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Politique

COMMENTAIRE DU JOUR : Me Wade croit-il au suffrage universel ?

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COMMENTAIRE DU JOUR : Me Wade croit-il au suffrage universel ?

Me Wade a-t-il décrypté le message du peuple transmis par les urnes du 22 mars dernier ? L’a-t-il compris ? Cherche-t-il toujours à le défier comme il le fait depuis 2000, même si, souvent, il est obligé de battre sa coulpe et de reculer aussi spectaculairement qu’il a pris décision en portant au passage un coup de plus à l’autorité de l’Etat ? Aux questions bien politiques de bonne gouvernance clairement exposées, il donne réponses politiciennes.

Le peuple demande des routes, de quoi manger en abondance et en qualité à des prix que ses poches trouées par les crises mondiales et la conjoncture interne pourraient payer, des établissements publics d’enseignement dans le Supérieur comme dans le Moyen et le Primaire, des hôpitaux, dispensaires, cases de santé, des soins de santé de qualité et accessibles. Il exige d’être gouverné autrement, de voir le fruit de ses labeurs mieux distribué, justement rétribué et redistribué. De l’emploi pour ses fils qui prennent la mer las d’attendre une place qui se refuse à eux. Il veut un combat acharné contre la concussion, la corruption, la gabegie et le népotisme qui minent son économie, dérèglent sa société et hypothèquent l’avenir de ses enfants. En réponse, Me Wade lui propose de nouvelles institutions, notamment une vice-présidence dont on ne sait pas si elle sera comme le Sénat simplement nominative ou élective.

Depuis quand la loi fondamentale de notre pays permet-elle une discrimination même positive par le sexe ou la religion, pour l’occupation d’un poste électif ou nominatif ? Veut-on seulement remettre au goût du jour ce que les urnes du 22 mars dernier ont décidé de jeter à jamais dans les oubliettes : la succession « monarchique » que l’on avait cherchée à fourguer aux Sénégalais que l’on ne s’y prendrait pas autrement ? Me Wade croit-il au suffrage universel comme régulateur et comme seul moyen de dévolution démocratique du pouvoir en République ? Rien de moins sûr en observant la désinvolture avec laquelle, il traite le plus souvent le message électoral.

Au sortir de la présidentielle de 2007, faisant fi du fait que près de la moitié de l’électorat ne s’était pas retrouvée dans sa gouvernance ou avait décidé de la sanctionner, il s’en était vivement pris à ses adversaires. Moins de 30% d’électeurs s’étant rendus aux urnes aux législatives qui ont suivi. Cela ne lui dit rien du tout. A la limite, c’est la faute de ce Macky Sall, ex-ingrat n°2 du parti et de l’Etat, tête de liste qui, une fois à la tête de l’Assemblée nationale, n’a rien trouvé de mieux que de vouloir convoquer le fils pour l’auditer. Quel crime de lèse-majesté, heureusement puni comme il se doit par la défénestration de l’intéressé par une majorité... « mécaniquement » utile.

Me Wade a lui, sa majorité au Parlement aux deux chambres qui prennent journellement leurs ordres au palais et l’avouent sans fausse honte. Il pouvait dès lors « concocter » comme au laboratoire un scénario de succession. Que le 22 mars dernier, le peuple dise non à un tel schéma de dévolution du pouvoir au fils biologique, qu’à cela ne tienne, il suffit de changer de fusil d’épaule et de ramener la vice-présidence. Attendons de voir comment le peuple répliquera à cette nouvelle agression.

Le président de la République veut-il mettre par ailleurs dans son camp contre celui, porteur de brassards rouges qui l’a hué la campagne électorale durant et a voté « utilement » contre sa coalition le 22 mars dernier, les forces de sécurité du pays à qui il promet 15 ou 14000 nouveaux logements ?

On peut s’étonner en effet de ce regain d’intérêt pour les forces de sécurité et du thème de ce 4 avril : « Forces de défense et de sécurité au service de la diplomatie » au moment où les seuls messages et signaux clairs émanent du peuple souverain. Si l’on peut interpréter le rôle de l’armée en tant que « Force de défense », on ne peut s’empêcher de circonscrire cette force légalement armée à la seule défense de notre indépendance et à la défense de l’intégrité du territoire national. Il n’est pas du rôle de l’armée d’assurer la sécurité « politique » intérieure. Les missions de sécurité publique et du maintien de l’ordre, incombent aux forces de police qui sont censées garantir la tranquillité des citoyens, les protéger contre les agressions physiques, les vols, les détériorations et agressions diverses.

Les forces de la gendarmerie apportant leur soutien dans les domaines clairement définis par la loi, à cette mission régalienne de l’Etat. Pourquoi ne pas réfléchir à les impliquer davantage dans les missions de sécurité publique en banlieue par exemple ou encore en Casamance où la question du maintien de l’ordre est encore plus aigüe qu’ailleurs. L’armée quant à elle, ne compte dans ce domaine que pour la troisième roue de la charrette à n’utiliser qu’en cas de « catastrophe », de situations exceptionnellement… exceptionnelles comme des émeutes populaires qui débordent les forces de police et de gendarmerie par exemple.

Alors que signifie « Forces de défense et de sécurité au service de la diplomatie » ? Défendre les tenants du pouvoir contre vents et marrées ? Contre la volonté populaire si nécessaire ? Un simple toit comme prix à cette allégeance ? Honni soit qui mal y pense. Bien que Me Wade est dans sa bulle, lui qui nous déclare les yeux dans les yeux et avec aplomb : « le moins que l’on puisse dire est que l’avenir radieux pour ne pas dire illuminé… ». Paradoxal Wade qui pense demain, mais agit dans le passé.

Le fait d’agiter en outre encore, et en ce moment ci, la question du statut du chef de l’opposition semble ne viser qu’à divertir à nouveau et à diviser l’opposition en cassant la dynamique de la Coalition Benno Siggil Senegaal. Il est vrai que le chef de la Coalition Sopi 2009 et du Parti démocratique sénégalais (Pds) trouve alliés sûrs et efficaces au sein même de la coalition Benno Siggil Senegaal qui étale au grand dam de l’électorat qui avait misé sur son « Benno » (unité) pour contrer ce qui passait à ses yeux comme des visées monarchiques sur son Etat. Le peuple assiste en effet derechef à la guerre des places qui s’est faite jour au sein de Benno. N’empêche le projet présidentiel de diviser encore l’opposition risque de faire chou blanc comme les autres. Par forcément à cause de l’opposition, mais d’un peuple qui veut être simplement gouverné autrement.



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