Des parlementaires qui ne ressentent nullement les effets de la crise, il y en a à l’Assemblée nationale. Le dernier renouvellement du bureau de l’institution n’y fait rien. La bourrasque a eu, certes, raison de certains proches de Macky Sall. Il en est ainsi de Mbaye Ndiaye et d’Aliou Sow, respectivement ex-vice-président et ex-président de la commission des Affaires étrangères. Mais, des privilégiés ont résisté. Ceux-là, de vrais cumulards, sont à la fois à l’Assemblée nationale et au Parlement de la Cedeao ou au Parlement panafricain.
Charité bien ordonnée commençant par soi-même, au rang des cumulards figure l’honorable président du groupe ‘Libéral et démocratique’ Doudou Wade. Ce dernier est parmi les six membres sénégalais du Parlement de la Cedeao. Idem pour le vice-président de ce groupe, en l’occurrence Me Abdoulaye Babou. Lui est député au Parlement africain. Le député-maire Bocar Sédikh Kane, heureux président de la commission des Affaires étrangères, siège également aux côtés de Me Babou. Voilà de gros veinards qui émargent à l’Assemblée nationale et aux parlements africains.
Le président Doudou Wade, considéré à tort ou à raison, comme celui qui régente tout à l’Assemblée nationale, empoche chaque mois au moins près de 2 millions de francs, bénéficie des 1 000 litres de carburant, d’une consommation de téléphone plafonnée à 500 mille francs, d’un secrétariat et d’un chauffeur. Le néo-libéral et ancien progressiste Me Babou plastronne au même standing. Quant au député Bocar Sédikh Kane, en plus d’être maire d’une des plus grandes villes du pays avec un traitement qui taquine, en principe le million, il ‘palpe’ quasiment le même salaire que son collègue, Me Babou. Des hommes heureux ? Sans doute ! D’autant que leur position de parlementaires à l’échelle du continent donne de l’épaisseur à leurs gains. En effet, dans ces institutions parlementaires, ces députés n’ont pas, certes, une rémunération mensuelle. Mais, chaque année, il y a deux sessions ordinaires qui durent au moins un mois. Des sessions extraordinaires sont prévues. Elles peuvent être convoquées par le tiers des membres. Là, le député bénéficie d’indemnités de session. A l’Assemblée nationale, impossible de se faire une idée du montant de cette indemnité. C’est l’omerta totale ! ‘Il n’y a que les intéressés qui peuvent vous renseigner’, lâche, dans l’anonymat, un député. Il semble, toutefois, que le montant du per diem empoché est de 200 000 F Cfa.
Ajoutez-y, pour un président de commission comme l’honorable Bocar Sédikh Kane, le million de francs mis chaque mois à sa disposition pour le ‘fonctionnement’ de sa commission et vous avez une idée de l’ampleur de la boulimie des cumulards. Car, il semble que des présidents de commission qui ne rendent pas compte de cette brique destinée au fonctionnement, il y en a. A l’évidence, il s’agit, ainsi, pour certains, d’injustice. Car, la purge faite au Parlement aurait pu être ‘moins cruelle si le partage avait été plus équitable’, avance le même député ayant requis l’anonymat.
C’est, en tout cas, suffisant pour se faire une idée des raisons de la levée de boucliers engagée par Me El Hadj Diouf et le député de Latmingué, El Hadj Malick Guèye. Eux qui sont convaincus que le président Doudou Wade, ‘cumulard’, est à l’origine du nouveau bureau de l’Assemblée. De plus, ceux qui s’agitent à Kolda contre l’éviction de l’ex-vice-président du groupe ‘Libéral et démocratique’ Amadou Ndiaye Lô auront, sans doute, la poitrine en feu. ‘A quoi bon débarquer le député Amadou Ndiaye Lô pour le faire remplacer par Me Babou qui a une planque au Parlement africain ?’ C’est le genre de questions qu’ils vont, sûrement, se poser. Mais, en fait, qui n’est pas cumulard dans nos institutions ?
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