Le Président Wade qui crée une Fondation de la renaissance africaine dont il décide de confier la présidence du Conseil d’administration à son fils, Karim ! Il n’y a rien de plus normal. C’est son droit de ne faire confiance qu’à son rejeton, parmi les six milliards d’habitants de la planète, pour gérer son bien personnel. L’idée est d’autant plus salutaire que la Fondation en question privilégie, dans ses missions, la construction de cases des tout-petits où les enfants, surtout ceux issus de familles de revenus modestes, pourront flirter avec les outils didactiques de leur âge pour se préparer aux cycles scolaires suivants. Mais, quand la Fondation de la renaissance africaine, esquissée par le chef de l’Etat, devra puiser ses ressources d’un bien public, ça fait désordre. La noblesse de l’idée vire ainsi au scandale, avant d’enfoncer les portes déjà ouvertes du détournement.
Car, Me Wade vient de confirmer l’information alors donnée par nos confrères de «La Gazette» au sujet de la propriété intellectuelle du Monument de la renaissance. 35% des recettes lui appartiennent au nom d’une prétendue propriété intellectuelle et 65% vont aux caisses de l’Etat. Ce partage décrété par Me Wade se met en marge de la logique morale. Comment un monument dont on n’a pas encore fini de s’interroger sur la pertinence et de s’offusquer de son montage financier, puisse servir à la réalisation de rêves d’une dynastie ? Quel est le mérite du chef de l’Etat pour prétendre à une part dans une infrastructure entièrement financée par les deniers publics. Et si ses prédécesseurs, Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, avaient adopté cette formule népotiste pour vendanger leurs idées ayant abouti à la réalisation d’édifices aujourd’hui pourvoyeurs de revenus ? Il y a de quoi s’émouvoir de cette décision de Me Wade qui met en doute la volonté toujours clamée de doter aux générations futures d’infrastructures adéquates. Mais l’érection du monument est loin d’être désintéressée.
En tout cas, par cette décision qu’on ne fustigera jamais assez, le chef de l’Etat ouvre la voix à des dérapages. Quelle sera sa position si demain un maire ou un ministre réclame sa part d’une infrastructure conçue à partir de son idée et réalisée par les fonds publics ? La jurisprudence Abdoulaye Wade sera vite convoquée pour justifier le bien-fondé d’une telle demande.
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