il est vrai qu'au sortir de la présidentielle de février-mars 2000, DLK avait perdu de sa superbe. Il était au bord du précipice. Mais, il faut reconnaître qu'il a réussi à traverser avec courage et opportunisme cette parenthèse pour aujourd'hui se positionner dans le giron présidentiel. S'y ajoute que le leader de l'Urd n'a pas d'égal autour de Wade en matière de gestion de la chose publique et de stratégie politique. Ce qui, sans aucun doute, joue en sa faveur et le pousse à affirmer qu'entre le Pds et l'Urd, c'est une alliance qui se renforce. D'autant que c'est Me Wade lui-même qui affirme lors d'un meeting national des femmes de l'Urd à Boop que : "Djibo Kâ est l'un de ses plus étroits collaborateurs qui gère non seulement les acquis, mais qui prend des initiatives".  

Si ces deux leaders que sont Landing Savané et Djibo Kâ continuent de garder leur autonomie au sein de leurs partis respectifs, Me Mbaye Jacques Diop et le Professeur Iba Der Thiam sont, depuis un passé récent, dans le moule du Pds pour cause de fusion. Donc, leur candidat naturel sera forcément Me Wade. Leur rôle se limitera à battre campagne dans les rangs libéraux, surtout qu'ils ont beaucoup perdu de leur allant.

Mais aujourd'hui, c'est le Professeur Abdoulaye Bathily qui, même s'il est sans conteste dans l'opposition, pourrait participer à brouiller quelque peu les pistes de l'analyse politique. Tout porte à croire que Bathily, l'allié naturel de Wade, n'est pas tout à fait dans son assiette. Ecartelé qu'il est aujourd'hui entre Niasse et Tanor Dieng, anciens camarades socialistes qui, malgré le clash de 1999, ont pris le temps à côté de Dansokho, de repartir sur de nouvelles bases au sein du CPC et ensuite de la CPA. En outre, il passerait pour être l'opposant le plus redoutable face à Wade et il n'a pas tardé à le prouver. Conscient de cela, le Jallarbiste vient de rejoindre Niasse et Madior Diouf dans le camp des leaders qui ont choisi de démissionner de leurs postes de député à la fin de cette législature, ce 30 juin 2006. Du coup, Bathily se positionne à côté de Niasse comme un potentiel challengeur face au candidat de la majorité présidentielle en 2007, Me Wade. Mais, le patron des Jallarbistes ne jouerait-il pas le même rôle que Landing au niveau de la Cpa ? C'est-à-dire un candidat sans réel potentiel électoral. Et dans ce cas, Niasse est bien placé pour être le roi que Dansokho, Madior Diouf et Bathily vont introniser face à Me Wade.