BILAN 2007 - Le Ps invite le Président Wade à agir : L’année qui s’achève laisse le pays en pleine crise

La dernière réunion du Bureau politique du Parti socialiste a été une occasion pour les camarades de Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général de cette formation, d’anticiper sur le prochain message du Président Wade à la nation. Cela pour lui signifier quelles sont les véritables attentes des Sénégalais : la baisse des prix des denrées de première nécessité, le train de vie de l’Etat et le traitement de la situation du monde rural plongé, selon le Ps, dans une paupérisation sans précédent.

La Saint-Sylvestre donne au bureau politique du Parti socialiste (Ps) l’occasion de dresser le bilan de cette année 2007 qui s’achève. Et ce dernier est loin d’être positif. Pour les camarades de Tanor Dieng, 2007 «aura été, à tous points de vue, une année de crise». Cette crise, «multiforme et multisectorielle», serait le résultat de «la suffisance, de l’irresponsabilité et de l’incompétence du pouvoir». L’économie est touchée en premier chef, puisque le prix des denrées de première nécessité a augmenté à une vitesse vertigineuse, et le monde rural, déjà en crise, a connu cette année «une campagne agricole désastreuse et une campagne de commercialisation chaotique». Mais la politique n’est pas en reste dans l’état des lieux par le Bureau politique. Dans une «Déclaration sur les attentes des Sénégalais», rendue publique hier, le bureau politique du Ps dénonce une «panne» de la démocratie sénégalaise, de plus en plus victime de tendances «monarchisantes». Ces dérives se manifestent notamment par une rupture du dialogue politique et l’instrumentalisation des institutions, dont certaines sont d’ailleurs accusées d’être illégitimes. Le bureau politique du Ps note aussi une dégradation des valeurs avec comme corolaire un accroissement inquiétant du pouvoir de l’argent, de l’argent du pouvoir, de la corruption, ainsi qu’une perte de repère pour les jeunes, victimes du chômage et des défaillances du système éducatif ; des jeunes qui ne voient d’issue que dans des actes désespérés. Enfin, le Ps condamne la «gestion laxiste de la crise casamançaise», car convaincu que le processus de paix piétine, alors qu’assassinats et attaques à main armée sont toujours d’actualité.

Après l’énoncé de ce bilan, la «déclaration» demande à Me Wade de le prendre en compte lors du message qu’il adressera aux Sénégalais, à l’occasion de la nouvelle année, et qui ne devra pas se limiter à un «discours creux», ou à des promesses non tenues. Cette fois, le bureau politique du Ps met en garde contre toute langue de bois et invite le Président Wade à l’action. Il suggère, par exemple, des mesures de baisse des prix portant sur le riz, l’huile, la viande, le lait, le sucre, la farine, le gaz, l’électricité, le carburant et les soins de santé. Pour les rédacteurs de la déclaration, ces mesures peuvent aisément être financées par la diminution du train de vie de l’Etat, une lutte efficace contre la corruption et la suppression des agences et institutions «budgétivores». Les économies qui seraient ainsi réalisées pourraient également servir à remettre à flot le secteur industriel sénégalais, en particulier les Industries chimiques sénégalaises (Ics) et les activités de pêche, où des milliers d’emplois sont menacés.

En ce qui concerne le monde rural, où en plus d’une pauvreté récurrente, la famine est «annoncée par les experts et par les présidents de conseils ruraux (même ceux du pouvoir)», le Ps plaide pour une distribution de vivres et d’aliments de bétail, et pour une réévaluation de la subvention sur le prix de l’arachide. Quant à la question casamançaise, il faudra la régler en impliquant toutes les composantes de la nation.

Pour finir, le bureau politique du Ps invite le président de la République à régler les problèmes de son propre pays avant de se mêler de rétablir le dialogue politique en Afrique, et s’étonne de «sa subite propension à dresser des piquets de grève contre les Ape, après en avoir mené les négociations et après avoir été sourd aux appels de la société civile, des syndicats, du mouvement social, du patronat qui dénoncent depuis des années l’iniquité de ces accords». Et pour ce faire, les principaux membres du Ps invitent Abdoulaye Wade à accepter des concertations nationales pour «trouver des solutions globales, efficaces et durables à la crise actuelle et aboutir aux synergies nécessaires pour restaurer la confiance et l’espoir».